Tribune : C’était donc ça, Auschwitz ?

Vu et entendu à la télévision : Gaza c’est Auschwitz.

Ni la très chevronnée journaliste Léa Salamé, ni personne d’autre sur le plateau de l’émission « Quelle époque ! » ne contredit la sortie de Thierry Ardisson.
Terrible consensus.


Auschwitz c’était donc Gaza.

L’absurdité le dispute à l’indécence.

Des miliciens juifs masqués, en uniformes flambant neufs y faisaient-ils régner la terreur, si bien armés qu’ils pouvaient tuer par centaines les mieux équipés des militaires ?

Y torturaient-ils des otages ?

Y assassinaient-ils des bébés allemands ?

Si Auschwitz et les autres camps dans lesquels les membres de ma famille se retrouvèrent, avaient été Gaza, la plupart des miens auraient survécu.

Ce ne fut pas le cas, personne ne revint. C’est cela un génocide.

Dire Gaza c’est Auschwitz, c’est du vulgaire négationnisme relooké par la calomnie.

C’est la justification de tous les crimes passés, présents et futurs commis contre Israël et contre les Juifs, victimes-devenues-bourreaux.

Cette inversion victimaire si bienvenue qui monte depuis plus de 20 ans est aujourd’hui poussée à son paroxysme.

Le Dr Raphaël Pitti, autre habitué des plateaux, s’ingénie à nous faire passer la guerre menée par Israël contre le Hamas pour un génocide, alors que l’examen des faits infirme l’intentionnalité de frapper les populations civiles, utilisées comme bouclier humain par le Hamas dans une zone densément peuplée.

Médecin de guerre, avec un parcours d’humanitaire sur plusieurs théâtres, le Dr Pitti a apriori le profil d’ un intervenant crédible.

Pourtant, sur Gaza, force est de constater qu’il sort de son rôle d’humanitaire en relayant le narratif du Hamas, avec ses bilans estampillés “Ministère de la Santé” et “Défense Civile”, ses chiffres, ses accusations et ses dissimulations.

Pourtant, le sort d’otages humiliés et exposés aux pires sévices, ne soulève pas l’indignation de cet humanitaire pas vraiment humaniste.

Pourtant, le sort des Gazaouis assassinés par le Hamas semble lui être étrangement indifférent.

Et puis, comment un médecin peut-il dénoncer la destruction des hôpitaux par Israël en taisant le fait que ceux-ci sont cyniquement utilisés par le Hamas pour y cacher ses hommes, son arsenal et ses entrées de tunnels ?

En novembre 2023, en vérité plus politique et idéologue qu’humanitaire, il décrétait déjà qu’Israël ne détruirait pas le Hamas et que celui-ci ne libérerait pas tous les otages qui sont « sa seule garantie de pouvoir négocier ». (1)

Le message implicite était vous ne devez pas vous en prendre au Hamas, vous devez lui céder, accepter son impunité et sa pérennité.
De la lutte contre le terrorisme, faisons table rase.

Et aujourd’hui, il soutient que la guerre, meurtrière et destructrice, qui se poursuit à Gaza n’a rien à voir avec le 7 octobre, ce crime contre l’humanité devant lequel la justice internationale abdiqua !

Alors que 58 otages israéliens et d’autres nationalités sont toujours à Gaza, vivants torturés et morts offensés !

Alors qu’en Israël les suicides de survivants du 7 octobre et de proches de victimes se poursuivent inexorablement !

Ces suicides sont dus à la profondeur du traumatisme, à l’intensité de la douleur, sans nul doute amplifiée par l’effarante indifférence du monde, par l’injustice de se voir non seulement ignorés dans leur souffrance mais traités en criminels.

Comment ne pas penser au suicide de Stefan Zweig, « témoin de la défaite la plus terrifiante de la raison et du triomphe le plus sauvage de la brutalité » comme il l’écrivit dans son livre-testament, Le monde d’hier.

Peu importent les excuses d’un Ardisson. Son attitude, celle de Léa Salamé et de bien d’autres personnalités médiatiques sont, à leur manière, aussi graves que les gestes d’égorgement qui se multiplient dans les manifestations.

A Bâle, c’est la chanteuse Israélienne, Yuval Raphael, survivante du carnage perpétré au Festival Nova, qui a été visée par un tel geste, mimé par un prétendu défenseur des Palestiniens, signifiant ainsi son désir de voir « finir le travail ».

Face à ce boycott haineux qui exclut Israël et son peuple dans tous les domaines, artistique, sportif, académique, humanitaire, politique et juridique, qui entend les expulser de la communauté humaine, jusqu’à ostraciser même otages et victimes du terrorisme, la solidarité s’impose à nous comme un devoir pour l’humanité.

Huguette Chomski Magnis

Secrétaire générale du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme
Paris, le 12 mai 2025

(1) https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/moselle/metz/entretien-avec-raphael-pitti-medecin-humanitaire-et-responsable-formation-de-l-ong-francaise-mehad-sur-la-situation-humanitaire-a-gaza-2879462.html