Tribune : Le Conseil de l’ONU contre les droits humains

Le 25 février s’est ouvert à Genève la 40ème session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Son objet théorique est de “promouvoir et protéger les droits humains autour du globe”. En pratique c’est autre chose.

L’Iran à l’honneur

Le panel inaugural était tout un symbole : à la droite de Michelle Bachelet, Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, trônait la Vice Présidente de la République Islamique d’Iran, revêtue de son tchador. Elle commença son allocution par la formule ” Au nom d’Allah, le très clément, le très miséricordieux …”

Honorer le régime iranien était un encouragement de fait à sa politique de répression féroce. Quelques jours plus tard, on apprenait la condamnation de la courageuse avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, défenseure des femmes qui rejettent le port imposé du voile islamique, à une peine d’une extrême lourdeur – ce qui n’empêcha pas une autre instance onusienne, la Commission sur le Statut des Femmes, de nommer  l’Iran comme juge chargé d’examiner les plaintes des femmes contre les violations de leurs droits !

Les dictatures en paix, Israël au pilori

Pour le  Conseil des droits de l’homme, et pour l’ONU en règle générale, charbonnier est maître chez soi et on évite de demander des comptes aux dictatures.

Comme l’Iran, la  Turquie, le Qatar, le Yemen et la Russie ont pu affirmer tranquillement à Genève leur amour des droits de l’homme.

Aucun rapport n’est présenté à cette session sur la situation des droits humains en Turquie, au Pakistan, au Qatar ou au Venezuela.

En revanche 7 rapports sont consacrés à Israël. L’attention portée par le CDH à Israël est si singulière qu’une journée spéciale lui est rituellement consacrée, tous les autres rapports se contentant du cadre du débat général. Cette année c’est le 18 mars, quatre jours avant la clôture de la session.

Depuis 2006 Israël a fait l’objet de plus de condamnations que tous les autres pays réunis.  Traduction : les violations des droits humains les plus graves et les plus massives commises dans le monde sont ignorées ou minorées.

Les rapports  sur  la riposte israélienne aux “marches du retour”  sont entachés de parti pris, partant du postulat qu’Israël a visé des civils manifestant pacifiquement.

Le caractère agressif et violent de ces manifestations est gommé, leur planification par le Hamas et d’autres organisations terroristes de Gaza est occulté, la gravité des tentatives d’infiltration et d’invasion du territoire israélien n’est pas relevée, les attaques menées contre les populations civiles israéliennes par les tirs de roquettes et les incendies sont à peine mentionnées.

Sont délibérément ignorés l’utilisation cynique de la population civile de Gaza, enfants compris, comme boucliers humains et l’embrigadement massif de ces enfants, auxquels la haine des Juifs et le culte du “martyre” sont inculqués.

Bref, il n’y a aucun effort d’objectivité. De fait, ce déluge de rapports à charge constitue un appendice aux attaques planifiées par le Hamas et un encouragement à les poursuivre. C’est la cerise onusienne sur le gâteau de la propagande d’organisations terroristes.

Très choquant ? Oui, mais pas étonnant.

 Le CDH et le terrorisme

La défense des victimes du terrorisme, la condamnation de leurs agresseurs ne sont pas des priorités au CDH. Aucun rapporteur spécial n’a été nommé   pour enquêter sur le respect des droits humains de ces victimes. Le grand souci du CDH est “la promotion et la protection des droits humains dans le contexte de la lutte anti – terroriste.”

Ce souci est a priori légitime, les dictatures accusant volontiers de terrorisme d’authentiques défenseurs des droits humains.

En pratique , la France faisait partie des pays examinés cette année par la rapporteure spéciale, Madame Ni Aolain.

Celle-ci n’a pas épargné ses critiques.

Elle voit dans le délit d’apologie du terrorisme un danger pour la liberté d’expression, en particulier concernant les mineurs, et demande que soit établie une claire distinction entre d’une part la pensée, l’idéologie ” radicale” et d’autre part la “radicalisation” violente.

Elle critique l’association de l’Islam au terrorisme, s’oppose à la stigmatisation d’une communauté, déplore que l’emphase ait été mise sur la radicalisation islamique, s’inquiète de la fermeture de mosquées et de la criminalisation des prières de rue, appelle la France à protéger la liberté religieuse individuelle et collective. Elle s’alarme des incidents anti musulmans qui ont suivi les attentats.

Enfin elle invite la France à se préoccuper du sort de ses nationaux partis combattre à l’étranger et des risques qu’ils encourent dans des zones de non droit, pressant les autorités de rapatrier d’urgence leurs enfants et de mettre en place un programme de réhabilitation et de réintégration.

Certaines de ses préoccupation sont légitimes mais la rapporteure spéciale ne partage ni ne comprend la volonté de résistance qui émerge dans une France balisée par les crimes de Merah, Charlie Hebdo, le Bataclan et Condé sur Sarthe !

Ses critiques ont hélas été confortées par  l’intervention de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme française qui s’éleva contre ” la stigmatisation d’une certaine minorité religieuse” déplorant le recours excessif à la notion de laïcité !

L’accusation de stigmatisation d’une religion est purement imaginaire, sauf à dénoncer le fait qu’après des années de déni, les autorités françaises aient  enfin désigné la nature islamiste du terrorisme qui a meurtri la population de notre pays !

Le cadre du CDH est décidément malsain.

Dès 2008, alertée par Jean-Claude Buhrer, Malka Marcovich (1), Bernice Dubois, Fodé Sylla et quelques autres, la LICRA dénonçait le CDH dans un texte collectif signé par  Elisabeth Badinter et Elie Wiesel, lui reprochant d’être devenu ” une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs.”

Le rappeler est un minimum. Le dénoncer est un devoir.

Huguette Chomski Magnis,

Secrétaire générale du MPCT

(1) “Les Nations désUnies, comment l’ONU enterre les droits de l’homme” préface d’Elisabeth de Fontenay, 2008, éditions Jacob Duvernet.