Jeudi 19 mars Farkhunda, jeune Afghane de 27 ans accusée d’avoir brûlé le Coran, a été battue à mort, littéralement suppliciée pendant deux heures. Cela ne s’est pas produit dans quelque province reculée mais en plein centre de Kaboul, près du palais présidentiel et aux abords d’une mosquée. Une foule essentiellement masculine s’est acharnée sur la malheureuse avant de brûler son corps. Il ne s’est trouvé personne, ni policier ni civil, pour la sauver mais il s’est trouvé beaucoup de gens pour filmer son martyre. Il s’est aussi trouvé des gens, en nombre, pour justifier ce crime sur les réseaux sociaux. Les talibans, eux, ont eu le cynisme de condamner « fermement » ce crime, directement inspiré de leur idéologie islamiste et de leur pratique terroriste. Si les autorités ont esquissé un mea culpa et procédé à des arrestations, y compris de policiers, que dire de cette déclaration du Ministre de l’Intérieur ? {« Il est très douloureux que nous n’ayons pas pu protéger une jeune femme pieuse. »}Si elle avait été moins pieuse, sa mise à mort serait-elle moins condamnable ? Il a ajouté : {« Nous espérons que cela ne se reproduira plus » }Espérer ne suffira pas ! Une femme rapporte avoir été menacée en ces termes par un homme dans la rue : {“Tu t’habilles autrement ou on te brûle comme Farkhunda.” }Contrairement à la coutume, ce sont des femmes qui ont porté le cercueil de Farkhunda. Un mouvement se dessine. Ce mardi 24 mars, des milliers de personnes, des femmes pour la plupart, ont manifesté à Kaboul pour exiger Justice pour Farkhunda. {{# Justice for Farkhunda}}HCM[Photo Paris Match]