Por la paz, contra el terrorismo…

{ {{{Madrid : retour sur une riposte populaire}}} } Mais qu’elles étaient belles ces dizaines de milliers de pancartes, toutes pareilles aux nôtres, dans les rues de Madrid et de Bilbao ce samedi 13 janvier ! {La vida, la libertad}, ajoutait l’immense banderole déployée au-dessus du cortège madrilène. Pour la paix, la vie, la liberté, contre le terrorisme.Plus de 250 000 Espagnols avaient choisi de dire ainsi NON au terrorisme de l’ETA qui avait fait 2 morts et 19 blessés dans l’attentat du parking de l’aéroport de Madrid le 30 décembre. Riposte populaire à l’intolérable, riposte fidèle aux traditions de combat forgées dans la résistance au franquisme. Réponse exemplaire que ce rejet d’un injuste moyen d’action, quelle que puisse être la légitimité des revendications nationales d’un peuple basque. Pas de dialogue avec les terroristes, unis contre le terrorisme, tel était le sens de cette manifestation. { {{Difficile unité contre le terrorisme}} } Encore que ni l’unité ni la clarté n’aient été totales.Si à Bilbao les nationalistes basques modérés et à Madrid les deux grandes organisations syndicales espagnoles et les associations d’Équatoriens (1) appelaient à la manifestation, le Parti Populaire et surtout la puissante Association des Victimes du Terrorisme l’avaient boycottée pour protester contre le dialogue engagé avec l’ETA par M. Zapatero. Sans doute avaient-ils tort de s’abstenir car la manifestation condamnait clairement le terrorisme. Tout comme avaient eu tort ceux qui après les attentats de mars 2004 avaient détourné leur condamnation des terroristes islamistes pour la diriger sur José Maria Aznar rendu responsable des attentats du fait de son soutien à l’intervention en Irak. Face au terrorisme islamiste, ni plus ni moins condamnable mais autrement meurtrier que celui de l’ETA et de surcroît planétaire, le “grand accord démocratique contre le terrorisme”, auquel José Luis Zapatero appelle à juste titre aujourd’hui contre l’ETA, avait fait défaut. Précédent dangereux, l’irruption violente des islamistes dans la campagne électorale avait réussi. Et, quoi que l’on ait pensé de l’intervention militaire de 2003, le retrait d’Irak des troupes espagnoles reste entaché d’avoir résulté des attentats de Madrid. { {{Silence face au au terrorisme islamiste ?}} } L’Irak justement, dont les civils sont massacrés par des attentats qui ne mobilisent pas l’opinion contre leurs auteurs ! Cent morts le 17 janvier, en majorité jeunes étudiants, plus de 200 le 23 novembre. Et entre deux dates chocs, jour après jour, la sanglante routine quotidienne.Civils frappés partout, à bord d’autobus, sur les marchés, jusque dans les lieux de prière. Un acharnement inouï qui n’a d’équivalent que dans la vague d’attentats qui frappèrent les civils israéliens pendant de longs mois au début du millénaire. Pourtant les grandes organisations se réclamant de la paix et des droits de l’homme ne manifestaient pas plus pour l’arrêt du terrorisme contre les civils israéliens, qu’elles ne l’avaient fait en solidarité avec les victimes du terrorisme islamiste en Algérie et qu’elles ne le font aujourd’hui pour l’arrêt de l’hécatombe des civils irakiens perpétrée par les islamo-baasistes. C’est qu’on tend à disculper les assassins et , sinon à justifier leurs actes, du moins à les comprendre en recherchant la cause responsable de leur désespoir. Avec la même obstination que la Toinette de Molière répliquant “Le poumon !” à chacun des maux énumérés par son malade imaginaire de maître, des leaders d’opinion rétorquent “l’occupation !” en guise d’explication au mal bien réel, lui, du terrorisme. Occupation américaine de l’Irak, israélienne de la Cisjordanie, voilà l’explication providentielle qui fait l’économie de l’analyse de situations complexes et tragiques . Elle a aussi l’avantage inavouable de ne pas fâcher les terroristes. Plus subtile que l’attitude extrême de déni absolu ( le-terrorisme-islamiste-n’existe-pas, c’est l’invention-des-diaboliques-acteurs-d’un-complot-mondial, dans la lignée des “Protocoles de Sages de Sion”), elle est en fait le discours dominant, relativiste et conciliateur, face au terrorisme. { {{Au centre : la bataille des idées !}} } Peut-on vaincre le terrorisme par les seules mesures sécuritaires et opérations militaires ? Assurément non.Si les premières, au prix de frustrations, de gênes quotidiennes et d’entraves aux libertés, parviennent à limiter considérablement les attentats, elles ne peuvent venir à bout du terrorisme surtout “suicidaire”. Quant aux secondes, face à des organisations terroristes utilisant délibérément comme bouclier humain la population civile qu’elles prétendent défendre, elles prouvent vite leur inadaptation. Reste la bataille des idées et le courage civique qu’elle exige. Car le terrorisme est fort du soutien moral dont il bénéficie. Fort de l’absence de la réprobation d’une conscience universelle. Fort des exceptions sanglantes à la règle que tolère le “consensus antiterroriste”. Une photo de la manifestation antiterroriste de Bilbao l’illustre bien : on y voit Jose Saramago défilant consciencieusement contre l’ETA. Immense écrivain mais minuscule citoyen rempli de haine, Saramago n’a jamais condamné les attentats contre les civils israéliens. Il les a justifiés en nazifiant Israël, lui qui a dit et répété que Jénine était le nouvel Auschwitz. Comment serait-il crédible lorsqu’il condamne le terrorisme de l’ETA ? En toute logique, il devrait aller plus loin que Batasuna, qui n’a pas condamné explicitement l’attentat de Madrid, et encourager l’ETA à intensifier ses actions terroristes. Mais la logique est étrangère à la doxa.Doit-on hausser les épaules devant l’absurdité de celle-ci ? Non car le refus de la condamnation inconditionnelle du terrorisme exprime l’incapacité à penser le monde en termes universels. Dangereuse fissure, elle lézarde la résistance du monde au terrorisme. Il est urgent que s’organise dans la société civile, à l’échelle de la planète, la force qui empêchera qu’elle devienne une brèche ouverte. { Por la paz y contra el terrorismo….Por la libertad y la vida. } {{Huguette Chomski Magnis © mpctasso.org 20/1/2007}} (1) Les deux victimes étaient équatoriennes (2) En tentant maladroitement de dissimuler l’origine islamiste patente des attentats, Aznar avait donné un argument supplémentaire à ses détracteurs