Tribune : Dialoguer avec le Hamas ?

Le serpent de mer de la reconnaissance du Hamas a encore réapparu. Et cette fois il pourrait bien sortir de l’eau. Au printemps 2008, c’était l’ancien ambassadeur Yves Aubin de la Messuzière qui avait rencontré les responsables du Hamas. Aujourd’hui c’est le sénateur Philippe Marini, auteur d’un rapport sur la diplomatie française au Proche-Orient remis au Président de la République, qui se prononce pour l’établissement de liens avec ce mouvement. Le sénateur disserte sur la nature “complexe” du Hamas avec “une tête militaire et une tête politique” ? Complexe ? Voire. Mais laquelle des deux têtes décide du contenu des émissions enfantines de la télévision du Hamas ? On y incite les tout-petits à chasser tous les Juifs de Palestine (NDLR : de la Méditerranée au Jourdain, la charte du Hamas refusant catégoriquement le plan de partage de la Palestine de l’ONU en un état juif et un état arabe) et à les égorger s’ils refusent de partir. Laquelle de ces têtes est responsable du tir de roquettes sur les zones d’habitation israéliennes ? Laquelle de ces têtes interdit à l’otage Guilad Shalit de recevoir la visite de la Croix-Rouge ? Le journal “Le Figaro” a titré son article consacré au sujet : {“Paris réfléchit à l’ouverture de contacts avec le Hamas”} Et de fait, la réponse donnée à la presse par le Porte-parole du Quai d’Orsay laisse perplexe : {“Bernard Kouchner l’a déclaré, nous serons disposés à entretenir un tel dialogue lorsque ce mouvement acceptera les principes du processus de paix.”} Une vague référence à un processus de paix est-elle assez explicite ? Mieux vaudrait réaffirmer des principes clairs. Ce n’est pas arbitrairement que le Hamas, organisation islamiste, branche palestinienne des Frères Musulmans, est classé organisation terroriste par l’Union Européenne et les États-Unis. Il l’est pour sa longue pratique terroriste, pour avoir revendiqué d’innombrables attentats “suicides” visant des civils. {{L’enjeu dépasse largement le conflit du Proche-Orient.}} Le terrorisme est devenu un fléau mondial dont la condamnation ne peut souffrir d’exceptions. Légitimer le Hamas constituerait un encouragement de fait à d’autres groupes à poursuivre, voire même à engager, un terrorisme politiquement payant. Et quelle légitimité aurait la France à pourchasser les terroristes de l’ETA si elle dialoguait avec une organisation terroriste ? {{Aussi il serait sage de fixer des préalables clairs avant d’engager un tel dialogue.}} Ce pourrait être par exemple : -l’arrêt définitif des tirs de roquettes, lancées sur les zones civiles israéliennes à partir de zones civiles palestiniennes. -l’arrêt de la contrebande d’armes.-la libération sans conditions de l’otage Guilad Shalit- l’acceptation que les responsables des attentats qui ont visé des civils soient jugés, condamnés et emprisonnés. -l’arrêt de l’embrigadement des enfants et de l’enseignement de la haine (écoles, camps d’endoctrinement, émissions enfantines …)-l’engagement à expurger la Charte du Hamas de l’appel au meurtre des Juifs qu’il contient. Victoria Wilson