Vers un mouvement laïc international (compte rendu de la conférence du 10 et 11 février à Paris)

{{{Les 10 et 11 février, à l’appel d’Algérie Ensemble et de l’UFAL (Union des Familles Laïques) des laïques de France mais aussi d’Algérie, d’Iran et de Pologne se sont rassemblés. Deux journées très attendues qui se déroulaient au lendemain du procès de Charlie Hebdo …}}}Une assistance très motivée mais peu d’hommes et de femmes politiques : seuls Christiane Taubira, Anne-Marie Lizin, Présidente du Sénat belge et le député Marc Dolez avaient fait le déplacement. Corinne Lepage, laïque déterminée, avait envoyé un message. Et le Député-Maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard, ouvrit la Rencontre, en fustigeant la prétendue “laïcité ouverte”. Il affirma que , comme dans la résistance, il fallait savoir s’allier avec les républicains de « l’autre bord » Ces deux jours d’échange de grande qualité, ancrés dans le refus de la complaisance envers l’islamisme, furent marqués par plusieurs moments particulièrement forts. { {{ Y a-t-il quelqu’un pour répondre aux intégristes fanatiques}} } ? On retiendra la gravité du discours de Philippe Val, affirmant que les temps se révèlent obscurs , non pas tant parce qu’il existe des intégristes fanatiques mais parce qu’on ne trouve pas grand monde pour leur répondre. Simon Blumental, l’opiniâtre président d’Algérie Ensemble insista sur la dimension de la résistance au terrorisme islamiste. Interventions capitales aussi que celles des membres de la délégation algérienne dont Cherifa Kheddar(1), présidente de l’association des familles victimes du terrorisme. Ils ont témoigné de l’impossibilité d’afficher aujourd’hui sa laïcité en Algérie où l’accusation d’athéisme vaut appel au meurtre et où les islamistes amnistiés narguent les familles de victimes. Ils ont aussi rappelé ce que fut la solitude des anti-islamistes, abandonnés par des organisations comme la LDH (Ligue des Droits de l’Homme), la FIDH ou Amnesty International, pendant les années du carnage islamiste. Un passé non jugé, non évacué et qui menace de revenir : deux jours après la rencontre de Montreuil, les attentats de Kabylie, revendiqués par l’ex GSPC promu branche d’Al Qaida allaient faire 8 morts ! C’est Mohamed Sifaoui, lui-même rescapé d’un attentat perpétré à son journal en 1996, qui affirma son soutien aux victimes des terroristes de tous les pays du monde sans exception, à Alger ou Tel Aviv, victimes aux “corps déchiquetés, mutilés, humiliés”.{{ { L’angélisme refusé} }} “Fascisme islamiste” : les mots furent accolés par plusieurs intervenants qui dénoncèrent l’angélisme face au danger et l’abandon des valeurs universelles représenté par le “relativisme culturel”.Chalah Chafiq , représentante iranienne engagée dans la défense des droits des femmes et le combat pour la laïcité estime que la constitution théocratique de l’Iran n’est pas réformable .Selon elle , la démocratie islamiste est un leurre pour contrer la lutte des musulmans laïques. Pierre Cassen, Bernard Tepper et Jocelyne Clarke encadrèrent parfaitement ces journées au nom de l’UFAL. Ni Putes Ni Soumises était représentée par Mohamed Abdi, la LICRA par Alain Seksig et Regards de Femmes par sa présidente Michèle Vianès qui annonça une bonne nouvelle : la suspension des cours d’Hani Ramadan à Lyon, contre lesquels l’association avait mené un combat obstiné. Antoine Spire et Alain Calles, respectivement anciens dirigeants de la LDH et du MRAP, étaient présents, conscients de la dérive de leurs ex-organisations converties à la lutte contre “l’islamophobie” et coupables d’avoir pris part à la déshonorante curée contre un Robert Redeker menacé de mort. { {{Propos confus}} } En dépit du formidable dynamisme et de l’importance de ces journées, une certaine confusion politique et idéologique pouvait transparaître au détour de certaines interventions. Par exemple, lorsqu’une militante iranienne, ardente laïque, explique qu’il faut combattre deux ennemis, « le terrorisme d’état (américain) et le terrorisme islamiste … » Des participants estimaient en aparté qu’on pouvait critiquer, voire combattre résolument la politique menée par les USA sans renvoyer dos à dos le gouvernement d’un pays démocratique et le terrorisme islamiste . Ou d’autres qui rappelaient qu’à la fin des années 30, ceux qui disaient Hitler =Churchill s’interdisaient par là toute résistance au nazisme. Jean-François Kahn , intervenant au nom du magazine « Marianne » qui soutenait la conférence , se crut obligé, pour “équilibrer” son discours, de fustiger “l’intégrisme juif” et de rappeler qu’Israël avait jadis soutenu le Hamas pour contrer le Fatah (pseudo) laïque. Rappel absurde : cherche-t-on à expliquer que l’islamisme des Frères Musulmans est la création d ‘Israël ? Au cours des petites interruptions de séance de cette conférence bien dense , les échanges très libres ont permis à des participants ,qui regrettaient cette confusion , de s’exprimer sur les batailles politiques qui restent encore à mener pour penser le monde en termes …universels . Et de refuser les explications de type magiques … {{ {Lien entre la défense de la laïcité et la lutte contre le terrorisme ?} }}« Charlie Hebdo » est l’autre magazine qui a soutenu cette conférence . Ce que Philippe Val avait revendiqué dans un éditorial remarquable a été défendu avec brio par Caroline Fourest lorsqu’elle a exposé l’affaire du procès de Charlie Hebdo . On comprend que la défense de la liberté d’expression s’y joue à un double niveau .D’une part , il s’agit de défendre la laïcité : un interdit religieux particulier (en l’occurence l’interdit musulman de représenter Mahomet) qui ne saurait s’appliquer à toute la société ; d’autre part, il s’agit de défendre le droit à rire des terroristes ceinturés d’explosifs auxquels il est demandé de se tuer pour tuer au nom de l’islam. En écoutant C . Fourest conclure , une question paraît s’imposer : l’exercice salutaire du droit à rire des terroristes n’est-il pas une des formes de la bataille des idées contre la complaisance envers le terrorisme islamiste ?. { {{Une initiative importante annoncée en public}} } En conclusion de ces journées, Alain Calles et les dirigeants de l’UFAL ont appelé à la recomposition d ‘un mouvement antiraciste, laïque, pour les droits humains et contre l’intégrisme.Et contre le Terrorisme ?Une délégation du MPCT (Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme )a participé à cette conférence . Un de ses représentants a été applaudi lorsqu’il affirma avec une grande force de conviction : {« nous ne devons pas avoir peur de dire que se faire exploser dans un autobus ou un marché n’est jamais un acte de résistance »} Huguette Chomski Magnis , présidente du Mpct , a annoncé publiquement la tenue à Paris, le 11 septembre 2007 d’une Conférence Internationale Contre le Terrorisme en se félicitant que plusieurs personnalités et responsables associatifs français et étrangers aient déjà donné leur accord pour y participerAffaire à suivre . {{M-C H © mpctasso.org}} {(1) Lire sur le site notre entretien avec Cherifa Khaddar le 25/12/06}