Tribune : islamisme, frérisme et petits renoncements

J’ai la grande tristesse de vous annoncer une nouvelle entendue à la radio ce matin :

La Sorbonne, la plus ancienne Université française, où j’ai eu tant de plaisir à faire mes études en toute liberté,
vient de reporter au 2 juin (1), et pour une raison de sécurité, la conférence que devait donner ce soir Florence Bergeaud- Blackler autour du livre qu’elle a publié en janvier 2023 avec une préface de Gilles Kepel : “Le frérisme et ses réseaux, l’enquête” , aux éditions Odile Jacob.

Cette chercheuse au CNRS travaille en effet depuis une trentaine d’années sur l’instrumentalisation politique de l’islam, sur les réseaux de l’islam politique et en particulier sur le plus secret d’entre eux: le frérisme où se retrouvent des jeunes musulmans diplômés et formés aux subtilités de l’entrisme 2.0 pour faire advenir la umma universelle et la loi qui va avec, sous le nom de charia.

Lors d’une visioconférence à laquelle certains d’entre nous ont participé, nous l’avons entendue reporter, avec les références précises qui caractérisent le véritable travail du chercheur, des recommandations données par les descendants des Frères musulmans en Europe et surtout en France.
Comme celle-ci:
« il est licite au musulman de vivre en pays non-musulman si sa mission est d’aider à instaurer l’islam sur la planète »

Déprogrammer cette conférence de Florence Bergeaud- Blackler pour une raison de sécurité,
c’est remettre en question la liberté académique par peur des représailles que pourraient exercer celles et ceux qui se sont donné pour mission d’instaurer l’islam sur la planète, c’est accomplir “un de ces petits renoncements qui tuent” (2) à l’endroit même où a été solennellement honorée la mémoire de Samuel Paty.

Je vous remercie pour votre attention

Eveline Caduc

Autrice et professeure honoraire des universités

(1) La conférence a d’abord été annulée. L’annonce de son report au 2 juin n’est intervenue qu’ensuite, après les nombreuses réactions de protestation et de solidarité avec la chercheuse.

(2) Référence au titre du livre publié à la Rentrée par Carine Azzopardi

Le 12 mai 2023