{{L’attentat du Caire a vite été relégué derrière les autres nouvelles.}} Une déclaration présidentielle et, paraît-il, un accueil ministériel des rescapés. Et puis ? Rien d’autre. On chercherait en vain les réactions des différents partis politiques, syndicats, ONG. Pourtant, ce qui s’est passé est monstrueux ! Une lycéenne a été tuée, des enfants de 11 à 17 ans ont été frappés, traumatisés. Des Français sont victimes du terrorisme, en même temps que des Egyptiens et des touristes d’autres nationalités. Une ville de la région parisiennes est touchée en plein cœur par cet attentat.Si un lycéen avait été victime d’une « bavure » policière, on manifesterait, non sans raison. Mais là ? Rien. Deux communiqués seulement : celui, immédiat de notre mouvement et celui du Collectif des Familles du DC 10 d’UTA, membre du réseau européen des victimes du terrorisme. Bien sûr, il y a les commentaire des spécialistes. Sur France Inter, un commentateur cherche aussitôt des pistes : la colère contre Moubarak qui n’a pas soutenu les Palestiniens de Gaza, la victoire électorale du faucon Netanyahu en Israël. A la recherche de l’explication providentielle …On relève qu’il ne s’agit que d’une bombe artisanale. Certes l’Egypte a connu plus grand carnage.Mais bombes comme roquettes, même « artisanales », elles sont meurtrières ! Par la suite, les commentaires insistent surtout sur le coup économique porté à l’Egypte dont le tourisme est la principale activité. C’est vrai bien sûr mais est-ce le plus important alors qu’une famille pleure sa fille de 17 ans ? Et puis l’objectif du terrorisme islamiste ne se limite pas à la ruine économique d’un pays. Il s’agit de détruire les échanges humains, de saper la communication entre les peuples en s’attaquant par la terreur à ces voyages qui sont censés former la jeunesse.Non, le terrorisme n’intéresse pas vraiment les médias.{{Une anecdote me laisse perplexe. La voici :}}Notre communiqué suscite peu de réactions mais une radio de la région parisienne nous contacte. Dans le passé, elle nous a donné la parole avec beaucoup de gentillesse. Cette fois c’est différent.{Un nouveau journaliste me fait vite comprendre qu’il cherche du solide, pas un minus habens comme moi, pour un débat sur l’attentat du Caire avec un spécialiste de l’IRIS .}Problème : nous ne sommes pas et ne prétendons pas être des spécialistes de géopolitique Nous sommes une association citoyenne qui veut que la société civile se mobilise contre le terrorisme et à ce titre nous réclamons la parole. {Ah, mais de quel terrorisme s’agit-il ? Est-ce que nous condamnons le terrorisme d’état ?}J’ai envie de répondre qu’il s‘agit du terrorisme qui jette des bombes sur des gamines dans le Vieux Caire. J’explique que nous ne voulons pas qu’on brouille le message : si un état est accusé, à tort ou à raison, de ce qui est souvent qualifié de « terrorisme d’état » cela correspond en fait en droit international aux définitions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Par contre le terrorisme, l’ attentat commis par des groupes non étatiques, visant des civils, échappe totalement, lui, à la justice internationale.{Ah mais qu’est-ce que je pense de Guantanamo, de l’invasion de l’Irak, de l’Afghanistan ?} Je réponds que nous sommes le Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme, pas le mouvement pour la guerre mais que je veux parler de l’attentat du Caire dont les médias parlent peu. {Ah mais, me répond-il , soudain critique, les médias on peu parlé de Gaza. ( Il voulait peut-être dire du Sri Lanka) .} {Pour bien me faire prendre conscience de la complexité du sujet, il ajoute que les résistants commettaient des actes terroristes pendant la seconde guerre mondiale.}Là, je m’indigne car les résistants ne sont jamais allés faire exploser des femmes et des enfants allemands. J’insiste sur le principe de distinction entre civils et militaires, au fondement du droit humanitaire. Peut-il l’ignorer ? M’entend-il ? L’entretien s’achève.Il n’a pas été discourtois mais il me laisse un grand malaise. J’ai un peu l’impression d’avoir été mise à l’index. Huguette Chomski Magnis.