Communiqué du MPCT : Sarah Halimi, quelle justice, quel respect des droits humains ?

Jeudi 19 décembre, la Cour d’Appel  de Pais a déclaré pénalement irresponsable l’assassin de Sarah Halimi. Le discernement de l’accusé aurait été aboli à la suite de la consommation de stupéfiants.

 

L’assassin tortionnaire échappe donc à la justice, alors que le Parquet de Paris avait demandé en juin dernier le renvoi de Kobili Traoré devant la cour d’assises pour meurtre à caractère antisémite.

 

Si  l’on ne commente pas la chose jugée, il doit être permis de commenter la chose non jugée !

 

Comment les proches de la victime d’un crime barbare pourraient-ils accepter l’absence de procès ?

 

Si, au lieu de subir un indicible calvaire avant d’être défenestrée dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, Sarah Halimi avait été victime d’un chauffard drogué, l’auteur de l’accident aurait été poursuivi pour homicide, avec la circonstance aggravante de consommation de stupéfiants.

 

En vérité, le martyre de Madame Halimi semble voué depuis le début à rester dans une sorte de  vide, trou noir sociétal, politique et judiciaire.

 

1 – La victime était juive, son meurtrier musulman fréquentait la mosquée Omar, réputée salafiste. Il a ponctué son attaque de cris “Allah Akbar”, récité des sourates du Coran et affirmé avoir tué le sheitan (Satan en arabe.)

On était alors en pleine campagne électorale et le consensus du silence politico-médiatique a prévalu “pour ne pas faire le jeu de…”

 

2 – Parce que la police appelée sur place estima être confrontée à un terroriste islamiste, elle demanda le renfort d’un brigade spécialisée, laquelle tarda à arriver.

Pendant la mise à mort de la malheureuse, les forces de sécurité ne sont donc pas intervenues.

 

3 – Bien que l’accusé n’ait pas eu d’antécédents psychiatriques mais de nombreuses condamnations pour délinquance et violence, c’est sa seule consommation de cannabis (pourtant habituelle chez lui) responsable d’un bouffée délirante aigüe qui fut retenue par la juge d’instruction, écartant ainsi les circonstances aggravantes de torture, actes de barbarie et antisémitisme. Fait rare dans les affaires de meurtre, elle s’opposa à organiser une reconstitution.

Sur l’abolition du discernement, il n’y a pas consensus des experts psychiatres, le premier ayant conclu à une simple altération.

 

4 – En tout état de cause, la prise de cannabis responsable d’une bouffée délirante n’aurait pu induire un assassinat spécifiquement antisémite si Traoré n’avait été imbibé du discours de haine de l’idéologie islamiste.

Qui jugera les prêcheurs de haine ?

 

5 – Les mesures de sureté dont la Cour d’Appel a assorti sa décision semblent dérisoires, rendant la récidive très possible. Elle a aussi ordonné une “hospitalisation complète” mais l’hôpital ne peut constituer une alternative à la prison pour un individu dont les médecins estiment aujourd’hui qu’il va bien.

 

 Les avocats des parties civiles qui dénoncent une décision scandaleuse  vont se pourvoir en cassation.

Ils peuvent s’appuyer sur un précédent : un arrêt de la cour d’appel de Dijon, validé en cassation, affirme qu’en l’absence de consensus des experts et de certitude quant à l’abolition du discernement, il ne saurait y avoir de non-lieu.

 

L’enjeu est capital : il ne doit pas y avoir de “Jurisprudence Sarah Halimi” assurant l’impunité  à des assassins pour peu qu’ils aient consommé des substances illicites !

Paris le 23 décembre 2019