16 octobre 2024, square Samuel Paty (1)

Intervention d’Huguette Chomski Magnis, Secrétaire générale du MPCT

Françoise Morvan a rappelé pourquoi nous sommes rassemblés. Mais pourquoi le sommes- nous ICI et pas ailleurs dans Paris ?

Parce que nous sommes face à la Sorbonne, ce symbole de la culture émancipatrice, là où l’hommage de la Nation fut rendu à Samuel Paty mais là aussi, à l’université, où se manifestent des courants contraires, qui n’ont plus guère à voir avec les humanités et auxquels il faut résister.

Parce que ce square est dédié à Samuel Paty et que sa plaque commémorative a le rare mérite de NOMMER la nature du terrorisme qui l’a assassiné, de désigner le terrorisme ISLAMISTE.

Cela a déplu à certains puisque cette plaque a été vandalisée à plusieurs reprises : le mot islamiste a été rayé, le nom de Samuel Paty a été effacé.

Comme le disent nos amies du 5 ème arrondissement qui sont vigilantes et signalent toute nouvelle dégradation à la Mairie, laquelle procède aussitôt à la réparation « la haine est tenace, nous ne céderons pas ! »

Voici un an, Mickaëlle Paty déclarait :

« Il faut bien rétablir l’ordre des choses en ce lieu : un acte terroriste n’est ni justifiable ni légitimable, il vise à tuer et non à se défendre face à une supposée agression.
Comment peut-on envisager 2 mondes irréconciliables ? L’un humaniste où certains s’efforcent de prolonger la vie et l’autre inhumain où certains ne pensent qu’à anéantir la vie. »

Oui, il s’agit bien de deux mondes irréconciliables et nous n’avons pas le choix : le premier doit résister au second et le vaincre.

Nous étions alors trois jours après l’assassinat de Dominique Bernard.

Il avait été ciblé par un ancien élève devenu terroriste islamiste, gonflé de haine : haine de la France, haine de la République, de Marianne, de la liberté, haine de l’école laïque.

Nous étions 9 jours après le 7 octobre, ce crime au service d’un projet génocidaire qui avait fracassé la Israël et l’humanité.
Nous en sommes-nous remis ? Je ne le pense pas.

Il nous faut d’ailleurs remonter plus loin dans le temps, jusqu’au 19 mars 2012, ici, en Franc
e.
Avant l’école de la République, ce fut une école privée, confessionnelle, une école juive, qui fut ciblée par un terroriste islamiste.
Des petits enfants y furent massacrés parce qu’ils étaient juifs.

Pour notre pays, ce fut un point de bascule mais la France n’en prit pas conscience !
Tout désormais devenait possible.
Et tout devint possible !

Ce fut la déferlante des attentats de 2015, ouverte par celui contre Charlie Hebdo.
Le lien avec l’assassinat de Samuel Paty est direct : il s’agit d’interdire par la terreur toute représentation de Mahomet. Autrement dit, étendre un interdit religieux à toute la société, établir un délit de blasphème, passible de mort comme en république islamique.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

L’infatigable Mickaëlle Paty a témoigné devant le Sénat, elle témoigne devant des classes.
Elle a fait bouger les lignes, elle a fait reculer le pas de vagues qui n’avait que trop longtemps eu cours.
Elle publie « Le cours de M. Paty », restituant le cours pour lequel son frère a été assassiné et décapité, alors qu’il respectait scrupuleusement le programme de l’Education Nationale pour faire appréhender la liberté d’expression.
Le collège où enseignait Samuel Paty va enfin porter son nom.
C’est bien.
On nous dit qu’il y a eu une baisse importante des atteintes à la laïcité à cette Rentrée et des incidents pendant la minute de silence. Tant mieux.
Mais 78 incidents rapportés dès le lendemain, n’est-ce pas encore beaucoup trop ?
Et l’envolée des demandes de protection fonctionnelle ne se produit pas sans raison.

La violence est bien là, des professeurs et des chefs d’établissement ont été menacés de mort et frappés, au fil des mois.

Il y a peu, à Tourcoing, une enseignante a fait preuve de rigueur, de civisme, de courage pour rappeler la loi. On connait la suite.
Mais le plus grave est qu’elle n’ait pas bénéficié du soutien unanime de ses collègues.
Il s’est trouvé des collègues pour la critiquer, voire pour l’enfoncer, comme d’autres avaient enfoncé Samuel Paty. Des syndicats, certes minoritaires, qui ont vocation à défendre les intérêts moraux et matériels des personnels, ont adopté ces positions.

Derrière la lycéenne qui refuse de retirer son voile, il n’y a pas la révolte d’une adolescente mais l’offensive en règle de l’islam politique, qui veut faire émerger dans l’Education Nationale un ordre alternatif à l’ordre républicain.

Aussi l’hommage, le recueillement à la mémoire de Samuel Paty et Dominique Bernard doit s’accompagner de l’engagement à tout faire pour résister à cette offensive, pour que les profs n’aient plus peur, pour qu’ils ne s’autocensurent plus, pour que la solidarité s’affirme, pour que n’adviennent pas de nouveaux massacres.