Abolition du discernement sans renvoi en cour d’Assises ou altération du discernement avec renvoi en cours d’Assises, tel était l’objet des débats de ce 27 novembre, devant la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Paris, en présence de l’assassin de Sarah Halimi dans une cage de verre et sous protection policière.
Il a déjà 20 condamnations à son actif et pas d’antécédents psychiatriques.
Une audience lourde et intense avec les avis de sept experts psychiatriques qui ont rendu trois expertises. Le Dr Zagury concluant à l’altération du discernement, les deux autres collèges de trois experts chacun concluant à son abolition.
Le récit de la nuit du 3 au 4 avril où l’assassin sonne à la porte du voisin de Sarah Halimi à 4h du matin en disant c’est moi Kobili, à ce balcon enjambé pour se retrouver dans le salon de Sarah Halimi, mais le prévenu déclare qu’à ce moment il ignorait où il se trouvait.
La vue du chandelier et de la Torah qu’il identifie comme objets de culte juif l’oppresse. Il fait du bruit, Sarah Halimi se réveille, il lui demande d’appeler la police mais, dit-il, elle ne donne pas le bon numéro de la rue. Il s’énerve et frappe avec “un acharnement bestial” accompagné d’insultes et de Allah ouakbar dira un voisin réveillé par les gémissements de souffrance.
La police arrivée rapidement sur les lieux n’interviendra qu’après la défenestration de Sarah Halimi, jetée du balcon encore en vie mais vraisemblablement inconsciente. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’intervention plus rapide, cette question ne fut pas abordée.
Les experts parlent d’une bouffée délirante aigüe avec origine exototique, liée à une consommation importante de cannabis, jusqu’à dix joints par jours durant près de quatorze ans. Fut elle de nature suffisante à abolir tout discernement ?
Les avocats des enfants et du frère de Sarah Halimi invoqueront la prise volontaire de cannabis et le risque d’une ” jurisprudence Sarah Halimi” avec la constitution d’un Manuel d’Irresponsabilité pénale où la prise de cannabis serait une circonstance déresponsabilisante.
L’avocat de la défense rejoint l’avocat général qui penche vers l’abolition du discernement avec néanmoins la circonstance aggravante liée à l’appartenance à une race ou une croyance. Les contacts avec la mosquée d’Omar, connue pour la virulence de ses prêches où le prévenu se rendait quotidiennement et notamment la veille des faits durant plusieurs heures sont considérés comme négligeables et non pertinents: il n’y aurait pas d’antisémitisme avéré chez le prévenu.
Débats sur les limites de la psychiatrie, sur la complexité de la matière humaine, sur une instruction quelque peu contestée, le délibéré est prévu le 19 décembre, la veille des Fêtes.
Après la non-intervention de la police, le silence médiatique, l’absence de procès risque une nouvelle fois d’accompagner Sarah Halimi, dont le nom serait alors attaché à une nouvelle affaire honteuse dont une femme juive serait la victime.
Correspondant MPCT au Palais de Justice.