Journée anti-Farc : à Paris aussi

Paris, comme dans plusieurs villes du monde, les colombiens ont manifesté contre les Farc (AFP).Une manif anti-Farc mondiale était organisée aujourd’hui. A Paris, derrière le refus des enlèvements, les divergences pointent entre partisans et opposants d’Uribe.François VignalLIBERATION.FR : lundi 4 février 2008«No mas Farc !» Un œillet blanc à la main, les Colombiens de Paris – et quelques Français – se sont regroupés place du Châtelet pour crier leur refus des Farc, «de la violence et des séquestrations en Colombie.» Un appel à manifester mondial, lancé «d’abord par Facebook» puis relayé par les médias colombiens et surtout les ambassades colombiennes dans le monde. Au point que certains ont taxé «d’uribiste» la manifestation.Le Pôle démocratique, principale formation de gauche en Colombie, s’est d’ailleurs opposé au rassemblement, tout comme les familles d’otages en Colombie et, en France, le comité de soutien à Ingrid Betancourt, qui n’était pas de la partie. «Cette manifestation est uniquement contre les Farc et ne propose pas d’échange humanitaire. Or c’est avec les Farc que nous sommes contraints de négocier pour libérer les otages», estime Fanny Hess, membre du comité, qui rappelle sa condamnation de la guérilla.«On ne négocie pas le pistolet sur la tempe !»Dans les rangs des manifestants – un peu plus de deux cents personnes – l’idée de négocier n’est en effet pas populaire. «Uribe a déjà tenté, ça ne marche pas. Il n’y a pas de négociation possible avec ces terroristes et ces narcotrafiquants que sont les Farc», explique Magdalena, une franco-colombienne de Cali. «On ne négocie pas le pistolet sur la tempe !» pour Daniel. «On ne peut pas leur laisser un territoire (la principale revendication des Farc Ndlr). C’est comme si la France laissait la Corse aux indépendantistes !» lance Billy Maria, de Medellin.L’utilisation de la force armée pour libérer les otages, à laquelle s’opposent les soutiens d’Ingrid Betancourt et le gouvernement français, est en revanche acceptée par certains. «C’est risqué pour les otages, mais si c’est nécessaire, il faut utiliser l’armée pour les libérer. A leur place, je préférerais mourir pour ma liberté», pense Alvaro Bustos, de Bogota.«Ma famille s’est endettée à vie pour la rançon»Dans la foule, certains ont connu de près l’horreur du conflit en Colombie. Magdalena a ainsi eu deux oncles kidnappés par la guérilla, puis relâchés après paiement d’une rançon. «Ma famille s’est endettée à vie pour ça». Elle affirme qu’elle est «ici pour soutenir le président Uribe». A côté, Zayda raconte que la guérilla «a tout détruit pour sa famille, leur maison, leur ferme…» Les Farc ont attaqué son village quand elle avait huit ans. Ou encore Luz Villamizar, dont le frère policier a été tué lors de la prise d’otage du Palais de justice de Bogota en 1985 par le mouvement guérillero M-19, aujourd’hui démobilisé.Mais derrière le semblant d’uniformité des manifestants – rouge, jaune et bleu du drapeau colombien, chapeau de sombrero qu’on trouve du côté de Carthagène sur la côté caribéenne – les divergences d’analyse apparaissent. Si tous sont contre les Farc, tous ne soutiennent pas Alvaro Uribe : Gina, venue sur sa pause déjeuner, est loin de porter dans son cœur le président colombien. Mais ce qui compte pour elle, c’est d’être là. «Pour une fois que les Colombiens se mobilisent», affirme-t-elle. «D’habitude, les gens en Colombie préfèrent ne pas parler du conflit. On est fatigué de cette situation.»Passé «plus que trouble» d’UribeAdriana, elle, trouve que le mot d’ordre de la manifestation est «trop guerrier». Tenant une banderole «Contre les paramilitaires, les narco et les Farc» surplombé d’un gros «Plus de justice sociale», elle affirme qu’il faut se battre «contre tous les acteurs du conflit armé». Elle dénonce l’argent des Etats-Unis pour lutter contre le narcotrafic, un argent «qui ne va pas pour les plus pauvres, qui forment 80% de la population du pays.» Tout comme elle dénonce la «corruption d’une partie des politiques» et le passé «plus que trouble» d’Uribe pour ses liens avec les paramilitaires d’extrême droite.Un autre arrive avec sa pancarte faite maison. Le message est clair : «Contre les Farc et contre Uribe» «On se focalise sur les Farc, c’est trop simpliste. Comme si tout le reste n’existait pas, comme s’il n’y avait pas eu 150 syndicaliste tués en 2007», souligne-t-il.«800 civils détenus par les Farc»Autre son de cloche, quelques mètres plus loin : «Le problème de la Colombie, ce sont les Farc, pas Uribe», affirme Jacques Thomet, ancien directeur du bureau de l’AFP en Colombie et auteur d’Ingrid Betancourt, histoire de coeur ou raison d’Etat, paru en 2006. Il dénonce la starification de l’otage Betancourt au détriment des «800 autres civils» détenus par la guérilla.Entre opposants et soutiens d’Uribe, difficile donc de s’entendre. Reste au moins une volonté commune de sortir le pays de sa situation. Comme la jeune Sarita de Cali l’affirme, «C’est pour le pays. C’est pour la liberté.»http://www.liberation.fr/actualite/monde/307977.FR.php© LibérationUne manif anti-Farc mondiale était organisée aujourd’hui. A Paris, derrière le refus des enlèvements, les divergences pointent entre partisans et opposants d’Uribe.«No mas Farc !» Un œillet blanc à la main, les Colombiens de Paris – et quelques Français – se sont regroupés place du Châtelet pour crier leur refus des Farc, «de la violence et des séquestrations en Colombie.» Un appel à manifester mondial, lancé «d’abord par Facebook» puis relayé par les médias colombiens et surtout les ambassades colombiennes dans le monde. Au point que certains ont taxé «d’uribiste» la manifestation.Le Pôle démocratique, principale formation de gauche en Colombie, s’est d’ailleurs opposé au rassemblement, tout comme les familles d’otages en Colombie et, en France, le comité de soutien à Ingrid Betancourt, qui n’était pas de la partie. «Cette manifestation est uniquement contre les Farc et ne propose pas d’échange humanitaire. Or c’est avec les Farc que nous sommes contraints de négocier pour libérer les otages», estime Fanny Hess, membre du comité, qui rappelle sa condamnation de la guérilla.Source: Liberation