Interview de Deborah Münzer , réalisatrice de “White Out”

En introduction au rassemblement du 11 septembre à Paris à l’appel du Mpct sur l’Esplanade du Trocadéro , le public assistera à un extrait du spectacle de Deborah Münzer “WHITE OUT”, création collective à 4 personnes pour 15 comédiens . Nous avons rencontré hier cette jeune réalisatrice alors qu’elle était en pleine répétition .Elle a tout de même gentiment accepté de répondre à nos questions .{{C’est par le témoignage des vivants que les disparus peuvent retrouver un nom , un visage …}}{Deborah Münzer , vous présentez pour la première fois votre dernier spectacle “White Out ” au public parisien , ce lundi 11 septembre . Quel est le rapport avec cette date symbolique} ?> D.M :Je ne présente en fait qu’un extrait , un “bout” de White Out” mais pour répondre à votre question , “White Out” démarre au moment des attaques …{Quelle a été votre motivation pour monter un tel spectacle ?}> D.M : J’avais écris des textes d’après des témoignages de gens avec qui j’ai vécu , fréquenté ou travaillé lorsque je vivais à New York … En rentrant vivre à Paris , j’ai simplement compris que de créer un spectacle à partir de ces textes serait la seule manière d’inscrire une trace des victimes chez les spectateurs en leur donnant à entendre la cassure qu’a représenté l’événement dans la vie des témoins …C’est par le témoignage des vivants que les disparus peuvent retrouver un nom , un visage …{{Je trouve qu’il faut davantage parler des victimes que des terroristes… !}}{Vous estimez qu’on ne parle pas assez des victimes du terrorisme ?}> D.M : Oui et non . Non , dans le sens où des commémorations existent et sont respectées , en tous cas par certains . Oui , dans le sens où l’on ne sait plus en parler …On en parle de manière collective mais cela dépersonnalise les victimes …Et puis , permettez-moi de vous dire : je trouve qu’il faut davantage parler des victimes que des terroristes{Mais pourtant , on voit ou on lit souvent des reportages sur les victimes !…}> D.M : . Nous avons effectivement accès à un nombre indéfini et infini de drames , de guerres , de faits divers …autant d’histoires de vie , de drames humains mais qui sont livrés en pâture et qui restent trop souvent anonymes . Encore une fois ,dépersonnalisées .{{On est plutôt à l’heure du “tout mélangé”}}{Et selon vous , comment faut-il faire pour ressentir et respecter ces drames , ces histoires ?}>D.M : Il faut se pencher sur une seule , ou deux histoires … J’ai toujours pensé que se pencher sur un point précis apprend plus qu’un tour d’horizon général et éclectique …Et ce n’est pas ce que je vois à la télévision ou dans les salles de théâtre en ce moment …On est plutôt à l’heure du “tout mélangé”{A travers vos propos , on a l’impression que votre démarche est plutôt à contre-courant . Vous n’avez pas peur de vous sentir isolée ?}> D.M : J’espère toucher les gens et arriver à leur parler grâce à des moyens artistiques .Le réel m’intéresse comme source de travail . Mais au-delà de l’événement en lui-même , je voudrais que la société civile se sente de plus en plus concernée par des atteintes à ses droits humains les plus élémentaires comme ceux qu’elle subit à cause du terrorisme{En conclusion de cet entretien , dites-nous ce que vous souhaitez apporter avec ce spectacle ?}> D.M : Faire résonner le devoir de mémoire comme une attitude nécessaire face au terrorisme.Merci beaucoup Déborah Münzer .(Propos recueillis par Roland Douglas){{“WHITE OUT” DEBORAH MUNZER => IDEE ORIGINALE, TEXTES ET MISE EN SCENE. NOAM MORGENSZTERN => TEXTES ET MISE EN SCENE. PIERRE DARMON => MUSIQUE ORIGINALE. SARAH SZAMES => PLASTICIENNE.}}Article initialement publié le 10 septembre 2006