Plus de 850 assassinats attribués à l’ETA auront été commis en 50 ans de terrorisme par l’organisation ETA qui a annoncé en octobre dernier l’arrêt définitif de son activité armée, 4 jours après la tenue à Saint-Sébastien d’une conférence présidée par Kofi Annan. La dernière victime de l’ETA serait donc française, le brigadier-chef Jean-Serge Nérin tué il y a bientôt 2 ans dans l’exercice de ses fonctions.Nombre d’observateurs locaux et de responsables politiques divers se montrent assez optimistes pour la suite des événements bien que l’organisation terroriste n’ait pas annoncé de désarmement ni de dissolution dans l’immédiat. Le problème du devenir des quelque 700 prisonniers est omniprésent et très mobilisateur au-delà même du monde nationaliste, en Espagne et en France. Les associations proches des victimes sont plus réservées : pour les prisonniers de l’ETA, elles demandent que leur soit appliqué le même régime qu’à tous les prisonniers, qu’ils puissent bénéficier des mêmes aménagements de peine prévus par la loi mais pas plus, que le traitement soit individualisé et non collectif. Une vingtaine de prisonniers a déjà entrepris une démarche de réinsertion consécutive à une rupture totale avec le monde radical de l’ETA et ses satellites. La démarche implique la reconnaissance du préjudice causé, accompagnée parfois d’une renconte avec des parents proches de victimes. Certains ayant déjà accompli une partie de leur peine ont pu bénéficier de sorties permettant de travailler le jour et de rentrer le soir en prison, également de voir leur famille en fin de semaine.De nombreux autres prisonniers font le pari d’une hypothétique mesure globale de clémence qui accompagnerait le processus d’arrêt de la violence engagé par l’ETA ; ils restent dans la discipline de l’organisation et espèrent arriver au même résultat sans avoir à reconnaître le préjudice causé à des victimes innocentes. Comme l’a écrit le philosophe Fernando Savater aujourd’hui dans les colonnes du quotidien espagnol El PAIS, « nous voulons que les prisonniers soient bien, mais qu’ils soient bien prisonniers ». Et d’ajouter qu’il ne faut pas primer la fidélité à l’ETA. La justice est à ce prix et c’est bien ce que réclament les associations de victimes et les militants pour la liberté et contre le terrorisme : rien que la justice, mais toute la justice. Serge LoncaCorrespondant du MPCT à Hendaye