Terroristes ou résistants ?

{{UN MÉPRIS SOUVERAIN POUR LA VIE}}Fin juillet 2005, AI publiait un rapport accablant sur les exactions commises « de sang froid » (c’est une façon de parler) par les divers groupes armés qui combattent en Irak l’occupation de la Force multinationale (FMN). Ce rapport est passé largement inaperçu dans une opinion occidentale vaquant à ses vacances estivales et davantage habituée à voir les Etats-Unis incriminés, ce rapport est pourtant édifiant. Ainsi, les civils irakiens paient au prix fort la lutte à mort engagée entre, d’une part, les troupes de la FMN dirigée par les États-Unis et les forces de sécurité irakiennes et, d’autre part, les groupes armés opposés aux nouvelles autorités gouvernementales irakiennes et à la présence de troupes étrangères en Irak. Les groupes armés ont provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes. Selon une estimation fiable et « malheureusement » minimale, ce ne sont pas moins de 6 000 civils qui ont été tués et 16000 autres blessés après avoir été directement et aveuglément pris pour cibles par les groupes entre mars 2003 et mars 2005.Habituellement, les groupes armés prennent pour cible tout civil irakien qu’ils décrètent comme traître ou collaborateur : interprètes, chauffeurs et autres civils employés par la FMN, ainsi que des fonctionnaires, des responsables gouvernementaux, des juges et des journalistes. Les étrangers, parmi lesquels des employés d’ONG humanitaires, des journalistes indépendants, des entrepreneurs et des chauffeurs, parce que non irakiens ou non arabes, sont souvent considérés par les groupes armés comme des partisans de la FMN et « ciblés » en conséquence. Par ailleurs, plusieurs centaines de personnes, irakiennes ou étrangères, ont été prises en otages ; nombre d’entre elles ont été exécutées, certaines par balle et d’autres par décapitation. Beaucoup de victimes ont été torturées avant d’être exécutées. Des militantes des droits des femmes ainsi que les Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et d’autres organisations humanitaires internationales ont également été pris pour cible.Sur le « front intérieur » stricto sensu, les groupes armés, plus que manifestement d’obédience sunnite, s’en prennent à des membres de communautés religieuses et ethniques, plus précisément aux Arabes de confession chiite et aux Kurdes. Les institutions politiques et religieuses de ces communautés, notamment des mosquées chiites et le siège de partis politiques, sont régulièrement la cible d’attentats à l’explosif qui entraînent des pertes très élevées dans la population civile. Destinées depuis la mi-2004 à entraîner la société multiethnique et multiconfessionnelle irakienne dans une guerre civile sans merci, ces attaques ont en tout cas fait franchir par l’Irak un pas de plus dans l’horreur suite à la destruction à l’explosif de la Mosquée Al-Askari, l’un des monuments chiites les plus respectés et sans doute l’un des monuments islamiques les plus anciens au monde. Lorsqu’ils n’étaient pas visés directement, plusieurs centaines de civils ont péri à la suite d’attentats à la voiture piégée ou d’attentats-suicides contre des convois militaires et des bases de la FMN et des forces irakiennes. Pour Amnesty International, quelle que soit la cause invoquée et quelles que soient les circonstances que certains en Europe voudraient leur trouver, les attaques visant directement ou sans discernement des civils, les prises d’otages, la torture et les mauvais traitements, sont des crimes contre le droit. Aux termes du droit international humanitaire, les individus et les groupes qui se participent ou commanditent ces actions se rendent tout simplement coupables de crimes de guerre et contre l’humanité. Ni plus ni moins, tant les droits humains ne se partagent pas.