La semaine qui vient de commencer marquera le 1er mois de notre confinement.
30 jours bientôt que toutes nos habitudes de travail, loisirs, déplacements, ont été complètement bouleversées avec une ampleur que nous n’aurions jamais imaginée il y a encore peu.
30 jours déjà à demeurer dans nos domiciles respectifs, ne pouvant plus nous déplacer que pour des très courtes distances et durant de très courts moments, principalement (mais pas uniquement) pour achats de 1ère nécessité et dans tous les cas avec une attestation dûment formatée.
30 jours à devoir réorganiser nos activités professionnelles par le biais des technologies numériques (là où cette possibilité existe) et à tenter de les concilier avec la vie de famille, désormais placée sous le signe de la promiscuité 24 h/24 h entre son conjoint(e) (lui aussi soumis(e) à la même contingence) et ses enfants privés de leur environnement scolaire.
30 jours à voir les flux d’actualité radio, TV, internet, etc…ne plus diffuser d’autres informations que les décomptes journaliers des victimes, en France comme ailleurs, les problèmes d’approvisionnement en masques et respirateurs, la question des tests et vaccins potentiels, les pertes et dégâts économiques causées par la pandémie dans des secteurs fortement ralentis voire totalement à l’arrêt (tourisme, restauration, etc.).
30 jours que se multiplient les manifestations de solidarité en tous genres, et dont la plus symbolique fut aussi la plus spontanée : les applaudissements à 20h00 sonnantes, aux fenêtres de leurs domiciles, que prodiguent les citoyens en signe de reconnaissance et de gratitude envers les personnels hospitaliers, première ligne de front dans ce combat contre la pandémie.
Comme l’a écrit le président de la Licra Mario Stasi dans une tribune datée du 02 avril 2020 (1),
« nous réalisons soudainement que la fraternité n’est pas délocalisable, que nos premiers (et premières !) de cordée sont soignants, infirmiers, médecins, brancardiers, pharmaciens, ouvriers, pompiers, policiers, gendarmes, livreurs, paysans, boulangers, salariés de la grande distribution, éboueurs et tous les soldats inconnus de cette drôle de guerre. Nous découvrons que sans leur mobilisation générale, sur le terrain, en bas de chez nous, nos vies, à l’arrière, seraient rendues tout simplement impossibles ».
Le Mouvement pour la Paix et contre le Terrorisme, dont les membres sont eux aussi bien plus proches des « petits troufions » que des « grands officiers généraux » de la société (pour reprendre la comparaison avec la période de la Grande Guerre), tient lui aussi à rendre hommage à toutes ces personnes sans lesquelles notre société aurait sombré dans un chaos que l’on ose à peine imaginer. De même, nous exprimons notre solidarité envers les familles et les proches de toutes les victimes du Covid-19, un soutien d’autant plus nécessaire que les mesures de confinement entravent le bon déroulement des obsèques.
Nous ne rentrerons dans les polémiques « politiciennes », attribuant des bons ou mauvais points à tel ou tel décideur, ou procédant à un bilan prématuré d’analyse des erreurs, des fautes de jugement, d’appréciation et d’anticipation face à ce virus. Il sera toujours temps, après, de faire les comptes.
Nous ne pouvons qu’espérons qu’une fois l’épreuve passée, la société du « jour d’après » conservera intacte les valeurs de liberté, égalité, fraternité, pluralité et laïcité et surtout que les pouvoirs publics comme les simples citoyens se montreront encore plus déterminés à les défendre.
L’attaque de Romain-Sur-Isère le samedi 04 avril a mis cruellement en lumière la permanence du danger terroriste lié au radicalisme islamo-djihadiste qui ne connaît ni trêve ni confinement ni compromis. De même, l’épidémie constitue une véritable source d’inspiration pour les officines complotistes toujours prompts à désigner des bouc-émissaires aux malheurs du monde.
L’idéologie terroriste y puise ainsi son « permis de tuer » envers ceux et celles qui ne correspondent pas à sa vision mortifère du monde. Ce sont là aussi des fléaux à combattre, un combat qui a débuté bien avant la pandémie.
En ce lundi de Pâques, le MPCT rappelle les noms de Julien Vinson et Thierry Nivon, les 2 victimes de l’attentat de Romain-Sur-Isère enterrés vendredi, arrachés à leurs familles et à leurs enfants à cause de ce fléau.
Comme l’ont été avant eux tant d’autres comme Mireille Knoll, Arnaud Beltrame …et Sarah Halimi en mémoire de laquelle nous aurions dû défiler le 05 avril dernier avec d’autres associations. Pour crier son nom, notre volonté de voir son assassin jugé, notre indignation d’avoir appris en décembre dernier que la Cour d’Appel de Paris l’avait déclaré « irresponsable pénalement ».
Demain marquera le terrible 6ème anniversaire de l’enlèvement des lycéennes de Chibok pour lesquelles le MPCT et le Collectif Contre le Terrorisme se sont mobilisés dès le 17 avril 2014. La mode Bring Back Our Girls est passée mais nous nous n’oublions pas les otages de Boko Haram et leurs familles, pas plus que nous n’oublions Sophie Pétronin.
Thomas DRESLER, responsable communication.
(1)