Les populations en Israël et au Liban terrorisées par le Hezbollah (suite) : nous recevons deux nouvelles analyses

{{{Nous mettons en ligne ces deux contributions : celle d’Huguette Chomski-Magnis qui nous livre à la fois son ressenti sur la compassion et ses réflexions sur ce qui se joue à travers la guerre créée par le Hezbollah , et celle de Lise Haddad qui nous décrit l’incarnation du tragique que revêt selon elle la situation pour Israël.{{Ces deux contributions ont en commun de s’interroger sur la difficile attitude des démocraties face au terrori}}sme .A suivre …}}} {{COMPASSION}} Quand tout se brouille, que la tragédie israélo-libanaise est sous les yeux du monde impuissant, faudrait-il avoir honte de ressentir d’abord une immense compassion ? Certes non. L’indifférence aux souffrances des hommes, des femmes et des enfants est toujours insupportable. Il faut aussitôt ajouter que cette compassion-même nous est disputée. On l’instrumentalise, on la viole, on la pollue. A nous de savoir refuser captation et détournement, à nous de savoir dénoncer la compassion factice !Entre indifférence au sort de la population libanaise et piège de la manipulation, il y a un espace pour l’humanisme héritier de Camus. Un espace que nous nous devons d’occuper, nous qui avons fait serment voici trois ans d’inscrire le combat contre le terrorisme dans la défense des droits humains universels. {{ {Compassion factice} }} Factice en effet, factice et mensongère, est la compassion qui ne s’étend pas aux Israéliens, à leurs morts, à leurs souffrances. Car ce n’est pas affaire d’arithmétique macabre, d’où on devrait déduire proportion et disproportion mais affaire d’éthique universelle! Combien de civils libanais sont morts sous les bombardements ? Nous l’ignorons en fait. La presse répète à l’envi que les victimes libanaises sont essentiellement des civils. Quid des combattants valeureux du “Parti de Dieu” ? Officiellement pas ou très peu de victimes alors que les bombes israéliennes les visent expressément. Paradoxal …De deux choses l’une : ou on nous ment ou ces combattants sont bien des lâches planqués derrière les civils. Sans doute les deux à la fois. Le programme du Hezbollah est, comme il se doit pour un parti dont les bandes armées défilent en faisant le salut nazi, le bon vieux slogan fasciste “Viva la Muerte” mais c’est de la mort des autres qu’il s’agit ! Disons le : même en faisant la part d’une propagande féroce et efficace qui interdit toute information fiable, un nombre tragiquement élevé de civils libanais a dû perdre la vie depuis le 12 juillet. Nul ne peut balayer cette donnée d’un revers de main au nom du cassage d’oeufs nécessaire à l’omelette, pas plus qu’on ne peut hausser les épaules devant l’exode massif des populations. {{ {Liban, le monde de demain ?} }} Il faut au contraire se pénétrer de ce qui se passe au Liban. C’est d’autant plus essentiel que le Liban préfigure ce que le monde deviendra si la vague du terrorisme islamiste n’est pas endiguée !A laisser proliférer une organisation terroriste qui installe ses installations militaires au milieu de populations civiles, pour frapper d’autres civils, on sacrifie par avance les civils. Le Hezbollah portait en lui la guerre “comme la nuée l’orage” mais pas n’importe quelle guerre, une guerre dont les zones d’habitation sont le champ de bataille.{{ { Il est tard} }} Face à ce que la communauté internationale n’a su empêcher, il n’y a pas de bonne solution.Il eut fallu agir avant.Il eut fallu que les casques bleus de l’ONU désarment, eux, le Hezbollah et la milice Amal. Il eut fallu que l’ONU empêche, elle, les tirs de roquettes sur le nord d’Israël à partir du territoire libanais, ces tirs dont le rapport de Human Rights Watch démontre à quel point ils ciblent les civils, ajoutant aux charges explosives des billes de métal qui n’ont comme objectif que de causer le plus de lésions possible. Il eut fallu que le Liban conquière indépendance et souveraineté nationale.Il eut fallu que Nasrallah réponde de ses crimes devant la Justice Internationale. Autant dire qu’il eut fallu une ONU rêvée ! Comment d’ailleurs l’ONU aurait-elle fait mieux que jadis la SDN face à la montée du nazisme quand les états qui la constituent, France en tête, ont voulu voir dans le Hezbollah une organisation fréquentable “faisant partie du paysage politique libanais” en dépit de son idéologie raciste et exterminatrice, en dépit-ou à cause-de sa pratique terroriste ? {{ {Et maintenant ?} }} Il n’a pas de bonne solution. Le choix d’Israël est littéralement cornélien : détruire l’arsenal du Hezbollah quitte à frapper beaucoup de civils innocents qui sont son “bouclier humain” ou se refuser à le faire au risque de laisser au Hezbollah une capacité de nuisance significative. Ce choix terrible, aucune société ne devrait avoir à le faire au 21° siècle et pourtant le monde entier risque d’y être confronté. Certes l’armée israélienne invite par tracts et haut-parleurs les populations civiles à fuir les zones de combat. Encore faut-il qu’elles puissent matériellement le faire, qu’elles aient accès à des voies de communication et qu’elles ne soient pas ligotées, séquestrées par le Hezbollah. {{ {Alors que faire, d’ici, aujourd’hui ?} }} Difficile à le dire mais on peut du moins éviter certaines fautes. Avoir la décence de ne pas appeler à revenir au “statu quo” qui a abouti à cette guerre ! S’abstenir de prôner au nom de la paix un cessez le feu qui donne une prime au terrorisme. Ne pas proposer comme solution un “échange de prisonniers” comme s’il y avait équivalence entre la libération de deux soldats enlevés en totale violation du droit humanitaire international et du droit de la guerre et celle d’un Samir El Kantar qui purge une peine de prison à vie pour l’assassinat de trois civils israéliens dont une petite fille de quatre ans. Assassinée sauvagement, la tête fracassée sur un rocher, après avoir assisté au meurtre de son père. {{ { Courage} }} Et puis surtout, il faut avoir le courage d’un Philippe Val pour sortir des sentiers battus et désigner Hezbollah, Hamas et leurs parrains pour ce qu’ils sont. Que penser, à l’inverse, des cinéastes israéliens, menés par les inévitables Eyal Sivan et Avi Mograbi, et de leur pétition qui fustige la brutalité et la cruauté de la politique israélienne… sans un mot contre le Hezbollah. Qui ne dit mot consent !Tant de bassesse, ça vous installe dans le microcosme parisien et c’est bon pour les affaires.Et puis pourquoi donc irriter des chics types juste un peu susceptibles qui pourraient généraliser les enlèvements, leur vieille spécialité et frapper “au-delà d’au-delà de Haifa”, allez savoir où ? {{ {Le vrai clivage} }} Q’on ne s’y trompe pas : le clivage fondamental n’est pas entre ceux qui jugent la réaction d’Israël trop dure et ceux qui l’approuvent totalement. Il est entre ceux qui veulent composer avec le Hezbollah et son maître de Téhéran et ceux qui s’y refusent. Il est entre esprit munichois et résistance. Il est entre soumission à l’impérialisme islamiste et lutte pour la survie des libertés démocratiques. {{Huguette Chomski Magnis © mpctasso.org24 juillet 2006}}———————————————————–{{ISRAËL AUJOURD’HUI , L’INCARNATION DU TRAGIQUE}}Le tragique, c’est n’avoir pas d’issue, c’est devoir choisir et en choisissant savoir qu’on va commettre l’injustice pour éviter une injustice plus grande encore. Une fois de plus, Israël incarne douloureusement la tragédie.Une fois de plus, Israël se trouve malgré lui constituer le paradigme du combat de la démocratie contre le terrorisme.Que voit on ? Le Liban, un pays à feu et à sang, des civils qui meurent, des exodes de pauvres gens qui peuvent tomber à tout instant et Israël, pays à l’armée puissante et à l’arsenal impressionnant lutter contre un ennemi impalpable : le Hezbollah qui chaque jour depuis des mois envoie des roquettes sur la population israélienne, organise des attentats suicide et depuis peu a commencé à pratiquer l’enlèvement d’Israéliens sur leur propre territoire. Une puissante armée, une guerre d’un côté, de l’autre des civils libanais pris en otages et des terroristes qui restent insaisissables et pratiquent une guérilla sans relâche et sans règle.Qu’en est-il ? Derrière le Hezbollah : deux pays la Syrie et l’Iran, ce dernier qui ne cesse de contester l’existence d’Israël et promet sa destruction ; le Liban lui, semble avoir perdu sa souveraineté et être devenu la base militaire du Hezbollah ; Israël enfin, traqué de toutes parts par le Hamas et par le Hezbollah qui, pour lutter contre l’ennemi commun, effectuent une alliance improbable et qui tentent de déstabiliser le pays.Il existe deux façons de détruire une démocratie : de l’extérieur en visant les civils, en détruisant le lien social, en laissant s’installer la terreur pour tuer la confiance du citoyen envers l’Etat et envers les institutions qui ne le protègent plus, celle du citoyen envers son prochain qui peut devenir ou cacher son meurtrier ; de l’intérieur et de façon encore plus pernicieuse, en provoquant une répression qui fait que la démocratie elle-même pour survivre doit renoncer à certaines de ses libertés et doit accepter de tuer des innocents manipulés et pris en otages par des criminels terroristes.Les terroristes et les pays qui ont choisi de défier l’Occident en avançant masqués l’ont bien compris : Israël perd chaque jour des civils et des soldats, c’est à dire des conscrits , donc tout Israélien rentrant dans les critères d’âge, pour préserver son existence ; pourtant on met au même plan cette guerre de survie et les attaques insidieuses survenues pour détruire Israël, son existence et ses principes.Les démocraties feraient bien de songer qu’il ne s’agit sans doute là que de la préfiguration d’un combat beaucoup plus global de la démocratie contre le terrorisme, combat terrible dont on n’a pas encore trouvé les règles car céder ou résister amène de toutes manières à un ébranlement de la démocratie dans ses fondements.{{Lise Haddad © mpctasso.org 25 juillet 2006}}