Est-ce une coïncidence ? En plein cinquantenaire de l’indépendance algérienne, deux femmes qui furent, enfants, victimes de l’attentat du Milk Bar d’Alger, commis il y a plus de 55 ans, témoignent par la peinture et l’écriture. {{ -“SURVIVRE”, OEUVRES PICTURALES DE NICOLE GUIRAUD}} (1) “Se souvenir pour espérer” : le Maire de Perpignan, Jean Marc Pujol qui parraine l’exposition de Nicole Guiraud résume ainsi la démarche. Nicole Guiraud artiste engagée explique : “Survivre” démarre un cycled’expositions sur le thème de l’exil, mais mon travail tourne surtout autour de la violence de la guerre et du terrorisme, vu par un enfant”. Et cela donne entre autres deux oeuvres consacrées à l’attentat du Milk Bar. Décor coloré du glacier, ce lieu de réjouissance enfantine, et contraste implacable, l’enfance amputée et vidée de son sang. Et puis Zorah Drif, la tranquille et avenante poseuse de bombe. Victime á l’âge de 10 ans de l’attentat du Milk Bar le 30 septembre 1956, Nicole Guiraud est une femme courageuse qui milite pour la dénonciation de tous les crimes terroristes. Son combat principal, elle le mène pour la reconnaissance de la douleur des victimes.Une douleur ravivée pour elle par l’exclusion, lorsque par exemple le film “Les porteuses de feu”, diffusé sur France 3, a dressé un portrait élogieux des poseuses de bombes du FLN, dont Zohra Drif, sans même donner la parole à leurs victimes. “Survivre” est une belle rencontre avec une artiste sensible et vraie qui nous livre pudiquement une oeuvre grave pour dire l’indicible. A ne pas manquer. -{{ “LETTRE A ZOHRA D.” DE DANIELLE MICHEL-CHICH}} (2) Bruno Frappat consacre un article à ce petit livre dont il écrit ” C’est un coup l’estomac. Une révélation d’humanité.” . (3)Danielle n’avait que 5 ans lorsqu’elle perdit au Milk Bar sa grand-mère et sa jambe.Après des décennies de silence, elle écrit cette longue lettre à l’icône du FLN croisée sur sa route. Sans sans haine et en refusant toute instrumentalisation, elle dit la mémoire enfouie. Animée toute sa vie d’une salutaire et extraordinaire énergie, elle dit à présent seulement la souffrance de sa famille et aussi sa propre frustration. -Nicole et Danielle, ces deux petites filles du Milk Bar, ne firent pas la rentrée des classes 56. Mais elles sont devenues des femmes libres, indépendantes et brillantes. Il n’y avait pas de place pour leur histoire dans la grande Histoire officielle en train de s’écrire à coup de mythes. Par l’art et l’écriture elles ont refusé l’assignation au statut de victime oubliée. Avec force.Marlène Jason(1) Jusqu’au 31 mars 2012, Centre de Documentation des Français d’Algérie, Couvent Sainte Claire, Perpignan (2) Lettre à Zohra D. de Danielle Michel-Chich Éditions Flammarion (3) [http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/La-petite-Dany-du-Milk-Bar-_NG_-2012-02-08-766546->http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/La-petite-Dany-du-Milk-Bar-_NG_-2012-02-08-766546]