Tribune : Un article d’Eric Reeves pour comprendre les enjeux au Darfour

{{“Triomphe du Génocide”}} {{Un article de l’analyste américain Eric Reeves publié le 8 décembre dans {The Boston Globe} }}Le régime brutal de Khartoum, capitale du Soudan, orchestre depuis cinq années une guerre de répression génocidaire de l’insurrection du Darfour et il semble proche de la victoire à la suite de ses effrayants assauts contre la population africaine locale. La Résolution 1769 du Conseil de Sécurité de l’ ONU, adoptée en Juillet, autorise l’envoi d’un contingent de 26.000 militaires et policiers, pour protéger les civils du Darfour ainsi que les organisations humanitaires qui viennent en aide à 4,2 millions de personnes désespérées. Sans protection, ces organisations seront obligées de se retirer. Mais Karthoum a bloqué les forces mandatées par l’ONU et le succès final de ces tentatives dépend de la poigne. Le 26 novembre, Jean-Marie Guéhenno, sous secrétaire au maintien de la Paix à l’ONU , exprima la conjoncture que le contingent ONU pour le Darfour devrait être supprimé par suite des actions de Khartoum. Guéhenno posa une question à réponse évidente :” Poursuivons nous le déploiement de cette force impuissante, qui ne pourra pas se défendre, portant le risque d’une humiliation du Conseil de Sécurité et des Nations-Unies et d’un échec tragique pour le peuple du Darfour ? ” La mission mixte -première du genre – ONU/ UNION AFRICAINE pour le Darfour ( UNAMID) a été profondément affaiblie du refus des nations équipées militairement de fournir les deux douzaines d’hélicoptères nécessaires, au minimum, pour les opérations au Darfour. Pas un seul membre de l’OTAN n’a offert le moindre hélicoptère – signe que malgré leur rhétorique compatissante, le souci du Darfour est, pour ces nations, bien minime.Mais c’est l’intransigeance effrontée de Khartoum qui risque de laisser le peuple du Darfour sans protection. Des mois après que la Résolution 1769 ait autorisé l’actuelle opération de paix pour le Darfour et plus d’une année après une résolution antérieure du Conseil autorisant une opération identique, Khartoum ne cesse d’élever des obstacles à l’ensemble des pays chargés de fournir les troupes, la police et les spécialistes . Khartoum refuse les droits d’atterrissage aux gros porteurs , les permis de vols de nuit ( importants aussi bien pour la protection civile que pour l’assistance médicale), refuse l’accès à Port Soudan et refuse d’accorder les terres et les droits d’eau dans l’aride Darfour. Khartoum demande aussi le droit de couper les communications de l’UNAMID pendant ses opérations militaires- une condition inacceptable. Que se passera-t-il si l’ONU supprime l’UNAMID ? Une amère catastrophe. A l’heure actuelle , faible , en sous effectif, une mission de l’Union africaine est la seule protection au Darfour. Cette force démoralisée , sans efficacité, se contente de se maintenir jusqu’au 31 décembre dans l’espoir d’une relève par L’UNAMID. Mais étant donnée l’obstruction de Khartoum, cette relève sera, au mieux, symbolique. Il peut y avoir un patronage de l’ONU mais sans déploiement significatif de troupes et de ressources . Une fois établie qu’une UNAMID sérieuse ne sera pas déployée, les nations africaines retireront rapidement leurs troupes épuisées qui ont déjà subi un nombre insoupçonné de pertes . Sans présence internationale : ONU, AU, Organisation d’aide, rien n’arrêtera Khartoum, ou les rebelles, ou les différentes bandes armées et de bandits. Les confrontations entre les forces de Khartoum, incluant les milices alliées Janjaweed, et les camps progressivement militarisés de personnes déplacées vont se multiplier . Khartoum utilisera probablement ses bombardiers et ses hélicoptères, provoquant massivement des pertes civiles disproportionnées. L’UNAMID a été mal conçue. Sa structure opérationnelle est ambiguë. Elle repose trop sur des nations africaines incapables de fournir assez de troupes et de polices civiles complètement équipées et autonomes. La nature “hybride ” de la mission est une concession mal évaluée à Khartoum. Mais cette mission est la seule flèche du carquois .Il n’y a pas d’autre force à l’horizon, pas d’autre moyen de protection des civils et des humanitaires. Si les nations de l’OTAN ne sont pas disposées à fournir 24 hélicoptères, elles le sont encore moins pour participer à un déploiement de forces non consensuel au Darfour. L’UNAMID doit réussir. Sinon, combien de temps faudra-t-il pour que le Darfour glisse dans une destruction cataclysmique sans moyen d’arrêter ce glissement? Ceci est la seule alternative offerte à la communauté internationale. Est elle prête à voir la mission échouer? Ou va-t-elle mobiliser les ressources et exercer des pressions sur Khartoum, deux actions qui conditionnent le succès de la mission ? The Boston Globe, December 8, 2007http://www.boston.com/bostonglobe/editorial_opinion/oped/articles/2007/12/08/genocides_victory/Traduction par Joburd pour MPCT