{{Lundi 7 novembre au Palais de Justice de Paris }} Question gestion du temps, j’aurais pu mieux faire : deux heures d’attente et une demi-heure dans la salle d’audience. {{Dehors}} Dans la queue, le Comité de soutien à Carlos, hébergé au Théâtre de Dieudonné, est très présent. Il avait appelé à manifester devant le Palais de Justice dès 8 heures pour défendre “le commandant Carlos, héroïque combattant de la cause palestinienne” enlevé au Soudan, ce qui indigne le comité, très à cheval sur la légalité. Un homme harangue ses voisins pour prôner en vrac le Coran, le Djihad -la guerre commune contre les pervers” explique-t-il -, le soutien à Bachar El Assad ignoblement accusé de crimes totalement IMAGINAIRES et la destruction d’Israël qui affame les enfants de Gaza ( au point que “leurs parents n’ont pas même un grain de riz à leur mettre dans la bouche”). Le corollaire de sa logorrhée est l’habituelle tirade sur les actes de résistance que d’ignobles collaborateurs qualifient de terrorisme. Il affirme que Carlos revendique les attentats pour lesquels il est jugé. Il se trompe là aussi : Carlos a opté pour l’astucieuse négation des attentats de 1982 et 1983. Le public ne rentre qu’au compte-goutte, au fur et à mesure que des places se libèrent. Ça tombe bien Dieudonné s’en va : je rentre enfin, il est 11 h 45. {{Dedans}} Carlos a la parole. Derrière la vitre en plexiglas il cause il cause, s’exprimant en français.Début prometteur : il éprouve {“beaucoup de compassion pour les victimes d’attentats, des gens qui n’ont commis aucun crime, des innocents”.} Carlos, un repenti ?Il poursuit sur la déportation des Juifs pour arriver au vif du sujet : les survivants ont été “exploités par l’état raciste sioniste d’Israël”. Applaudissements : son comité de soutien est très présent dans la salle aussi. Le Président demande le calme. Carlos continue en dénonçant l’irrecevabilité des associations qui se sont constituées parties civiles : la FENVAC et le Collectif des Familles du DC10 d’UTA, tout comme était illégitime à ses yeux la présence de SOS Attentats à son procès de 1997.{“Les militants sionistes présents dans la salle polluent le procès”} assène-t-il. Il semble viser particulièrement l’avocat Francis Szpiner en parlant de “charognards sionistes”. Son avocate-épouse et son avocat non-époux plaideront l’irrecevabilité des deux associations.L’un des avocats dénonce “l’associationite, maladie grave de ce procès”. Ils leur reprochent, d’une part de n’avoir pas subi de préjudice dans les attentats jugés, d’autre part, d’avoir été créées après les faits, respectivement en 1997 et 2003.Suspension de séance. Fin de ma demi-heure au procès Carlos.{{ La suite est connue}}la Cour d’Assises spécialement composée a tranché en faveur des arguments de la défense en déclarant irrecevable la constitution de partie civile d’une association, la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs). Elle reçoit cependant celle de l’association des familles du DC10 d’UTA.Voilà Carlos et ses amis débarrassés de la sans doute présumée sioniste pour cause de judaïté Françoise Rudetzki. Ils ont dû apprendre de Dieudonné tout l’avantage qu’il y a à susbstituer le mot “sioniste” à celui de “juif”.Très digne, Françoise Rudetzki, victime directe du terrorisme et figure emblématique du combat pour la défense des victimes, quitte donc la tribune des parties civiles. Elle assistera désormais au procès dans le public.Carlos qui a reçu le soutien résolu d’Hugo Chavez (on a les gloires nationales qu’on peut) déclare encore :{ ” Les victimes d’attentats sont des innocents qui se trouvaient là au mauvais moment. Mais, au paradis, ils ne souffrent plus. Et, parfois, ces victimes sont instrumentalisées par des États racistes comme Israël pour justifier de nouveaux crimes”.} Nouveau franc succès auprès de son comité de soutien. Tout ceci se passe au Palais de Justice de Paris.Question : S’agit-il des derniers soubresauts folkloriques autour d’un has been du terrorisme ? Ou de secousses annonciatrices d’un nouvel Ordre Nouveau ?Huguette Chomski Magnis