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Crise cardiaque. L’un des deux hommes a été retrouvé mort, hier matin, une balle dans la tête, selon des sources afghanes. Samedi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, avait toutefois affirmé que Rüdiger D., originaire du Mecklenbourg, dans le nord de l’ex-RDA, n’avait pas été exécuté mais était décédé «du fait des conditions de détention que ses ravisseurs lui ont imposées». L’homme, diabétique selon la presse, aurait succombé à une crise cardiaque, assurent simultanément Berlin et Kaboul au vu d’informations fournies par les services secrets. «Maintenant, il s’agit de faire tout ce qui est humainement possible pour sauver la vie» du deuxième otage allemand, Rudolf B., a ajouté le ministre. Le dossier est d’autant plus complexe que l’enlèvement semble être devenu sur place l’enjeu d’une rivalité entre différents groupuscules. Kaboul et Berlin sont persuadés que les deux Allemands n’ont pas été kidnappés par les talibans mais par une tribu sympathisant avec eux. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, les deux ingénieurs n’auraient même pas été la principale cible de leurs ravisseurs, qui s’intéresseraient avant tout à l’un de leurs accompagnateurs afghans, le frère d’un parlementaire, impliqué dans le trafic d’opium. Dans cette ­hypothèse, les talibans chercheraient simplement à s’attribuer la paternité de l’enlèvement, à des fins politiques. Hier, les ravisseurs assuraient, avoir tué l’ensemble de leurs sept otages, Kaboul et Berlin ayant refusé de négocier. Leurs revendications portaient sur le retrait des 3 300 soldats allemands et la libération de 1 000 des leurs, détenus dans les geôles afghanes. «Les talibans peuvent dire où se trouvent les corps», a assuré hier leur porte-parole auprès de correspondants allemands à Kaboul. Sous pression. L’Allemagne est, de ce point de vue, particulièrement vulnérable, à la veille d’un important débat parlementaire prévu à l’automne sur le maintien ou non de la Bundeswehr en Afghanistan. L’opposition et une fraction importante de la majorité sont hostiles à la prolongation du mandat. Les soldats allemands participent depuis 2001 aux opérations de maintien de la paix dans le cadre de l’Isaf, la force de l’Otan en Afghanistan. Berlin a également envoyé en avril, sous la pression de ses alliés américains et canadiens, six avions de reconnaissance Tornado basés à Mazar-i-Charif. Pour Berlin, pas question de céder au chantage. «Nous n’avons pas le droit de laisser tomber le peuple afghan», a assuré Angela Merkel ce week-end. Elle plaide pour la poursuite du mandat allemand en Afghanistan. «Nous ne devons pas nous laisser mettre à genoux.» La menace pesant sur les troupes et les civils allemands, jusqu’alors relati­vement épargnés, s’est considérablement accrue au cours des dernières semaines. Jusqu’à l’envoi des Tornado, la République fédérale abordait un profil purement humanitaire, relativement bien perçu des populations civiles. L’envoi des avions de reconnaissance a accru l’hostilité d’une partie des Afghans envers l’Allemagne.