Paris 11 septembre 2011 : l’allocution de Richard Rossin

{Cette allocution est disponible sur you tube} : http://www.youtube.com/watch?v=GCZJ7B0S-oM-Dix ans déjà… Dix ans qu’a eu lieu l’attentat le plus meurtrier. Dans notre combat nous avons pris le 11 septembre pour symbole non parce qu’il a lieu à New York mais justement pour cette raison-là qu’il fut le plus meurtrier ; les terroristes, eux, avaient choisis New York pour symbole. Et il y eut plus de mille morts de plus, ce jour-là, qu’à Pearl Harbour le 7 décembre 1941.Les terroristes connaissent leur pouvoir de nuisance ; nous nous souvenons des Haschischins (dirigés par le Vieux de la Montagne d’Alamut) et nous nous souvenons de l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 lequel a provoqué le premier grand carnage du XXème siècle.-Pour un démocrate, comme écrivait Camus, il n’est pas de cause qui ne soit déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente… Dans la litanie que vous entendez, nous tentons de redonner leur nom aux victimes. Une lutte contre l’indifférence et l’oubli. Que les hommes sachent et que les terroristes portent à tout jamais en tache ces noms ! Le terrorisme c’est l’anti démocratie ! Le terrorisme c’est vouloir empêcher quiconque de s’exprimer. Les cimetières sont des lieux de silence, les cimetières coupent la parole. Les terroristes veulent simplement interdire qu’on ne pense pas comme eux. Et je rappelle ici comme tous les ans, inlassablement en cette ère du terrorisme islamiste, que la quasi-totalité des victimes de ces assassins sont musulmanes. Musulmanes et anonymes.-Et il est des intellectuels, des gens de plume, pour expliquer et finalement justifier ces crimes. Ainsi, dans leur désintérêt voire leur mépris pour les victimes, ils sont des suppôts des antis démocrates. Ils portent une lourde responsabilité et leurs sophismes au loin les suivront dans les poubelles de l’Histoire avec leurs indignations chloroformées, irraisonnées et déraisonnables. Ceux-là, si cultivés ont oublié Nietzsche «Nul ne ment autant qu’un homme indigné », et Paul Valéry « Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion » et encore Voltaire qui, s’il avait dit que « Nul n’a le privilège de toujours se tromper », avait tracé sa ligne : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Jusqu’à ma mort, pas celle de l’anonyme, et pour le droit de dire, pas celui d’assassiner.Il n’est qu’une Cause, in fine, c’est celle de l’universel humain et sa lutte contre l’inhumain.-A côté de ces compagnons de route de l’anti démocratie il y a d’abord les indifférents. L’indifférence au prochain, le prochain toujours loin, est aussi, en la matière, indifférence à son propre sort. C’est bien là le plus grave, cette indifférence. Elle expose à notre disparition. L’indifférent à son propre sort n’a aucune raison de subsister ; c’est la victoire annoncée des radicaux, des fondamentalistes, des activistes assassins. Albert Einstein avait un côté visionnaire : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » ou encore Rousseau : « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs »… « même à ses devoirs ».-Et il y a enfin les hommes au pouvoir, régulièrement confronté au dialogue avec des preneurs d’otages et forcément enclins à libérer des assassins pour récupérer leurs nationaux. C’est une deuxième victoire pour les tueurs qui portent la terreur mais jamais la responsabilité de celle-ci. Leur mot d’ordre est faisons la guerre et plaçons-nous en victime quand nous la perdons ! Jamais de responsabilité, la responsabilité vient de l’au-delà. Nos politiciens sont d’autant plus disposés à cette faiblesse libératoire que les thuriféraires des terroristes sont toujours attentifs aux libérations d’otages quel qu’en soit le coût et parce qu’ils sont en manque d’idéologie ; le péruvien prix Nobel de littérature 2010, Mario Vargas-Llosa l’avait bien analysé : « le fondamentalisme islamique avait remplacé le communisme comme principal ennemi de la démocratie ».-Ici, nous sommes le pays européen qui a connu de loin le plus d’attentats islamistes en trente ans et assourdis par le bruit des bombes, nous restons sourds.Bien sûr, à la marge de la multitude des attentats islamistes, il y eut aussi l’épouvantable attentat d’Utoya qui a fait couler beaucoup d’encre ; je n’ai pas lu comme on le lit habituellement pour les autres terroristes que Breivik avait choisi l’arme du pauvre ou l’arme du désespéré… et c’est tant mieux. Il n’y aura surement pas d’école ou de centre de loisir à son nom et c’est tant mieux encore. Enfin une condamnation universelle.Pour en revenir à nos politiciens, nous proposons au MPCT de leur retirer cette épine du pied, d’être en capacité de pouvoir libérer des terroristes condamnés et emprisonnés comme Al Magrehi, ce libyen responsable de l’attentat de Lockerbie élargit en 2009 et dont la phase terminale du cancer prostatique ne cesse depuis de se prolonger jusque dans les manifestations pro-Kadhafi de Tripoli aujourd’hui… Nous proposons de qualifier le terrorisme crime contre l’humanité, imprescriptible et non amnistiable pour quelque raison que ce soit.Pour terminer ces nombreuses citations du monde entier témoignant de l’universalité et de la pérennité du problème, je veux vous rappeler encore Fun-Chang, ce penseur chinois du 3ème siècle avant JC, « Une partie importante de la sagesse et de la connaissance consiste à ne plus vouloir transformer les gens en ce qu’ils ne sont pas, mais à accepter ce qu’ils sont » et vous remémorer le Général de La Fayette : « Pour que vive la liberté, il faudra toujours que des hommes se lèvent et secouent l’indifférence ou la résignation ».Paris le 11 septembre 2011 Richard Rossin, Président du MPCT