Afghanistan : le terrorisme pour réponse au compromis avec les taliban

Comment ne pas être frappés par le “timing” ? Au lendemain de la Conférence de Bonn sur l’avenir de l’Afghanistan, les attentats sanglants qui ont visé la minorité chiite pendant les fêtes de l’Achoura tracent le programme islamiste : semer la mort et la terreur. L’attentat “suicide” de Kaboul a tué 63 personnes dans un sanctuaire chiite et fait 150 blessés. Beaucoup de femmes et d’enfants figurent parmi les victimes. C’est la première fois qu’un attentat de masse est perpétré en Afghanistan pendant une fête religieuse aussi importante. Simultanément, à Mazaar-e-Sharif, quatre personnes ont été tuées et 17 blessées par un attentat “suicide” près d’un sanctuaire chiite.Le lendemain, 19 civils, dont 7 femmes et 5 enfants, ont été tués au passage de leur minibus dans le sud du pays. Les taliban ont vertueusement “condamné” l’attaque de Kaboul comme “contraire à l’Islam” mais il serait d’une grave naïveté d’accorder le moindre crédit à leur communiqué. Le Pakistan qui avait boycotté la Conférence de Bonn, rejette les accusations d’Hamid Karzaï. Celui-ci, contraint de rentrer dare-dare au pays, a attribué ces attentats à des groupes pakistanais plus ou moins liés au TTP (principal mouvement des taliban pakistanais) et il demande à Islamabad de “prendre des mesures pour que justice soit rendue”. Quant au Conseil de Sécurité de l’ONU, il a condamné les attentats du 6 décembre, appelant le gouvernement d’Afghanistan à “traduire les responsables en justice” et réaffirmé que le terrorisme “dans toutes ses formes et manifestations constitue l’une des menaces les plus sérieuses à la paix et à la sécurité internationale” et que “tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable quelle que soit la motivation, quel que soit le moment, l’endroit et commis par qui que ce soit”.Belles paroles, qui masquent mal la réalité : l’impuissance routinière de l’ONU face au terrorisme. Surfant sur la lame de fond qui porte plusieurs partis islamistes au pouvoir dans des pays où les anciennes dictatures s’effondrent, taliban et autres terroristes se sentent sans doute en position de mener la danse en Afghanistan. Et c’est une danse macabre, pour les femmes, les enfants, les démocrates et pour tous les civils afghans.Huguette Chomski MagnisSecrétaire Générale du MPCT