Médias et terrorisme : à propos d’une interview de David Pujadas

Le 5 avril, le célèbre présentateur David Pujadas était interviewé par Pascale Clark sur France Inter dans l’émission « Comme on nous parle », au sujet du reportage Les infiltrés consacré à la pédophilie, programmé ce mardi sur France 2 et qui s’annonce comme un événement. Interrogé sur l’attitude qu’il adopterait s’il était informé de préparatifs pour commettre un attentat terroriste, il répondit : « ce serait aussi un sacré cas de conscience. » Question : était-ce simplement une façon d’exprimer la gravité du sujet ou bien une telle hypothèse lui poserait-elle vraiment un cas de conscience qui le ferait hésiter sur la conduite à tenir ? Tout ce que David Pujadas a répondu, admirablement, à Pascale Clark sur la pédophilie est pourtant transposable au terrorisme, qui vise les civils : le devoir d’assistance à personne en danger, la contrainte juridique de ne pas être complice d’un possible crime sont des impératifs. Ils doivent s’imposer au citoyen, même s’il y a tension pour un journaliste entre ces impératifs et la déontologie professionnelle. La pédophilie est révoltante et effarante. Le reportage de France 2 vise à souligner l’ampleur du phénomène et le sentiment d’impunité des auteurs. Mais ces caractéristiques valent pour le terrorisme, ses auteurs et ses commanditaires. Monsieur Pujadas s’attachera, espérons-le, à dissiper le plus vite possible, les interrogations que son propos a pu susciter. Quant à Pascale Clark, elle a un peu donné l’impression (fondée ou pas) que pour elle il y aurait vraiment cas de conscience, dans les deux cas. Comme si la primauté de la prévention d’actes pédophiles ou terroristes sur la légitime crainte de voir des journalistes transformés en “auxiliaires de police” n’était guère évidente. Huguette Chomski Magnis