Pour Sarah, refuser le silence

{{Nous avons reçu le témoignage reproduit ci-dessous, écrit par une amie qui connaissait Lucie Sarah Halimi.}}Qui est-ce, demandera le plus grand nombre ? C’est bien là le problème : bien peu de gens ont entendu parler de cette malheureuse femme défenestrée en pleine nuit par un voisin le 4 avril ! Le silence sur ce crime est troublant.Madame Halimi avait-elle vraiment été harcelée et traitée de “sale juive” par celui qui a fini par assassiner ? S’il ne s’agit que de rumeurs, il faut les démentir. Garder le silence, même avec de “bonnes intentions”, pour “ne pas jeter de l’huile sur le feu”, n’est pas tolérable.{{Pour Sarah}}{Depuis trois semaines, chaque minute de silence me ramène à toi, Sarah. Les premières nuits dans le silence de mon lit, je t’imaginais. J’imaginais ta frayeur quand tu l’as entendu briser les carreaux. Dormais-tu ? Avais-tu entendu les cris, la dispute familiale dans l’appartement d’un étage en-dessous ? Avais-tu entendu la sirène de la voiture de police que les voisins avaient appelée ? Mais c’est sûr que tu as entendu le fracas des carreaux brisés. Ta frayeur quand cet homme s’est approché de toi. Tu l’as reconnu. Il t’avait déjà insultée plusieurs fois. As-tu eu le temps de voir qu’il était sous l’emprise de la drogue ? Il s’est approché de toi, violemment. Il t’a frappée, sauvagement. Tes cris n’ont pas fait venir les policiers qui étaient en bas et qui avaient appelé le RAID parce qu’ils avaient peur et ne voulaient pas intervenir. Puis il t’a prise à bras le corps. Sans doute tu as encore crié. Tu l’as supplié de te laisser en vie. Mais sa haine était la plus forte. Il t’a défenestrée. Tu t’es écrasée au sol, du troisième étage.L’image de ta souffrance me hante. Je n’ai appris ton assassinat que trois jours après par un site juif. Pas un mot dans aucun journal. Sur aucune chaine de télévision. Un silence qui fait mal. Un silence qui encourage le meurtre. On peut tuer du Juif en toute impunité. Personne ne le sait. Personne n’en parle.Quoi écrire après cela. Ma douleur. La douleur et l’inquiétude de toute une communauté.Hadassah Miryam}