{{Declaration du 3 décembre 2004}} Il y a quelques jours le bouleversant reportage « Tuez les tous » montrait comment, à l’ère de l’hypermédiatisation en temps réel, un génocide méticuleux s’était déroulé sans entraves au Rwanda, la part de responsabilité de la France et des instances internationales étant indéniable dans ce laissez-faire. Avons-nous pour autant tiré tous les enseignements des errements qui eurent ces conséquences effroyables il y dix ans ou bien préparons-nous la matière d’une nouvelle commémoration dans 10 ans ? On peut se poser la question et s’étonner que le Darfour soit aussi absent des campagnes de solidarité internationale puisque, en-dehors de quelques organisations humanitaires personne n’a jugé nécessaire de lancer une mobilisation populaire ni même une campagne de sensibilisation de l’opinion publique en faveur des populations du Darfour. Et pourtant il y urgence et leur tragédie continue, alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU a desserré la pression sur les autorités de Khartoum en écartant dans sa dernière résolution du 19 novembre les menaces de sanctions et l’exigence du désarmement et du jugement des milices Janjawid pro-gouvernementales. entiers ont été détruits, les récoltes brûlées, le bétail et les biens pillés. Les exactions, les massacres de civils, les viols, les assassinats et les tortures sont avérés. Comme est avérée l’association des bombardements aériens par les forces gouvernementales et des raids terrestres menés par les milices Janjawids dans l’attaque de villageois. Les revenus du pétrole sont utilisés pour financer l’armement et les milices. Sans embargo total sur les armes, les massacres de civils pourront se poursuivre. L’appel du représentant de Human Rights Watch « Si le Conseil n’accompagne pas ses ultimatums d’actes forts, la purification ethnique au Darfour s’intensifiera. Et des centaines d’employés de l’ONU assisteront impuissants aux événements. » n’a pas été entendu par le Conseil de Sécurité! Le commissaire européen Louis Michel a annoncé une augmentation du montant de l’aide humanitaire apporté par l’UE en avertissant d’une « crise alimentaire majeure à l’horizon ». Mais, on le sait l’aide humanitaire ne suffit pas si on ne met pas un terme au nettoyage ethnique en cours depuis février 2003. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, hommes , femmes et enfants ont été tués. Plus de 1 Million 400 000 personnes sont été déplacées dont 200 000 sont réfugiées au Tchad. Des villages L’impunité des responsables de ces actes demeure totale alors que les victimes ne connaissent pas de répit. Il faut prendre connaissance des derniers rapports de Human Rights Watch If we return we will be killed ( Si nous retournons chez nous, nous serons tués”) Peace Deal Must Tackle Past Abuses (Les accords de paix doivent prendre en compte les exactions commises) ainsi que des Photos “Darfur in flames” (Darfour en feu). Site http://hrw.orgIl faut aussi lire le dernier Communiqué d’Amnesty International Pas de paix sans justice qui accompagne le rapport ” Personne auprès de qui porter plainte” avec des témoignages sur des violences et tortures récentes et l’impossibilité pour les victimes d’obtenir justice. site [http://web.amnesty.org->http://web.amnesty.org] Après le vote du Conseil de Sécurité, Jerama Rone, Responsable de Human Rights Watch pour le Soudan déclarait « Nous craignons que le gouvernement soudanais prenne cette résolution comme un chèque en blanc pour continuer ses atrocités contre la population civile du Darfour. » Et il concluait : « Ne laissez pas les habitants de Darfour sans protection. » Cet appel, il faut l’entendre et le prendre eau sérieux. L’oubli et le silence permettent le nettoyage ethnique. Une campagne de solidarité avec la population du Darfour peut et doit s’organiser, c’est notre responsabilité à tous. Elle peut faire une énorme différence pour son sort.