Tribune : De sang et de larmes

[Cette tribune a été rédigée hier 23 mars par notre représentant à la Réunion, Eric Wagner. Depuis, le lieutenant-colonel de gendarmerie grièvement blessé,Arnaud Beltrame est décédé, héros qui a donné sa vie pour sauver celles des autres.] Une goutte de plus, une goutte de trop…Et cette goutte-là fait déborder le vase. Bien plein, trop plein de nos insuffisantes indignations.Celui de sang et de larmes.Celui que depuis 2012 (mais pour certains Français bien avant, des années 50 aux années 90) nos terroristes assassins ne cessent de remplir.Par conséquent, comme des millions de nos concitoyens, aujourd’hui je suis froide colère. Très froide….S’il s’agissait jusqu’à ce vendredi de se demander « quand et où » le prochain attentat en France, plutôt que de s’enfermer dans le confort de se croire en sécurité telle l’autruche la tête plantée dans le sable, maintenant nous savons…Le jour : ce vendredi 23 mars 2018.Le lieu : à Carcassonne et à Trèbes, dans l’Aude.Le nombre de victimes innocentes : 3 au-moins, et de nombreux blessés.Le nom de l’assassin : Redouane Lakdim. 25 ans.Pour lequel, comme la grande majorité des autres avant lui, vous connaissez l’insupportable refrain pour les familles des victimes « fiché S et fortement connu des forces de Police » !La même idéologie fasciste mortifère de volonté de conquête planétaire : le djihadisme islamique.Mais jusqu’à quand lorsque dans le même temps nous nous détournons de l’essentiel le plus souvent dans notre société du relativisme en marche?Jusqu’au terrassement complet de la bête immonde !Ici, partout.Et si elle se revendique, si elle s’affiche ostensiblement, également elle se tapit dans les tréfonds de l’âme de ses contemplateurs/adorateurs d’où il faudra également l’extirper.Jusqu’à l’ultime goutte.Et si nous devons mobiliser nos capacités de résistance et de résilience, elles n’y suffiront pas si elles le sont dans un syndrome de « Munich »dont les 80 ans vont bientôt sonner (septembre 1938) et dont l’espritnous hante encore guidant inconsciemment nos pas.Car si elles sont très importantes, toutefois nos minutes de silence, nosbougies, nos hymnes à l’Amour universel, nos poèmes, peluches et autressempiternels poncifs ne suffiront pas à terrasser nos ennemis, qui semettent par leurs actes à la marge de l’humanité, et insuffisantes pourmobiliser nos capacités de résistance, de lutte, « à la vie, à la mort » dansle terrible défi mortel qui nous est imposé sur le temps long.Et si relever ce défi, pour vaincre, est la mission de nos forces de l’ordre,de nos forces armées, de nos services de renseignements, de l’Etat, ellel’est aussi la nôtre car nous sommes tout cela à la fois parce que noussommes la France, celles des héritiers des poilus de 1914-1918.{{Alors, saluons leur courage, leur abnégation et armons nous du mêmecourage que le lieutenant-colonel de gendarmerie grièvement blessé,Arnaud Beltrame, véritable héros qu’il n’a pas cherché à être mais que sonhonneur l’a amené à devenir.}}Comme il en fut de ceux du train Thalys le 21/08/2015 face au terroristede 25 ans Ayoub El Khazzani comme de tant d’autres anonymes.Avons-nous d’autres multiples choix que cette culture-là ?Eric-Hubert Wagner membre du Mouvement pour la Paix et Contre leTerrorisme (MPCT), le 23 mars 2018.