Extraits de la Conférence internationale “Le terrorisme contre les droits humains universels” (I) : Exposé de Jacques Tarnero

{{Si le 60° anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a donné lieu à d’innombrables manifestations, une seule a été consacrée à la violation majeure des droits humains qu’est le terrorisme : la Conférence internationale réunie à Paris le 23 novembre 2008 à l’initiative du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme et de ses partenaires de l’Alliance Internationale Contre le Terrorisme (1). Notre Communiqué du 10 décembre 2008 en a rendu compte. Nous entamons maintenant la publication sur ce site des principales interventions qui y furent faites. Toutes ne reflètent pas nécessairement le point de vue de notre association mais toutes participent de l’indispensable débat démocratique.}}Que cette publication commence en pleine guerre entre Israël et le Hamas à Gaza ne fait que souligner l’urgence de l’émergence d’un mouvement de mobilisation de la société civile contre le terrorisme. Comme menace majeure contre l’universalité des droits humains, le terrorisme est resté un objet non identifié. L’encouragement de fait apporté au Hamas, organisation islamiste, terroriste, raciste ayant pour programme la destruction des Juifs et pour méthode l’utilisation de la population civile palestinienne comme “bouclier humain”, est responsable du désastre présent à Gaza. Donner raison au terrorisme pour avoir la paix ne peut mener qu’à la guerre.{{Nous ouvrons cette série par l’exposé du journaliste Jacques Tarnero dans la table ronde {“Quelles attaques de l’universel ?”} présidée par notre amie, la philosophe Lise Haddad.}} – Il est des coïncidences qui ne doivent rien au hasard: la sortie d’un film qui renvoie aux années de plomb en Allemagne, le retour d’une ultra gauche révolutionnaire sur les lignes de TGV autant que le congrès du Parti Socialiste français, clignotent comme des signaux annonciateurs que quelque chose va bouger dans le paysage idéologique. C’est une voie royale qui s’ouvre pour la radicalité, pour l’extrême gauche, pour l’ultra gauche autant que pour ses méthodes avec son cortège rêves dont fait bien sur partie la nostalgie de la violence révolutionnaire.- Une voie royale, et pour cause : si la gauche parlementaire, en l’occurrence le parti socialiste, voulait donner d’elle même de bonnes raisons d’être repoussante, elle ne s’y prendrait pas autrement. Jamais les mots ont à ce point été démentis par les faits : le PS invoque souvent ses « valeurs », clame qu’il ne saurait perdre son « âme». On cherche désespérément l’incarnation de ces beaux mots dans les élans fraternels qui unissent les héritiers de François Mitterrand, grand expert en vices privés et vertus publiques. Mais lui au moins avait du style. C’est donc de la gauche qu’il s’agit, de ce que signifie ce mot, des espoirs qu’il est supposé porter. Depuis Robespierre en passant par Béria et Georges Marchais nous savons que le spectre de ce mot est extensible jusqu’à son contraire. Un certain nombre de paramètres existent pour distinguer et préférer Marc Bloch à Georges Habache.- La crise financière est du pain béni pour la pensée magique de tout poil et le désastre social qui l’accompagne va permettre de nommer les coupables à peu de frais. Le champ politique est désormais fertile pour la radicalité et c’est pourquoi ce retour en arrière sur les années 70, proposé par le film allemand « la bande à Baader » est une opportunité pour conjurer le retour des utopies meurtrières qui avaient nourri l’imaginaire idéologique d’une partie de la jeunesse allemande et européenne. Même si les moments diffèrent profondément, des constantes demeurent, reconduisant les mêmes trous noirs de la pensée européenne : pourquoi le roman « les bienveillantes » eut il en Europe le succès que l’on sait ? Pourquoi le film « la chute » a t il fasciné un public européen ? Il faut croire que l’Europe n’a pas encore exploré suffisamment sa part maudite pour sans cesse la revisiter.- La violence de la bande à Baader fut à la hauteur du crime dont elle se voulait la rédemption. A vouloir anéantir le mal dont elle était la génération héritière, les amis de Baader visaient tout ce qui selon eux, en représentait le legs. Confondant social démocratie et nazisme, la RAF mettait cependant en pleine lumière la présence d’anciens nazis dans l’appareil du pouvoir en Allemagne fédérale. Ce que Beate Klarsfeld avait mis en scène par une gifle au chancelier Kiesinger, la RAF le pratiquait par l’assassinat de Hans Martin Schleyer. La dénazification n’avait pu éliminer la génération qui avait porté Hitler au pouvoir et pour cause : ce furent bien des bataillons entiers de gens ordinaires qui l’avaient fait élire, démocratiquement. En France, ce furent probablement les mêmes qui chantèrent « Maréchal nous voilà » pour ensuite applaudir De Gaulle sur les Champs Elysées et le préfet Papon fut reconduit dans ces œuvres par le pouvoir issu de la Résistance. Comment quitter les mythologies pour entrer dans le récit peu élégant des lâchetés collectives et des courages solitaires ? Soixante ans plus tard cette histoire n’a pas fini de s’écrire.- A-t-on seulement remarqué que les terrorismes d’extrême gauche furent d’autant plus meurtriers qu’ils s’inscrivaient dans l’héritage dialectique du fascisme italien, du nazisme allemand, ou de l’impérialisme nationaliste japonais. Fraction Armée Rouge allemande, Brigades Rouges italiennes ou Armée Rouge japonaise ont eu cette pratique commune : la rédemption du crime fasciste passait par le meurtre révolutionnaire ou la destruction de ce qui en représentait la forme substitutive. Il faut souligner cette particularité schizophrène : ces révolutionnaires vont avoir une cible privilégiée : leur radicalité purificatrice va viser Israël quand leurs aînés avaient visé les juifs d’Europe. Ce sont des allemands d’extrême gauche membres d’un commando germano palestinien qui vont reconduire les gestes de nazis en triant et séparant les otages juifs des non juifs lors du détournement d’un avion d’Air France sur Entebbe en juillet 1976. Ce sont des japonais révolutionnaires qui mitraillent à tout va à l’aéroport de Tel Aviv en 1972. Ce sont des brigadistes italiens qui vont aider à la pose d’une bombe du FPLP devant la grande synagogue de Rome en 1982 . Pour ces jeunes européens la figure achevée du mal fasciste se nommait Israël tandis pour la génération d’avant la figure du mal se nommait les juifs. – Cette centralité de la cible juive-Israël au cœur de la détestation commune de l’extrême droite ou de l’extrême gauche devrait inciter à réfléchir. C’est une des grandes caractéristiques de l’inflation commémorative à propos de la shoah : on ne dénonce jamais tant Auschwitz que l’on ne développe simultanément l’accablement radical de l’Etat juif et ce ci n’a strictement rien à voir avec la légitime critique de la politique des gouvernements d’Israël. On n’honore les juifs morts que pour mieux déshonorer les juifs vivants. Que ceux ci soient désormais israéliens ne change rien à l’affaire : l’imprescriptibilité de la matrice du crime majeur du XXeme siècle rend fous ceux qui sont incapables d’en assumer la charge. – Ce renversement de la raison aurait du engendrer des cauchemars rétrospectifs que n’ont eu ni Toni Negri, ni Horst Malher, ni Jean Genet, ni Kozo Okamoto. Seul Joshka Fischer, l’ancien ministre allemand des affaires étrangères, posséda cette lucidité : pour l’ancien leader d’extrême gauche, les révolutionnaires allemands ne pouvaient reconduire au nom de l’émancipation des peuples des gestes identiques à ceux de l’asservissement des peuples ou de l’antisémitisme nazi. Est il nécessaire d’ajouter que l’exhumation des archives de la STASI a révélé que ces groupes étaient manipulés par les services secrets d’Allemagne de l’Est et que Klaus Croissant, l’avocat de la RAF, en avait été l’agent rémunéré. A l’époque, à gauche, on ne voulait pas croire à cette « vie des autres ». En France, Action Directe, pauvre petit descendant de la radicalité rédemptrice du fascisme à la française ne commit que quelques assassinats à la mesure de ce que la Collaboration avait commis. Pétain n’avait fait que suivre l’occupant, parfois en devançant ses désirs. Le gauchisme français fit l’économie du terrorisme sans doute parce qu’aussi au bureau politique de la LCR le yiddish était la langue dominante. Il y restait encore de la mémoire. On se souviendra des saillies antisémites de la branche lyonnaise d’Action directe, elles annonçaient celles qui affichaient un signe = entre la Svastika et l’étoile juive au cours des grands rassemblements anti israéliens et anti américains des années 2000. – La confusion du sens des mots est bien l’autre raison des malheur du monde. Elle est suffisamment grande pour que ceux qui le commentent ne se trompent pas afin de pouvoir en dire la réalité. Comment peut on continuer à qualifier de « suicide » ces attentats commis par hommes-bombes qui se font sauter pour tuer le plus grand nombre. Il n’y a pas l’ombre d’un désespoir suicidaire dans ces gestes mais au contraire une exaltation morbide, une jubilation sensée ouvrir les voies du paradis dans le fait de donner la mort en y perdant la vie. Or qu’est ce qu’évoque le mot « suicide » sinon le passage à l’acte de celui qui par désespoir ne supporte plus sa vie et préfère la quitter en se donnant la mort. Le suicidé attire la compassion de son entourage, il attire la sympathie culpabilisée de ceux qui n’ont su que faire pour l’aider à vivre. Tout ce registre d’attitudes et de sentiments fonctionne dans un monde qui cherche à protéger la vie et ne propose pas le salut par la mort d’autrui. Si le mot « civilisation » a un sens c’est bien ce qui distingue le choix de la vie, du choix de la mort. « Nous chérissons la mort autant que les américains aiment la vie » semble constituer la matrice philosophique des Hezbollah, Hamas et autres GIA. La mise en pratique de ce principe abominable fascine cet Occident avide de gore autant que d’humanitaire. Réduits à n’être qu’un spectacle télévisuel de plus, ces massacres banalisent l’horreur qui ne trouve d’autres dénomination, dans nos catégories culturelles, que celle d’ « attentats suicides ». -La « bombe humaine » ne constitue pas seulement une arme de destruction. Nommée « attentat suicide » en Occident, elle peut susciter de la compassion pour son auteur dans une lecture sommaire du geste. La stratégie apocalyptique présente un double avantage : elle terrorise autant qu’elle culpabilise. Elle engendre chez ceux qu’elle vise un doute déstabilisateur. Quel désespoir peut conduire à de tels actes ? Elle transforme la victime en coupable. Elle amène les victimes à s’interroger sur la raison de la haine dont elles sont l’objet. Comment peut on choisir de se sacrifier ? Comment peut on accomplir ce geste sans de bonnes raisons de le faire ? La victime vient à considérer que la bombe humaine pourrait être autre chose que le geste apocalyptique d’un terroriste fanatisé. « Si ces gens font le sacrifice de leur vie, peut être ont-ils de bonnes raisons de nous haïr ? » Or il n’y a aucune pertinence pour cette interrogation. Quand le journal télévisé commente en ces termes l’attentat de Dimona en mai 2008: « il a fait trois victimes, dont deux kamikazes » ce propos met sur le même plan l’assassin et sa victime. Mais, bien sur, dans le cas d’Israël, les terroristes sont des « activistes »…- La bombe humaine est le moyen et la fin. Elle est emblématique de la vision du monde de l’islamisme. L’apocalypse fait partie de son projet. Le registre psychologique du tueur est radicalement différent de celui qu’il va tuer. Il n’y a ni désespoir, ni pitié, ni douleur pour celui qui va se faire exploser mais bien plutôt une jubilation mortifère ouvrant les portes du paradis. Sur quels ressorts psychiques (ressentiment, refoulement, détournement pulsionnel) s’appuient les projets totalitaires ? Pourquoi séduisent-ils ? Comme le fascisme avant lui et comme le nazisme ou le communisme, le totalitarisme, ici islamiste, propose une vision globale du monde. Hors d’elle et quel qu’en soit le prix, point de salut. La religion a déjà en son temps, en Europe, fait la preuve de son talent pour brûler vif au nom de la foi, couper des têtes ou torturer au nom de la Sainte Inquisition. L’idéologie révolutionnaire a agi de même pour construire l’homme nouveau. De Saint Just en Béria, de la prison du Temple à la Loubianka, la Terreur sans dieu ressemblait fort dans ses méthodes à celle qui invoquait dieu dans ses jugements. Avec l’islamisme, c’est un aboutissement encore plus féroce qui s’annonce : hormis la décapitation ou la lapidation des apostats, des homosexuels, des femmes infidèles, des Juifs et des croisés, Dieu ajoute le sacrifice de ses enfants pour arriver à ses fins. Pendant la guerre Iran Irak des milliers d’enfants iraniens furent envoyés sur les lignes de front pour faire exploser les mines irakiennes qui freinaient les offensives. Tous portaient autour du cou une petite clef en plastique sensée leur ouvrir les portes du paradis. La bombe humaine participe de la même logique.- Le matin du 11 septembre 2001, 19 hommes connaissaient le jour de leur mort programmée. Aucun d’eux n’a manifesté l’ombre d’une hésitation, d’une défaillance comportementale. Leurs sacs contenaient des cutters car “il te faut aiguiser le couteau et ne pas faire souffrir l’animal que tu abats”. Cette consigne hallucinante faisait partie de la “feuille de route”, trouvée en cinq exemplaires, appartenant aux terroristes. Elle révèle leur conditionnement psychologique et leur isolement sectaire du monde. “Ne croyez pas que ceux qui sont tués pour l’amour de Dieu sont morts. Ils sont vivants… Sache que les jardins et les femmes du paradis t’attendent dans toute leur beauté. Elles sont parées de leurs plus beaux atours… Si Dieu décide que certains d’entre vous doivent se livrer au carnage, vous dédierez ce carnage à vos pères… Fais le serment de mourir et renouvelle ton intention . Rase ton corps et passe le à l’eau de Cologne. Douche toi…. Quand l’affrontement commencera crie “Allah Akbar”, car ces mots saisissent d’effroi le cœur de ceux qui ne croient pas”.- Nommer « suicides » ces gestes abominables, c’est entrer dans le jeu du terrorisme, c’est lui trouver des alibis. Le sens de « la dignité humaine », la « certaine place de l’homme dans l’univers » vus par Mahmoud Ahmadinejad doivent d’urgence être dénoncés, au nom de l’universalité des droits de l’homme, au nom de l’idée même de civilisation. Cette version du jihad qui conditionne et fabrique, souvent à partir d’adolescents, d’enfants, de femmes ou de malades mentaux, des futures bombes humaines, relève de la notion de crime contre l’humanité. C’est à Genève, en avril 2009, à l’occasion de la future conférence de l’ONU, organisée par le Conseil des droits de l’homme de cette même ONU, que nous pourrons vérifier qui l’emporte de l’obscurantisme apocalyptique ou de l’universalité des droits humains. Or tout indique (à travers les séances préparatoires du CDH) que la réécriture islamiste de ces droits a le vent en poupe. – Des exemples il y en a mille, faisant l’inépuisable démonstration des masques vertueux du mensonge, des cécités idéologiques, des lectures borgnes du réel, des exaltations meurtrières supposées libératrices. Il faudrait citer aussi la préface de JP Sartre au livre de Franz Fanon, les « damnés de la terre », quand l’auteur des « mains sales », fait l’éloge de la violence meurtrière aveugle pour peu qu’elle ait pour cible, le colon, lui sa femme et ses enfants. Ce que je mets en cause ici c’est le discours de Sartre pas la lutte des algériens pour leur liberté. A l’époque une autre voix, réformiste, moins radicale, moins violente mais plus intimement torturée, je veux dire celle d’Albert Camus était raillée, moquée, dénoncée par les porteurs de valises par procuration. Aurais je tort de dire ici que si les méthodes de guerre révolutionnaires pouvaient faire l’économie du terrorisme, le produit victorieux de ces guerres, en l’occurrence la liberté acquise, le recouvrement de droits nationaux ne serait plus affecté par cette terrible génétique : le fin ne justifie pas les moyens, les moyens sont dans la fin et ceci est vrai pour 1793, pour l’attentat contre l’hotel King David ou pour l’attentat de Munich en 1972.- Aujourd’hui Olivier Besancenot ouvre la porte de son nouveau parti à la débilité politique des assassins de Georges Besse. Loin d’exprimer une défiance à l’égard du passé d’Action Directe, le porte parole de l’anticapitalisme radical estime que « Françoise Besse à des comptes à régler avec Action Directe » ! Ayant déjà qualifié dans son discours d’hommage à Joelle Aubron, « d’héritière des Communards », Besancenot persiste et signe à propos de Jean Marc Rouillan. Lamentable commentaire qui disqualifie toute prétention de son auteur à une quelconque morale en politique. Plus étrange et plus grave est l’avis d’Henri Weber : « avec Besancenot, nous partageons les mêmes valeurs » (le Figaro 3/11/2008). Une telle appréciation de la part d’un dirigeant du PS traduit-il une certaine nostalgie pour la radicalité ? De quelles valeurs s’agit-il ? Quel est le monde commun partagé avec la LCR ou le NPA ? Si au PS on estime que seuls les moyens diffèrent avec Besancenot, alors il y a de quoi être inquiet. On ne peut partager la fin sans partager les moyens. La fin est toujours dans les moyens. Besancenot et ses nouveaux amis devraient être pour la gauche que ce que fut le FN pour la droite : un faux ami, une idéologie détestable.- Ce que révèle le mot de Weber, c’est que ce registre psycho-politique a toujours en France ses adeptes sectaires: à l’école Normale Supérieure, ce temple de la fabrication des élites françaises qui forma en son temps Sartre et Althusser, Alain Badiou semble en assumer l’héritage théorique, lui qui n’hésite pas à voir dans le Hamas et le Hezbollah l’avant garde du prolétariat en lutte. Ces sectes possèdent un pouvoir de séduction toujours vif. Par la fascination qu’exerce la radicalité sur la petite bourgeoisie intellectuelle, c’est une nouvelle esthétique qui s’est mise en place chez ces désormais soixantenaires. A défaut de Révolution les bonnes âmes cultivent la pose et la prose hargneuse. « De quoi Sarkozy est-il le nom » questionne ce faux disciple de Platon. Allez donc regarder les sites internet « Tout sauf Sarkozy », vous verrez aisément de quel bois se chauffe la nouvelle radicalité. Il suffit de regarder l’émission « ce soir ou jamais » de Frédéric Taddéi pour mesurer le potentiel de ces haines toutes du plus radical-chic qui soit: des « indigènes de la République » en passant par Alain Soral, c’est tout ce ressentiment propre à la France qui s’exprime. Jamais une parole ne vient y dire un regret politique: « excusez moi, j’ai dit des bêtises » pourrait y dire la pape de la complexité Edgard Morin qui n’avait pas su distinguer entre l’article défini et l’article indéfini dans l’article du Monde « Israël, Palestine, le cancer » cosigné avec Sami Naïr et Danièle Sallenave quand il y écrivait « les juifs victimes de la plus grande inhumanité, font à leur tour preuve d’inhumanité à l’égard des palestiniens ». Dans une interview du Point (6/11/2008) Edgard Morin avoue rétrospectivement avoir eu des formulations abusives. – La France est la terre d’asile de ces comportements et la gauche française son champion, elle qui adore Obama parce qu’elle pense qu’il est un héritier des Black Panthers. C’est tout un aggiornamento idéologique qui s’impose. C’est tout un rêve qui doit se défaire avant qu’il ne se transforme à nouveau en cauchemar. Ce qu’Obama révèle c’est justement cette formidable capacité à aller ailleurs, au delà des modèles idéologiques usés. Le ressentiment français à l’égard des USA n’était jamais aussi fort qu’il exprimait, au delà de Bush, la revanche d’une humiliation : d’abord celle d’avoir été libéré, par deux fois, par des soldats américains. Ce que la gauche déteste des Etats Unis, c’est l’image en retour de sa propre impuissance. Le premier ennemi que la gauche doit combattre est d’abord un « ennemi intime », à l’intérieur de sa propre histoire, à l’intérieur de ses propres mythologies car on le sait bien, le retour du « grand soir » annonce toujours des « petits matins ».- Etre « progressiste » aujourd’hui c’est d’abord être capable de cet examen critique. Jacques Tarnero Paris , le 23 novembre 2008