Terrorisme, une justice en panne ?

L’attentat de la rue des Rosiers, attribué au « Fatah conseil révolutionnaire » d’Abou Nidal , avait été perpétré par un commando le 9 août 1982. Visant le restaurant juif Goldenberg, il fit 6 morts et 22 blessés. En novembre 2011, suite aux témoignages d’anciens membres de l’organisation , 2 individus du commando, réfugiés en Jordanie ont été reconnus comme auteurs de la fusillade par le juge anti-terroriste Marc Trévidic. En février 2015, 3 autres personnes ont été identifiées pour leur participation à cet attentat et des mandats d’arrêt internationaux ont été lancés à leur encontre par le juge. Zouhair Mouhamad Hassan Khalid Al-Abassi, alias Amjad Atta, 62 ans, le cerveau présumé de l’attentat, a été interpellé en Jordanie le 1° juin, puis libéré sous caution en attendant de statuer sur la demande d’extradition. Les deux autres sont Mahmoud Khader Abed Adra, alias Hicham Harb, 59 ans, qui vit à Ramallah en Cisjordanie, et Khader Abed Adra, alias Souhail Othman, 56 ans, naturalisé qui vit en Norvège.Ils ont peu de chance d’être inquiétés. En effet, l’Autorité Palestinienne a un double langage vis à vis du terrorisme. D’un côté elle condamne ces actes, de l’autre, elle verse de l’argent aux familles des terroristes et les considère comme des héros. Dans ces conditions, extrader Mahmoud Khader Abed Adra pour le remettre aux autorités françaises n’est même pas envisageable. Quant à la Norvège, il n’y a pas de disposition juridique permettant d’extrader un citoyen norvégien. De plus, l’attentat datant de 1982 serait couvert par la prescription, la loi votée contre la prescription des actes terroristes en 2013 étant sans effet rétroactif. Toutefois, il reste un mince espoir. La justice norvégienne pourrait retirer la nationalité de Khader Abed Adra suite à certains de ses comportements – bagarre, violences conjugales, toxicomanie -, rapportés par la presse locale. Le progrès de l’enquête, preuve que juges et policiers n’ont pas oublié les victimes, donne satisfaction à leurs familles. Cependant, nous devons nous interroger : la justice serait-elle en panne? Le terrorisme visant principalement la population civile tue chaque jour dans le monde entier. Il incombe donc à la communauté internationale de défendre les droits de l’homme universels dont le droit à la vie et le droit à la justice. Elle doit donc agir et réagir afin d’adapter le droit international et l’arsenal judiciaire pour que les auteurs des attentats puissent être réellement traduits en justice. C’est à ce prix là que le mot justice aura vraiment un sens. Edith Pollatsek