LE procès

Il  a débuté, ce long procès dont on a tant dit, à raison, qu’il est procès pour l’Histoire.

C’est de vie et de mort qu’il s’agit.

De vies individuelles et aussi de vie sociale, démocratique, politique, de liberté d’expression, de dignité, du refus de la soumission.

Essayons de ne jamais oublier les noms des 17 victimes assassinées les 7, 8 et 9 janvier !

7 janvier, Charlie Hebdo

-Frédéric Boisseau, 42 ans, employé dans l’immeuble
-Charb, 47 ans, dessinateur et directeur de la publication
-Franck Brinsolaro, 48 ans, policier, garde du corps de Charb
-Cabu, 76 ans, dessinateur
-Tignous, 57 ans, dessinateur
-Honoré, 73 ans, dessinateur
-Wolinski, 80 ans, dessinateur
-Bernard Maris, 68 ans, économiste et chroniqueur
-Mustapha Ourrad, 60 ans, correcteur
-Elsa Cayat, 54 ans, psychanalyste et chroniqueuse
-Michel Renaud, 69 ans, journaliste et grand voyageur
-Ahmed Merabet, 40 ans, policier

8 janvier, Montrouge

-Clarissa Jean-Philippe, policière municipale

9 janvier, Hyper Cacher

 -Philippe Braham
-Yohan Cohen
-Yoav Hattab
-François-Michel Saada

Aux familles de ces victimes s’ajoutent les rescapés.

Ceux du carnage de Charlie Hebdo sont très présents aux audiences.

L’imprimeur pris en  otage les  Frères Kouachi devrait aussi assister au procès.

En revanche peu de rescapés de la prise d’otages de l’Hypercacher viendront.

Beaucoup sont partis en Israël, quittant leur pays, où les Juifs sont depuis des années devenus des cibles abandonnées à une grande solitude.

3 ans avant Charlie Hebdo, lors des attaques djihadistes de mars 2012 à Toulouse et Montauban – 7 morts, 3 militaires, 3 enfants et un enseignant  à l’école juive Ozar Hatorah. Des enfants massacrés, parce que juifs … et si peu de personnes pour manifester leur indignation, pour dénoncer ces attentats …

Déjà on vit de doctes esprits, si soucieux de “ne pas stigmatiser”, parler de “loups solitaires”, “déséquilibrés”, tandis que certains chantaient les louanges de l’assassin sur les réseaux sociaux.

La solitude a aussi été  le lot de Charlie Hebdo depuis la publication des caricatures de Mahomet en 2006.

Au premier jour du procès le journal les republie fort justement.

Riss est bien le digne héritier de Charb.

Mais les anti-Charlie auraient-ils gagné ?

Les médias ne reproduisent pas cette une, ou très peu. Si la peur est compréhensible, le manque de solidarité est choquant.

Le sondage IFOP est tristement parlant :  il y a plus d’intolérance et de complaisance envers  le terrorisme au sein de la jeunesse que dans l’ensemble de la population. Près de la moitié des jeunes de moins de 25 ans estiment que Charlie n’aurait pas du publier les caricatures et un jeune sur 5 ne condamne pas les attentats de janvier !

Tel est le tableau pour la France, exposée au risque terroriste constant et à une insupportable insécurité que Monsieur Dupont Moretti a bien tort de minimiser.

Dans le monde, les attentats et autres exactions, enlèvements, assassinats commis par des islamistes font chaque jour des dizaines de morts. Impunément.

Le terrorisme ne relève de toutes façons pas du champ de compétence de la Cour Pénale Internationale, faute de définition universelle -et ce du fait de l’obstruction des pays de l’organisation de  la Coopération Islamique.

Le  prétendu délit de blasphème vaut condamnation à mort dans les régimes islamiques, si bien vus à l’ONU.  Des innocents sont assassinés ou croupissent en prison.

Alors, c’est aussi pour toutes ces victimes ignorées que le procès de Paris importe.

 

Même si, comme l’a dit  Zineb El Rhazoui,  les idéologues du djihad, qui appellent à commettre ces crimes contre l’humanité , manquent à la barre.

Leur procès à eux, Nuremberg de notre temps, reste à faire

Huguette Chomski Magnis

Coordinatrice du Collectif Contre le Terrorisme