16 octobre 2024, square Samuel Paty (3)

Ci-dessous les interventions très fortes faites au nom de la LICRA, de la LDIF et de Regards de Femmes.

Un grand merci à ces associations pour leur participation !

Texte prononcé le 16 octobre 2024 lors de l’hommage rendu à Samuel Paty, par Hélène Bouniol, co-présidente du Réseau Education de la LICRA
[En photo en tête d’article, aux côtés de Françoise Morvan, qui a dirigé la cérémonie.]


Pour les représentants du réseau éducation participer à cet hommage à Samuel Paty mais aussi à Dominique Bernard et à Jonathan Sandler s’impose comme une nécessité dans notre combat pour lutter auprès des victimes du racisme et de l’antisémitisme et notre défense de notre démocratie.


C’est aussi rappeler notre engagement auprès des enseignants pour faire adhérer la jeunesse aux valeurs et principes de notre République et lutter contre la pénétration de l’islamisme dans les écoles.

Ce combat que menait Samuel Paty pour développer l’esprit critique et le symbole de son assassinat ainsi que ceux de celui de Dominique Bernard et de Jonathan Sandler, obligent les enseignants et la pyramide hiérarchique de l’Education Nationale à une véritable mobilisation pour ne rien lâcher tant au niveau du respect de l’autorité des maîtres qu’au principe de la laïcité.

Ces assassinats interrogent la responsabilité d’une société qui n’a pas compris qu’à force de tolérer l’intolérable , l’intolérable arrive.

Dans une démocratie, assassiner des citoyens parce qu’ils sont enseignants, dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer voir réapparaître dans le domaine de la barbarie et de l’obscurantisme.

Ce triple acte de terrorisme lié à la volonté d’opposer le dogme religieux à la neutralité de l’école publique pose aussi le problème de la responsabilité des parents comme celui du politique.

Honorer la mémoire de Samuel Paty, de Dominique Bernard et de Jonathan Sandler ne peut se résumer à une minute de silence et quelques belles déclarations démagogiques. C’est grâce à l’action, décrite ici par Madame la Proviseure 1), que nous devons ensemble , et les événements récents le montrent, malgré l’immobilisme de l’institution , que nous pourrons faire en sorte que la République ne perde pas les territoires de son école.

Hélène Bouniol, Bernard Ravet

(1) Madame la Proviseure du Lycée Lucas de Nehou, dont l’intervention venait d’être chaleureusement applaudie.

 _________________________________________________________________________________________________________________________________________

Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes

Le 16 octobre 2024, cérémonie organisée par le MPCT devant la plaque en hommage à Samuel Paty, Paris

QUEL SENS FAUT-IL DONNER AU DEVOIR DE MEMOIRE ?

C’est aller au-delà d’un simple hommage

C’est ne pas se contenter de clamer : « PLUS JAMAIS CA ! »

C’est pouvoir montrer qu’on a compris ce qui s’est passé et qu’on a agi pour que cela ne se reproduise plus.

Or, en cette journée de commémoration, si nous qui sommes autour de ce lieu de mémoire, avons compris et agi, on est loin de pouvoir dire que le combat contre cet islamisme assassin qui s’en prend aux valeurs les plus fondamentales de la République ne frappera plus celles et ceux qui ont fait le choix de se vouer à l’enseignement de ces valeurs.

La preuve :

• Trois ans après Samuel Paty, Dominique Bernard tombait sous les coups d’un jeune radicalisé.

Comme l’écrit JEAN BIRNBAUM dans un article remarquable du Monde : « une fois de plus un homme sans défense a été livré à un tueur sans limites guidé par des collégiens sans conscience ».

• Et puis il y a eu des évènements certes moins graves comme celui d’une enseignante au Lycée Sévigné à propos du voile… ce voile qui est l’obsession des islamistes tout autant que la liberté d’expression !

• Et combien d’autres violences de ce type dont on ne parle pas… ?

Oui, nous sommes loin de voir la réussite de notre combat.

Cette année pourtant a été riche d’enseignements :

• Avec la publication du livre de la SŒUR DE SAMUEL PATY,
• Avec la présentation de documentaires détaillant jour après jour la chasse à l’homme dont SAMUEL PATY a été la victime,

Ce qui m’a frappée en prenant connaissance de ces informations c’est de constater :

• La peur qui s’était soudain abattue sur l’ensemble du corps enseignant de cet établissement, ce qui prouve qu’il y avait bien une prise de conscience d’un terrible danger.
• Et en même temps le lâchage du Rectorat et du référent laïcité et aussi de certains collègues.


Or, comme l’écrit MICKAELLE PATY
« la seule force dont nous disposons dans une démocratie, c’est le nombre. Si la majorité se tait, ou se met à genoux, ceux qui restent debout deviennent des cibles » .

Citation qui m’a rappelée celle de BERNANOS :
« A-t-on idée d’être debout dans un monde à genoux !».

Notre réponse : hier, aujourd’hui et demain, il nous faut rester debout, plus que jamais !

_________________________________________________________________________________________________________________________________________
NI OUBLI, NI PARDON !
Intervention de Michèle Vianès, Présidente de Regards de Femmes

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, enseignant à Conflans Sainte Honorine, a été décapité parce qu’il avait exposé à ses élèves, citoyennes et citoyens en devenir, les principes de liberté d’expression et de liberté de la presse, ces piliers de la démocratie en vigueur dans les lois françaises.

Il leur avait montré les caricatures de Mahomet publiées au Danemark puis par Charlie Hebdo.

Il s’en est suivie une barbarie monstrueuse, la décapitation d’un enseignant à la suite de plaintes de parents islamistes et de représentants de groupes islamistes, plaintes relayées sur les réseaux sociaux, indiquant le nom et le lieu d’exercice du professeur !

Barbarie monstrueuse dans la continuité des attaques contre l’école de la République, par parents et associations, depuis 1989. Il s’agissait déjà, il s’agit encore, de prétendre « protéger » les filles contre l’école de la République.

Prétendre « protéger » les filles en semant la terreur, en publiant, toujours sur les réseaux sociaux, les images insoutenables de la décapitation, trouve toujours des abrutis complices pour relayer mensonges et infamies ou pour passer à l’acte.

Les manœuvres des islamistes, leur haine de la France, leur stratégie d’endoctrinement sont relayées par toutes et tous les islamo-gauchistes, par des médias, par des responsables associatifs, politiques et religieux. Tous responsables et coupables.

L’islam peut être critiqué et moqué, comme toutes les autres religions, comme toutes les croyances, comme toutes les opinions, car en démocratie, une religion est une opinion, elle n’est pas sacrée. Une société sans droit de blasphème, c’est une société où la religion dicte aux gens leur manière de vivre, les limites de leur comportement et de leur parole. C’était la France de la Saint Barthélémy… C’est l’Iran d’aujourd’hui.

Samuel Paty remplissait simplement sa mission.

L’école de la République a pour mission d’apprendre aux élèves à être autonomes, à être capables de dire « NON » aux diktats politiques ou religieux et à se passer de maitres.

Il est indispensable de rappeler ce message, son message, d’autant plus qu’aujourd’hui, l’école n’est plus un sanctuaire à l’abri des conflits de la société.

Dans l’école du « contrat de confiance », comme si l’école était un produit marchand, les parents et les enfants exigent que leurs croyances soient respectées. Ceci entraine autocensure des enseignants et revendications différentialistes des parents et des élèves. Les élèves ne sont plus là pour apprendre, mais pour imposer leurs croyances ou celles de leurs parents.

Nommer une rue, un square, un collège Samuel Paty c’est bien, mais rappeler la mission de l’enseignant qu’il pratiquait est l’unique manière de le faire revivre.

Ce qui, aujourd’hui, menace l’institution, ce sont bien sur les crimes épouvantables qui pourraient encore se produire et qui soulèveraient notre indignation unanime, mais c’est surtout ce silence « débonnaire » de cours débarrassés de tout enseignement « à problème », avec des élèves qui auraient réussi à faire adopter la loi du plus fort, celle des islamistes qui imposent leur idéologie et le retour du blasphème.
Une sacrée faillite pour l’école des hussards noirs de la République.

Ni oubli, ni pardon !