Iran 2021: Exposé de Mahnaz Shirali  à la visiorencontre du MPCT du 3 mars 2021

 Notre amie Mahnaz Shirali, sociologue et politiste, enseignante à Sciences Po est une universitaire de renom spécialiste de l’Iran.

Elle a publié  “La jeunesse iranienne : une génération en crise” et “La malédiction du religieux, la défaite de la pensée démocratique en Iran”.

Son nouvel ouvrage “Fenêtre sur l’Iran- Le cri d’un peuple bâillonné” sort en avril.

Introduction

Proche de Bernice Dubois et de son réseau féministe et laïque depuis 2008, Mahnaz remercie le MPCT dont elle apprécie l’engagement et la réactivité pour défendre les droits humains bafoués par la République Islamique d’Iran.

Contrairement à ses habitudes, Mahnaz ne souhaite pas présenter ses analyses mais ses OBSERVATIONS de la société iranienne à travers les réseaux sociaux, en nous exposant des faits, à partir desquels nous pourrons appréhender l’état de cette société et faire nos propres analyses.

Ces observations sont la matière de son nouveau livre  “Fenêtre sur l’Iran” sous-titré “Le cri d’un peuple bâillonné.”

A partir des réseaux sociaux elle a pu tisser des liens avec des réseaux citoyens qui lui envoient régulièrement des informations.

EDUCATION

Pour illustrer son propos, Mahnaz décrit la coute vidéo qu’elle vient de recevoir.

 Il s’agit d’un dessin animé destiné aux enfants de 5 à 10 ans.

Le personnage principal est un bourreau. Il explique, sous les applaudissements des habitants, que demain il va exécuter un homme “parce qu’il est  méchant.”

Les habitants se réunissent pour la fête de l’exécution. A la fin du dessin animé le glaive se lève,  coupe la tête du méchant et les gens sont contents.

Ainsi, tout  petits, les enfants sont  préparés à voir ce genre de violence et à l’exercer.

Dans les livres pour enfants publiés récemment, illustrés avec grand talent, on voit des chats  qui pendent des souris ou des lions pendus, parce qu’ils avaient fait du mal aux autres animaux.  

Pendaison et décapitation sont des thèmes quotidiens dans les livres, les bandes dessinées et les dessins animés destinés aux enfants que la société régie par le pouvoir islamiste est en train de conditionner pour leur apprendre à tuer.

Mariages d’enfants

La télévision, les médias de la République Islamique font l’apologie du mariage des enfants.

Selon la loi islamique, la charia, les filles peuvent se marier à partir de 13 ans.

Mais une enfant de 8 ans peut être mariée par dérogation si son père l’autorise ! La mère, elle, n’a aucune voix au chapitre, la charia ne lui reconnaissant aucune autorité.  Elle est réduite au rôle de nourricière. En l’absence de père c’est au  premier parent masculin que revient l’autorité. A défaut c’est au religieux de la localité qu’elle échoit.

Violence domestique

Plus la situation économique de la société s’aggrave, plus ses membres les plus fragiles souffrent.

Les meurtres de femmes et d’enfants n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. 

Infanticides : c’est surtout les filles qui sot sacrifiées.

En mai dernier l’assassinat de Romina, 13 ans, décapitée par son père parce qu’elle voulait épouser un homme plus âgé a provoqué une grande indignation sur les réseaux sociaux.

En revanche lorsqu’une femme est assassinée par son mari, il n’y a pas d’indignation car “elle avait peut-être fait quelque chose de mal.” Absence de solidarité, même entre femmes.

Violence dans l’espace public

Illustrée par d’innombrables vidéos : filmer et poster est devenu un sport national

Ce sont les femmes qui en sont la cible à 80 %.

Sur les images on voit des foules d’hommes  qui en sont témoins et ne disent rien.

Comparaison avec la situation des femmes dans d’autres pays

Lorsqu’on observe qu’en Europe aussi les femmes sont victimes de violences, Mahnaz souligne une différence fondamentale : en Iran et dans les pays islamiques, la LOI est contre les femmes, la violence contre les femmes est institutionnalisée. La vie d’une femme vaut une demie vie d’homme.

En Europe, même si la situation est très imparfaite, la loi interdit cette violence.

Débat

Parmi les questions et remarques très riches auxquelles Mahnaz a répondu avant de devoir quitter la réunion :

 1) Quel es t l’état de la Résistance iranienne ?

Mahnaz est beaucoup moins optimiste qu’en novembre 2018 quand elle avait animé une conférence du MPCT, “L’inlassable résistance des femmes iraniennes”.

Depuis, une répression féroce s’est abattue sur la population. En novembre 2019, 1500 personnes ont été tuées en 3 jours 

La petite opposition n’est pas de taille face à un régime sanguinaire !

2) Comment est perçue la volonté de Biden de retourner à l’accord nucléaire ?

 Les Iraniens sont très inquiets :

 “Il va faire les mêmes bêtises qu’Obama. “

Les sanctions de Trump avaient complètement asséché le régime. Si elles ont indéniablement fait souffrir la population, c’est surtout les mercenaires du régime à l’extérieur, fauteurs de guerre et de terrorisme qui en avaient pâti et cela était le principal. Donc les Iraniens espéraient la réélection de Trump. Mahnaz pense néanmoins que Biden ne pourra pas se comporter comme Obama.

3) La question de la  solidarité entre femmes

Il est vrai que les femmes sont un peu les complices  inconscientes  de la violence qui s’exerce contre elles mais elles sont  victimes de la loi, de la culture et de leurs proches.

La force du pouvoir politique est extrême quand il destine dès l’enfance la fille à procréer et le garçon à devenir un tueur.

 MAHNAZ  SHIRALI  INVITE  A SIGNER  SUR  GOOGLE  FORMS  CETTE LETTRE  OUVERTE  AU  PRESIDENT  DE  LA  REPUBLIQUE :

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScqtVzbpY2ZpUHSgWAjQu6yLIbGeCRdiXrPrb5YE1bh5Ly3hg/viewform?vc=0&c=0&w=1&flr=0&usp=mail_form_link

[Crédit Photo : Les expertes ]

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