Extraits de la Conférence internationale “Le terrorisme contre les droits humains universels Contributions de Richard Rossin, Maria Lozano et Arnold Roth

Extraits de la Conférence internationale “Le terrorisme contre les droits humains universels” (V) : Contributions de Richard Rossin, Maria Lozano et Arnold RothNous continuons à rendre compte de la Conférence du 23 novembre 2008 avec des contributions marquantes de la table ronde “Des victimes prennent la parole”. (1)Après l’introduction de son Président, notre ami Richard Rossin, médecin, écrivain et militant humanitaire, nous publions l’allocution de Maria Lozano, Présidente du Réseau Européen des Victimes du Terrorisme (European Network of Victims of the Terrorism)Ce Réseau, soutenu par la Commission Européenne et représenté en France par le Collectif des Familles du DC 10 d’UTA, a invité le MPCT à s’associer à lui. Notre mouvement sera ainsi représenté le 11 mars prochain aux cérémonies du 5° anniversaire des attentats de Madrid dans le cadre de la Journée européenne des victimes du terrorisme. Mais nous ne limitons pas au cadre européen et, à défaut de pouvoir encore rencontrer nos amis argentins, nous avons été particulièrement fiers d’accueillir à nouveau nos partenaires algérienne et israélien, co-fondateurs de l’Alliance Internationale Contre le Terrorisme : la courageuse Cherifa Kheddar, Présidente de Djazairouna, association des familles de victimes du terrorisme islamiste et Arnold Roth, le très digne et pugnace Président de Keren Malki. Tous deux ont été frappés directement par des terroristes qui leur ont ravis des proches. Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité du discours d’Arnold Roth. Sa fille Malki avait 15 ans lorsqu’elle fut tuée dans l’attentat de la pizzeria Sberro à Jérusalem. (1) Victimes d’une panne technique, nous ne disposons malheureusement pas de l’enregistrement de l’ensemble des travaux de la conférence. Aussi nous sommes en mesure de publier seulement les textes des intervenants qui ont eu l’amabilité de nous les communiquer. ___________________________________________________________________________________ Richard Rossin L’humanité s’est dotée à trois reprises d’une description des droits humains universels; ils définissent et la liberté individuelle et l’altérité, aboutissant à ce truisme qui est que la liberté de l’un s’arrête à la liberté de l’autre. Rien de plus simple. Rien de plus nécessaire non plus à la construction de la moindre société humaine un peu vivable. L’enfer c’est les autres, comme disait Sartre, pur autant que ces autres ne respectent pas leur co-bipèdes. Camus renchérissait en affirmant qu’il n’est de cause respectable qui ne respecte le passant anonyme. Pour une fois les deux philosophes français nobélisés du XXème siècle étaient d’accord. Le terrorisme est liberticide et de ce point de vue il gagne ! Il gagne une guerre à nos valeurs, à la Paix et à la Liberté. Qui n’a vu des militaires en armes dans nos gares et dans le métro ? Les policiers devant les écoles ? Qui n’a subi de fouille dans les aéroports ? Premières atteintes aux facilités de circuler et au sentiment de sécurité si importants dans une démocratie dont le paradoxe est de laisser toute latitude à ses ennemis. Le terrorisme gagne la guerre à la liberté de penser et de s’exprimer. Cette guerre nous la perdrons parce que nous sommes des utopistes !! Nous sommes des utopistes parce que nous nous sommes laissé aller à croire que la Liberté, la Paix, la Justice et la Démocratie sont des valeurs en soi qui devraient s’imposer d’elles-mêmes. Et bien, non, ces valeurs sont des biens qui ont été acquis de haute lutte !! Voltaire disait que même s’il n’est pas d’accord avec vous il se battrait pour que vous puissiez vous exprimer. Le terroriste n’est pas seulement celui qui mutile et massacre aveuglément au nom de son aveuglément, c’est aussi celui qui coupe la parole. Et nous, nous donnons aujourd’hui la parole à ceux qui se sont levés pour avoir été victimes du terrorisme, par delà les frontières, dans une Alliance Internationale Contre le Terrorisme. _______________________________________________________________________________ Maria Lozano, Présidente du Réseau Européen des Victimes du Terrorisme.Espagnol/ English http://www.europeanvictims.net/noticias/ver_noticia.php?id=33Je tiens à remercier Mme Huguette Chomski pour cette aimable présentation. J’aimerais également remercier le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme pour la tenue de cet événement émouvant et lui présenter mes félicitations pour son remarquable travail d’organisation et pour ses efforts acharnés de tous les jours. Des mouvements comme le vôtre sont essentiels afin de sensibiliser la communauté internationale, non seulement au soutien des victimes du terrorisme, mais aussi à la défense de l’ensemble des valeurs démocratiques.Des mouvements comme le vôtre sont essentiels si l’on veut véritablement mobiliser la société civile contre le terrorisme. J’aimerais d’abord me présenter. Je m’appelle María Lozano et je suis directrice du Réseau européen des victimes du terrorisme, qui travaille en collaboration avec la Commission européenne et grâce au soutien de celle-ci. Le Réseau européen des victimes du terrorisme est une nouvelle organisation constituée d’associations, de fondations ainsi que d’autres organismes européens de victimes du terrorisme et de leurs familles, qui ont relevé à maintes reprises, en apportant de l’aide et de l’assistance aux victimes du terrorisme, la nécessité d’établir une collaboration à l’échelle européenne entre les organisations de victimes, les institutions de recherche, les victimes elles-mêmes et la société en général. Ainsi, le Réseau européen des victimes du terrorisme vise à unifier et à relier les groupes qui aident les victimes du terrorisme et leurs familles, ainsi qu’à favoriser la réussite de ces groupes. La naissance du réseau découle des projets européens VNET I et VNET II, de même que de l’appui financier de la Commission européenne dans le cadre de la DG Justice, liberté et sécurité. Par conséquent, j’aimerais souligner la présence aujourd’hui de deux membres officiels du réseau : AIVITER, d’Italie, et Les familles du DC10 d’UTA, de France. En outre, j’aimerais porter à votre attention le travail remarquable du président de cette deuxième association, M. Guillaume Denoix de Saint Marc, auprès des victimes de cet événement terrible et pour ses négociations avec le gouvernement de la Libye. Récemment, nous avons obtenu un contrat par appel d’offres public initié par la DG Justice, liberté et sécurité concernant la création d’un réseau officiel d’associations des victimes du terrorisme. Les principaux objectifs du réseau sont les suivants : 1. Promouvoir la collaboration transnationale entre les associations de victimes du terrorisme et accroître leur représentation au sein de l’Union européenne. Et 2. Amener les victimes du terrorisme à participer à la mise en œuvre et à l’optimisation de la politique de l’Union européenne en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, comme il est énoncé dans le Rapport dédié à la mémoire des victimes du terrorisme de 2005, en s’acquittant des quatre tâches principales suivantes : · prévention ;· poursuite ;· protection ;· Intervention. Le rôle des victimes du terrorisme au sein de la société européenne ainsi que leur participation dans la lutte contre le terrorisme s’avèrent essentiels et nécessaires. C’est pourquoi nous visons à ce que les victimes se fassent entendre et à tirer pleinement parti de leur expérience, alors que nous nous efforcerons, autant que nous le pouvons, de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus jamais. Je vous remercie énormément de votre attention. ________________________________________________________________________________ English : http://www.kerenmalki.org/Paris_Conference_Nov08.htm Du Terrorisme et de la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme Arnold Roth – Keren Malki/The Malki Foundation Merci de m’avoir invité ici et veuillez pardonner mon inexcusable ignorance de la langue française. Mes excuses les plus sincères aussi à l’inoubliable M. Beautand, mon professeur qui, dans les années soixante a perdu deux ans de sa carrière d’enseignant à tenter de faire d’ élèves incultes comme moi, des francophones. Ainsi que l’atteste notre présence en ces lieux aujourd’hui, notre sujet, le TERRORISME CONTRE LES DROITS DE L’HOMME est sans aucun doute suffisamment important pour nous avoir fait quitter nos demeures douillettes pour venir engager la discussion dans cet espace public. Ce sujet est de la plus haute portée pour tout être qui se soucie de démocratie, d’humanité et de liberté. Pour certains d’entre nous, il est même plus que simplement important . La tension entre le terrorisme, d’une part et les droits humains de l’autr,e interpelle directement notre propre expérience. Pour ma part, le débat public de ce thème important a des ramifications personnelles qui m’imposent de prendre la parole. Il me semble nécessaire même de le faire dans des lieux où l’on a peu d’envie d’entendre de tels discours. Lors de la préparation de cette conférence, j’ai relu des documents législatifs, des essais politiques, des discours, des déclarations, des blogs ainsi que des articles de journaux universitaires. De tout cela il ressort que soixante ans après sa promulgation, la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme (DUDH) est sous attaque constante et ce par plusieurs éléments. 1- On est en train de minimiser et de délégitimer la nature laïque et universelle de la Déclaration. La responsabilité en revient au club le plus important des nations de la planète: l’ Organisation de la Conférence Islamique (OCI). 2- Le Conseil des Droits Humains (CDH) de l’ONU, l’organisme qui est chargé de mettre en pratique le message de la Déclaration en fait en train de l’étouffer et fait cela en omettant d’adhérer au tout premier principe, celui dont on peut soutenir qu ’il est largement le plus important des principes exprimés dans la déclaration. J’y reviendrai un peu plus tard. 3- La main sinistre du terrorisme mondial ainsi que les puissantes forces politiques, idéologiques et religieuses qui le soutiennent, s’efforcent de l’achever. Et ils sont en train de gagner. Dans ma vie personnelle, l’une et l’autre de ces deux tendances – 1 les principes de la DUDH, 2 les forces qui risquent de la mener à sa fin – ont eu un rôle de première importance. Je suis né en Australie de parents juifs, arrivés comme réfugiés d’Allemagne après qu’eux-mêmes et leurs familles eussent été happés dans l’extermination qui a effacé mille ans de vie juive en Pologne, leur pays d’origine. Survivants des camps de la mort nazis, mes parents ont recommencé à se rebâtir une vie dans une Australie amicale et accueillante à peu près à la même époque que l’adoption de la DUDH. L’Australie d’alors, en dépit de tous ses bienfaits, n’avait encore que bien peu compris la signification des droits humains. Dans la décennie qui a suivi la déclaration, ou la suivante, mon pays natal abandonna sa politique d’immigration qui, bien qu’officieuse, était universellement reconnue comme « la politique d’une Australie Blanche » – des termes qu’il n’est pas besoin d’expliciter. J’étais au lycée au moment où la loi australienne a changé pour inclure pour la première fois sa population indigène, les Aborigènes Australiens dans le recensement national. Le droit de vote ne leur fut attribué qu’en 1948, l’année même de l’adoption de la DUDH. L’évolution vers la sensibilisation aux droits humains en Australie s’est faite alors même que religion et politique restaient dans la plupart des cas des sujets peu discutés en public.Parfois, la société australienne les traite comme des questions de choix personnel et de conscience. L’idée que l’état ou une entité non étatique puisse les imposer à une population réticente nous était étrangère et inacceptable. L’adoption de la DUDH par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 10 Décembre 1948 se produisit, ainsi que je l’ai mentionné, à l’ombre des évènements qui ont marqué de façon dramatique l’histoire du monde ainsi que la chronique de ma propre famille Bien que traditions et milieux religieux soient différents, que les milieux culturels et les formes d’expression soient variées, la nature humaine est universelle et identique. La DUDH nous a permis d’affirmer cette identité humaine universelle. J’ai été élevé dans un système caractérisé par une tolérance bienveillante et un respect de l’humanité et de l’individualité de l’autre ……..bien que, ainsi que je l’ai dit – pas de tous les autres.Il fallait encore conquérir les droits humains fondamentaux. C’est-ce qui fut fait. .Les lois et les prise de conscience engendrées par la DUDH ayant indéniablement joué un rôle qu’elles jouent encore dans ce processus. Depuis 1981, peu de temps après l’avènement de la République Islamique d’Iran, qui avait émergé des décombres de l’empire du Shah, les représentants de ce pays ont entrepris une sape systématique et fondamentale de la DUDH. Ils l’ont fait et continuent de le faire à l’ONU et dans d’autre assemblées. L’ambassadeur iranien à l’ONU a donné la version officielle du programme de son pays en s’adressant à l’assemblée Générale en 1984. Le concept des droits humains ne se limite pas à la DUDH. L’origine divine de l’homme et sa dignité ne peuvent être réduits à une série de normes laïques.(par conséquent) certains concepts contenus dans la DUDH doivent être révisés …..L’Iran n’a à respecter ni pouvoir, ni autorité qui ne soient ceux de Dieu tout puissant et nulle autre tradition législative que celle de la loi islamique. La DUDH n’est que la représentation laïque de la tradition judéo-chrétienne. Ceci n’est pas en accord avec les valeurs reconnues par la République Islamique d’Iran…….L’Iran de ce fait n’hésitera pas à violer ses dispositions puisqu’il lui faut choisir entre violer la loi divine (d’une part) et violer des conventions laïques ( d’autre part)[1] Cette simple analyse ne laisse que peu de place au doute sur la place qu’occupe la DUDH dans la hiérarchie des valeurs de la République Islamique d’Iran et de ceux qui soutiennent ses vues. Quelques temps après la Conférence des Ministres de l’Organisation de la Conférence Islamique a donné effet légal et de fait au rejet iranien de la DUDH. en adoptant la Déclaration du Caire, des Droits Islamiques de l’Homme en Août 1990 (2) Deux de ses articles ont une force et une signification stupéfiantes: Article 24: Tous droits et libertés stipulés dans cette déclaration sont soumis à la Shari’a. Article 25: La Shari’a est la seule source de référence pour toute explication ou clarification de tout article de cette Déclaration.La Déclaration du Caire de ce fait revendique la suprématie par rapport à la DUDH avec pour base la révélation divine.Son sponsor , l’ OCI, a réussi à persuader les têtes du Conseil des Droits de l’Homme que « seuls les érudits religieux ont le droit de discuter des questions de foi » Et de fait, chose inouïe, par consensus, le sujet n’est plus matière à discussion. ————————— Peu de temps avant son assassinat à Bagdad en 2003, Sergio Viera de Mello, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU en Irak , s’exprima en ces termes: « La législation sur les Droits humains a cherché a créer un équilibre entre les préoccupations .sécuritaires légitimes des états et la protection des libertés fondamentales. Elle reconnaît que les états doivent répondre à d’énormes problèmes de sécurité tels que le terrorisme.(3) La notion de normes en droits humains a été mise à l’épreuve et affectée par la vague de violence terroriste de la décennie passée, ainsi que par le débat permanent des sociétés civiles de par le monde, sur la façon de régler le problème du terrorisme et des terroristes. – de leurs droits humains, et des droits humains de ceux qui sont soupçonnés de terrorisme. ——————————– Ma femme et moi avons amené notre famille sur la terre historique des Juifs, Israël, en 1988. C’était l’accomplissement non seulement de nos rêves mais de ceux de nos parents et grands-parents. A Jérusalem en 2001, notre fille aînée Malki, alors âgée de 15 ans a été assassinée avec beaucoup d’autres Israéliens dans un massacre au centre de Jérusalem. Quelques années plus tard, toujours en Israël, j’ai rencontré John Dugard – dont le titre de la charge à l’époque, reflète bien la triste façon , dont les droits humains sont perçus, de façon fondamentalement erronée, dans certains cercles internationaux. Il était Rapporteur Spécial des Droits Humains de l’ONU dans les territoires Palestiniens. Or le Professeur Dugard m’a avoué, à la fin d’un entretien privé d’une heure dans mon bureau à Jérusalem, qu’avant ce jour, il n’avait jamais rencontré de victime du terrorisme arabe palestinien. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment un tel individu peut avoir autant d’influence au plus haut niveaux de discussion internationale et être à la fois aussi peu informé – et aussi partisan. Parfois, rarement, les injustices et les distorsions qui caractérisent le travail de la communauté mondiale en droits humains amènent un changement. C’est-ce qui s’est produit quand la commission des Droits de l’Homme de l’ONU a été remplacée en 2006 par le Conseil des Droits de l’Homme. Ceci s’est produit après des années de plaintes à propos de certains aspects absurdes du travail de la commission – trop nombreux pour en parler ici. Mais depuis son remplacement par le Conseil, les mêmes insupportables scénarios se répètent : Ÿ Vers Janvier 2008, après à peine deux ans d’existence, le CDH s’était débrouillé pour condamner un pays – Israël – 8 fois différentes.Ÿ Environ 60% de ses décisions étaient orientées vers la critique d’un seul pays – Israël.Ÿ D’autre part les immenses, et largement diffusées, atteintes aux droits humains dans des endroits tels que le Zimbabwe, la Chine, l’Arabie Saoudite n’ont reçu aucune réponse.Ÿ Cuba et le Belarus sont sur une liste du CDH spéciale des pays sous stricte investigation pour infraction aux droits humains. Mais après un récent vote, leur nom a été retiré de la liste.Ÿ Kofi ANNAN comme Ban Ki -Moon se sont sentis obligés de faire remarquer aux membres et aux chefs du CDH qu’ils existe un certain nombre de problèmes de droits humains dans le monde pour lesquels Israël n’est pas l’intervenant majeur. Mais rien n’y a fait et on n’a pas fait cas de leur message. La tension entre les droits humains et la sécurité , en ces temps de terreur rampante semble être appréciée surtout dans les états où le terrorisme a déjà produit son impact. En 2005 le Secrétaire d’état à l’intérieur britannique a annoncé de solides mesures après que des terroristes nés en Grande Bretagne et agissant au nom de leur définition pathologique de l’Islam eussent fait sauter le métro de Londres .Voici ce qu’il a déclaré. « Les droits humains de ceux qui ont été soufflés par l ’explosion du métro le 7 Juillet (2005) sont , pour être franc, plus importants que les droits humains de ceux qui commettent ces actes ».(4)La déclaration du Secrétaire d’Etat me ramène à certaines réflexions sur les questions qui découlent du fait que je suis père d’une enfant assassinée par des terroristes religieux. J’ai mentionné plus haut les premiers des droits honorés et protégés par la DUDH. Le premier d’entre eux, peut-être le plus important est: « Chacun a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne » (article 3)Nul droit n’est plus important que le droit à la vie, le droit de pouvoir de rester en vie. C’est le droit qu’on a volé à ma fillette de 15 ans et aux nombreuses personnes qui l’aimaient. Violer ce droit fondamental est un préjudice infini, le plus grand des préjudices. Voici pourquoi.Ÿ Lorsque quelque un est emprisonné injustement, il y a un remède: relâcher la personne . Restaurer le droit ôté. Lorsque quelqu’un est privé de son droit à la vie, alors ni ce droit ni aucun autre ne pourra être restauré. Ÿ Une victime privée du droit à la vie ne peut recevoir de compensation . Il n’existe pas de compensation. On ne peut en imaginer aucune, alors que des compensation pour d’autres abus peuvent être créés et avoir un sens..Ÿ Perdre le droit à la vie signifie perdre tout autre droit.Harry Reicher, professeur de droit international à l’université de Pennsylvanie et chercheur invité au Touro Law Center à New York est personnellement engagé dans les litiges de droits humains et dans d’autres actions légales qui respectent et défendent les droits humains. Voici ce qu’il a écrit: Si, dans le contexte des mesures envisagées pour prévenir les répétitions, l’accent est placé sur les droits individuels, le caractère unique du droit à la vie suggère un raisonnement a priori rationnel de pencher en faveur de la précaution. Faire cela n’est en aucun cas banaliser les autres droits humains, mais plutôt marquer la primauté du droit à la vie….Bien que cela n’établisse pas formellement une hiérarchie des droits, ni ne signifie aucun mécanisme pour résoudre les tensions potentielles entre les différents droits, le fait que le droit à la vie est le premier des droits spécifiques listés dans le document suggère une certaine priorité…C’est un droit qui est qualitativement différent de tous les autres droits(5) Ce n’est pas bien vu de le dire mais je pense qu’il existe une guerre contre le terrorisme et qu’elle est mal en point. Elle va mal pour tout le monde sauf pour les terroristes. Leurs victimes ne sont pas seulement les enfants soufflés par des explosions dans des restaurants, ni leurs parents mais aussi la société civile de tous les pays. Pour cette raison et pour d’autres nous avons une grande dette de gratitude envers Huguette Chomski Magnis et ses collègues du MPCT pour avoir mis cette discussion et ces problèmes sur l’agenda de gens sérieux et ce d’une manière si constructive et si efficace. Notes : (1) Extrait de « Droits Humains Universels et Droits Humains en Islam » – David Littman -publié à l’origine à Midstream (New York) Fev-Mars 1999. (2) Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en Islam, 5 Août 1990, UN GAOR, Conférence mondiale sur les Droits de l’Homme . 4ème sess., Agenda item 5, UN Doc A/CONF.157/PC/62/Add.18 (1993) http://www.1.umn.edu/humanrts/instree/cairodeclaration.html(3) http://www.hurights.or.jp/asia-pacific/n°_31/03.htm(4) The Guardian: « Expulsion illegal UN tells Clarkehttp://www.guardian.co.uk/politics/2005/aug/25/terrorism.uksecurity (5)« Right to live trumps » Prof. Reicher. The National Law Journal (September 26,2005) ——————————————————————————– {{Du Terrorisme et de la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme Arnold Roth – Keren Malki/The Malki Foundation}}English : http://www.kerenmalki.org/Paris_Conference_Nov08.htm Merci de m’avoir invité ici et veuillez pardonner mon inexcusable ignorance de la langue française. Mes excuses les plus sincères aussi à l’inoubliable M. Beautand, mon professeur qui, dans les années soixante a perdu deux ans de sa carrière d’enseignant à tenter de faire d’ élèves incultes comme moi, des francophones. Ainsi que l’atteste notre présence en ces lieux aujourd’hui, notre sujet, le TERRORISME CONTRE LES DROITS DE L’HOMME est sans aucun doute suffisamment important pour nous avoir fait quitter nos demeures douillettes pour venir engager la discussion dans cet espace public. Ce sujet est de la plus haute portée pour tout être qui se soucie de démocratie, d’humanité et de liberté. Pour certains d’entre nous, il est même plus que simplement important . La tension entre le terrorisme, d’une part et les droits humains de l’autr,e interpelle directement notre propre expérience. Pour ma part, le débat public de ce thème important a des ramifications personnelles qui m’imposent de prendre la parole. Il me semble nécessaire même de le faire dans des lieux où l’on a peu d’envie d’entendre de tels discours. Lors de la préparation de cette conférence, j’ai relu des documents législatifs, des essais politiques, des discours, des déclarations, des blogs ainsi que des articles de journaux universitaires. De tout cela il ressort que soixante ans après sa promulgation, la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme (DUDH) est sous attaque constante et ce par plusieurs éléments. 1- On est en train de minimiser et de délégitimer la nature laïque et universelle de la Déclaration. La responsabilité en revient au club le plus important des nations de la planète: l’ Organisation de la Conférence Islamique (OCI). 2- Le Conseil des Droits Humains (CDH) de l’ONU, l’organisme qui est chargé de mettre en pratique le message de la Déclaration en fait en train de l’étouffer et fait cela en omettant d’adhérer au tout premier principe, celui dont on peut soutenir qu ’il est largement le plus important des principes exprimés dans la déclaration. J’y reviendrai un peu plus tard. 3- La main sinistre du terrorisme mondial ainsi que les puissantes forces politiques, idéologiques et religieuses qui le soutiennent, s’efforcent de l’achever. Et ils sont en train de gagner. Dans ma vie personnelle, l’une et l’autre de ces deux tendances – 1 les principes de la DUDH, 2 les forces qui risquent de la mener à sa fin – ont eu un rôle de première importance. Je suis né en Australie de parents juifs, arrivés comme réfugiés d’Allemagne après qu’eux-mêmes et leurs familles eussent été happés dans l’extermination qui a effacé mille ans de vie juive en Pologne, leur pays d’origine. Survivants des camps de la mort nazis, mes parents ont recommencé à se rebâtir une vie dans une Australie amicale et accueillante à peu près à la même époque que l’adoption de la DUDH. L’Australie d’alors, en dépit de tous ses bienfaits, n’avait encore que bien peu compris la signification des droits humains. Dans la décennie qui a suivi la déclaration, ou la suivante, mon pays natal abandonna sa politique d’immigration qui, bien qu’officieuse, était universellement reconnue comme « la politique d’une Australie Blanche » – des termes qu’il n’est pas besoin d’expliciter. J’étais au lycée au moment où la loi australienne a changé pour inclure pour la première fois sa population indigène, les Aborigènes Australiens dans le recensement national. Le droit de vote ne leur fut attribué qu’en 1948, l’année même de l’adoption de la DUDH. L’évolution vers la sensibilisation aux droits humains en Australie s’est faite alors même que religion et politique restaient dans la plupart des cas des sujets peu discutés en public.Parfois, la société australienne les traite comme des questions de choix personnel et de conscience. L’idée que l’état ou une entité non étatique puisse les imposer à u