Terrorisme : écouter les victimes !

Les auditions des parties civiles au procès des attentats du 13 novembre  se sont achevées.  

Quelques médias nous ont permis de suivre les témoignages.  Il faut espérer que le verbatim de l’ensemble sera publié car ils sont essentiels dans leur diversité. Il faudra n’en oublier aucun, messages de souffrance extrême mais aussi de résilience, d’amour, de colère, d’engagement et d’espoir.

Quelques paroles relevées  dans les comptes-rendus d’audiences :

“L’enfer du Bataclan continue de me hanter”

” Pourquoi elle est morte et pas moi ? “

“Je suis sortie vivante parmi les morts, mais je suis devenue morte parmi les vivants.”

“Ils ont voulu retirer notre liberté mais au final ils n’ont fait que raviver la flamme en nous.”

“Dieu peut pardonner, mais pas nous.”

 “Comment retrouver confiance en l’autre après cela ? Qui pourra affirmer que le voisin à qui on disait poliment bonjour ne cherche pas à nous faire du mal ?”

Irmine, sortie du Bataclan sans son ami, espère que le procès aura “ouvert un abri pour la mémoire des morts” ainsi qu’ “une nouvelle ère de vie” pour les survivants.

Arthur, Président de l’association Life for Paris :

“Je n’ai pas de définition du terrorisme, mais ce que j’ai entendu c’est que le terrorisme c’était la tranquillité impossible.”

Sur la chaîne You tube MPCT Infos, vous pouvez retrouver le témoignage, sobre et digne, du  Professeur David Ruzié.

Cet éminent spécialiste de droit international,  dont les analyses sont si précieuses au combat contre le terrorisme, en est hélas devenu victime lui-même, lorsque Justine, sa petite-fille, a été assassinée le 13 novembre au restaurant “Le Petit Cambodge”.

Vous retrouverez aussi

-le témoignage absolument poignant de Catherine Vannier, mère de Cécile, la jeune lycéenne tuée dans un attentat au Caire en 2009.

– celui de Benjamin Horgen dont l’épouse franco-israélienne a été assassinée parce que femme et juive. Le terroriste qui l’a tuée vient d’être condamné. 

– celui de Nicole Guiraud qui fut victime, enfant, de l’attentat du Milk Bar à Alger en 1956.

 

Tous ces témoignages avaient été projetés le 11 septembre au Salon du Livre du MPCT ” 20 ans après le 11 septembre”, l’universalisme face à l’islamisme” :  la condamnation du terrorisme ne peut être qu’universelle, dans le temps et dans l’espace.

Enfin, parce qu’il est remarquable de justesse et qu’il a été peu diffusé dans la presse, nous publions de larges extraits d’un témoignage lu à la barre  au  procès des attentats du 13 novembre :

“… ce petit texte que j’ai détourné à ma façon :

“Ils sont d’abord venus attaquer des militaires et je n’ai rien dit  parce que je ne suis pas militaire.  Puis ils ont tué des enfants et des parents juifs et je n’ai rien dit parce que je ne suis pas juive. Ils ont tiré sur des journalistes, des dessinateurs et je n’ai rien dit parce qu’après tout ils l’avaient bien cherché avec leurs caricatures. Ils ont égorgé un chef d’entreprise et je n’ai rien dit, je ne suis pas chef d’entreprise… Ils ont tué des policiers et je n’ai rien dit, je ne suis pas policière. Ils ont égorgé un prêtre et des fidèles et je n’ai rien dit, je ne suis pas catholique. Ils ont foncé dans la foule en camion et je n’ai rien dit, je suis agoraphobe. Ils ont décapité un enseignant et je n’ai rien dit, je ne suis pas professeure. Et normalement le texte initial se termine par ” Puis ils sont venus me chercher et il n’y avait personne pour me défendre…”

A toutes les personnes qui n’ont pas conscience de ce qu’est le terrorisme et le totalitarisme islamiste, j’aimerais dire une seule chose : aujourd’hui c’est moi qui suis là, par hasard, partie civile dans ce procès, parmi tant d’autres, parce que mon compagnon, le père de mes petites files a pris une balle au mauvais endroit au mauvais moment et qu’il n’est plus là. Demain cela peut être n’importe lequel d’entre vous, Noir, Blanc, Musulman, Chrétien, Juif, athée…..

… Contrairement à d’autres, je ne dis pas ” ces gens n’ont pas ma haine”, non. Ces gens nous ont déclaré la guerre, vous ont déclaré la guerre. Et c’est en ayant le courage de nommer et d’affronter l’ennemi, TOUS ENSEMBLE, que nous nous en sortirons.

Il ne faut rien leur céder : ni notre musique, ni notre art de vivre, ni notre joie à être ensemble, ni notre éducation, ni notre laïcité, ni nos lois, ni notre République, c’est tout cela qu’on appelle faire Nation.

Ces hommes qui sont dans le box ne m’intéressent pas. Je m’adresse à leurs complices, à tous les complices des idées islamistes, qui sont nombreux dans notre société ouverte, parfois même sans s’en rendre compte, sous couvert de tolérance…

Bien au delà de ce procès, c’est le tribunal de l’Histoire qui les jugera.”

 

Crédit image : Vocation Service public