Ainsi donc le Président de la République Islamique d’Iran juge suspects les attentats du 11 septembre. Après le négationnisme de la Shoah et la volonté de détruire Israël (1), il était normal qu’Ahmadinejad s’attaque à cet autre fond de commerce florissant.{{Un expert en terrorisme}}C’est qu’on a affaire à un expert en terrorisme, digne représentant du régime des mollahs, lequel a avec les islamistes sunnites, des Frères Musulmans à Al Qaida, une relation complexe, à la fois de rivalité et d’alliance.Fier de son bataillon de « martyrs » censés se faire exploser pour « libérer Jérusalem », ce régime a aussi exporté l’arme du « suicide » en service commandé dans les organisations terroristes qu’il soutient. Ahmadinejad incarne la culture du Basiji, mouvement créé par Khomeyni en 1979.Composé essentiellement de jeunes garçons âgés de 12 à 17 ans et aussi d’hommes âgés de plus de 45 ans, le Basiji fut utilisé de façon monstrueuse lors de la guerre Iran-Irak. La tête ceinte du bandeau rouge-sang du martyr, une clé en plastique accrochée à leur cou pour ouvrir les portes du paradis, des milliers d’enfants furent envoyés à la mort. Avançant par vagues continues pour déminer le terrain, ils permettaient aux soldats de monter ensuite au front.{{Un succès qui ne se dément pas}}C’est aussi que le succès des thèses conspirationnistes sur le 11 septembre ne se dément pas.Qu’Ayman al-Zawahri, adjoint de Ben Laden au sein d’Al Qaïda, se soit indigné de la rumeur de Téhéran, accusant le régime chiite iranien de vouloir « discréditer » Al Qaïda et ses « héros » sunnites, ne convaincra guère les conspirationnistes : pour eux, aucun doute, Al Qaida est une création virtuelle dont les évanescents porte-paroles sont les pantins de Washington et du sionisme.Rien de nouveau sous le soleil : la théorie d’un complot ourdi par les maîtres du monde occultes, Juifs et autres Francs-Maçons, est héritée de l’extrême droite tsariste puis de la propagande nazie. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, on trouve néo-nazis et islamistes alliés parmi les bruyants et puissants tenants de la théorie du complot du 11 septembre.Dans un pays qui est resté marqué par les assassinats du président Kennedy et de Martin Luther King, le thème du complot, est d’ailleurs prégnant dans la culture populaire et il fournit le ressort de palpitantes séries télévisées. L’explication globale du cours des événements par un complot a sans doute, paradoxalement, quelque chose de rassurant.Très vite après le 11 septembre, on vit apparaître la remise-en-question-de-la-vérité-officielle-et-la-dénonciation-de-l’imposture-des-attentats-du-11- septembre. Aujourd’hui, cette thèse a acquis une véritable notoriété, au point d’avoir été relayée par une femme politique aujourd’hui Ministre de la République et par une actrice célèbre.Le tout nouveau rapporteur spécial, du non moins spécial Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation dans les territoires palestiniens, Richard Falk, a préfacé New Pearl Harbor, ouvrage de référence des conspirationnistes et demandé une enquête internationale sur le 11 septembre, comme l’avait fait Thierry Meyssan dès 2002 lors de réunions de la Ligue Arabe.{{Quelle appréciation ?}}Il ne s’agit certes pas de répondre par le refus du doute, le rejet de la possibilité de manipulations de services secrets et la foi en l’infaillibilité du gouvernement des Etats-Unis.Il s‘agit au contraire de faire appel à son sens critique, sans faire allégeance à quiconque. Ce qui conduit à constater que :1 La première attribution de la véritable paternité des attentats du 11 septembre au Mossad israélien, à la solde duquel les Etats-Unis seraient peu ou prou, émane de Syrie. La pseudo preuve de l’imposture n’est qu’une construction à posteriori, tout le contraire donc d’une démarche scientifique et d’un questionnement indépendant.2 Il s’agit d’un procédé employé de multiples fois, avant comme après le 11 septembre. La responsabilité du Mossad dans l’attentat de la Synagogue Copernic et au Liban dans plusieurs attentats et assassinats politiques, fut et est toujours insinuée par de prétendus initiés, étrangement ignorants sur le Hezbollah et les services secrets syriens. Quant aux crimes commis par les islamistes en Algérie, les tenants du « qui tue qui » se sont évertués à les attribuer aux seuls services secrets algériens. 3 Il s’agit donc d’une sorte de postulat : les islamistes et leurs protecteurs sont innocents de toute action terroriste, à l’exception notable de celles visant des civils israéliens. Curieusement, ces dernières sont au contraire hautement revendiquées par des organisations ayant pignon sur rue et qui reçoivent d’illustres visiteurs comme Monsieur Carter. Voilà une exception dans la théorie du complot qui incite à la réflexion.4 Les forces présentées par les conspirationnistes comme les instigatrices des attentats du 11 septembre ont été de fait politiquement affaiblies par ses conséquences. Les tenants de la recherche d’un compromis avec les islamistes, mollahs ou Frères Musulmans, au nom de l’apaisement et de la Real Politik, en sont au contraire sortis renforcés. 5 La négation du crime terroriste de masse commis par des islamistes le 11 septembre et sa justification ont en fait été concomitantes. Qui ne se souvient de la revendication dans une tribune scandaleuse publiée dans Le Monde de la « jouissance esthétique » procurée par le spectacle des tours en feu ? Qui a oublié les « c’est quand même bien fait pour eux » avec lequel certains ont légitimé ces attentats monstrueux, avant d’enfourcher le cheval de la négation que Meyssan leur sellait ? Négation et justification forment bien un couple monstrueux, de la même façon que le négationnisme est consubstantiel au génocide, dont les auteurs effacent les traces en même temps qu’ils perpètrent leur crime. C’est pour ces raisons qu’il faut condamner et combattre en même temps le terrorisme et sa négation. Car légitimation et négation sont les deux facettes d’un même soutien moral au terrorisme.{{S’unir contre le terrorisme : l’affaire de la société civile}}Ce combat, on peut douter que les armées le gagnent, tant le terrorisme est une guerre faite aux civils par des ennemis tapis au milieu de civils.Le terrorisme est loin d’être le seul problème auquel l’humanité se trouve confrontée en ce début de 21° siècle. Il en est bien d’autres, de graves et d’urgents, comme la faim qui tenaille une partie de la planète. Or précisément, dans un monde en crise, valider le terrorisme comme moyen de revendication politique peut entraîner l’humanité vers le gouffre. Car le terrorisme, se surajoutant aux autres problèmes, empêche leur résolution comme il interdit tout espoir de paix. Il parasite les énergies, s’attaque aux libertés et, en induisant la suspicion au quotidien, détruit le vivre ensemble.Sa condamnation et son rejet universels sont nécessaires pour ne pas le laisser nous paralyser. C’est un combat qui ne concerne pas les seules victimes du terrorisme mais la société civile tout entière. Comme le dit un personnage de L’homme qui tombe , “nous sommes tous des cibles, désormais”. (2)Il est capital de ne pas ignorer, minorer ou nier la souffrance des victimes du terrorisme.De ne pas accepter que des victimes d’actes terroristes soient abandonnées comme l’ont si longtemps été les victimes algériennes du terrorisme islamiste . A ce jour – et, voudrait-on espérer, à jamais – le 11 septembre reste la plus gigantesque mise en pratique de la méthode du terrorisme de masse commis au moyen du faux « suicide » d’êtres humains, sacrifiés par leurs maîtres.C’est pourquoi choisir précisément la date du 11 septembre 2008 pour lancer la Première Journée Mondiale Contre le Terrorisme, nous semble une idée intéressante, à la fois pour témoigner sa solidarité avec toutes les victimes d’attentats du monde et pour exprimer un rejet massif du terrorisme et des terroristes par la société civile internationale.Un rêve ? Y participer ensemble, ici et ailleurs, divers dans nos opinions mais unis, en cette année du 60° anniversaire de le Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, autour de la défense de ses valeurs universelles, peut permettre à ce rêve de se réaliser et, alors, l’humanité aura peut-être franchi un de ces tout petits pas qui font l’histoire. Huguette Chomski Magnis Présidente du MPCT Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme, Membre de l’Alliance Internationale Contre le Terrorisme (1)La portée et le mode opératoire de cette destruction restant flous : massacres par les bombes portées par les « militants » (sic ! ) Hamas and Company et les roquettes infiltrées dans la Bande de Gaza, déportation des Juifs d’Israël vers l’Europe, le Canada ou l’Alaska, là où il y a selon Ahmadinejad « des terres vides » ou destruction par l’arme atomique – qui anéantirait en même temps les Palestiniens mais, cela, les mollahs n’en ont cure. (2)L’homme qui tombe ( Falling Man ) roman de Don DeLillo sur le 11 septembre. Paru aux éditions Actes Sud.