{{Le fonctionnement des discours sur l’Afghanistan}} Ce qui ne me paraît peut-être pas assez explicite dans l’article {“Afghans} {expulsés, sûrs de ne rien avoir oublié ?”} c’est le fonctionnement des discours sur l’Afghanistan. En réalité ils procèdent du même mécanisme : la séparation entre victimes et bourreaux et l’attribution d’un de ces qualificatifs à une catégorie de population. Soit les Afghans sont tous des terroristes en puissance menaçant par leur existence le modèle parfait de l’Occident, soit les Afghans sont les victimes du monde occidental qui veut imposer son ordre idéologique et économique. Cette pensée simplificatrice et volontairement ignorante des réalités géographiques, humaines, culturelles, politiques et surtout cette approche globalisante dans les deux cas, qui refuse de considérer des individus, constitue le terreau idéal de prolifération du terrorisme qui devient l’expression désespérée d’un peuple diabolisé et victime par définition. Cela aggrave le cercle vicieux puisque cette violence provoque une répression, suspecte par principe puisqu’elle prend la forme de la guerre traditionnelle contre un ennemi fantôme. Guerre doublement impopulaire puisqu’elle aboutit nécessairement à une défaite – l’ennemi semblant inassignable et pourtant très meurtrier – et donc qu’elle mécontente les partisans de la méthode forte ; et bien sûr, pour ceux qui voient dans le terrorisme l’expression du désespoir, elle semble former la preuve de la disproportion des forces et de la brutalité d’un Occident conquérant et colonisateur par principe. {{Si l’on n’essaie pas de penser autrement, le terrorisme a de beaux jours devant lui et chacun de ses massacres lui permet de gagner du terrain politiquement en décourageant les forces militaires des alliés et en apparaissant comme la preuve d’un désespoir de plus en plus effroyable et d’une révolte de plus en plus compréhensible.}} {{Le MPCT peut proposer une nouvelle approche qui pourrait constituer une autre grille d’interprétation des choses que celles critiquées ci-dessus, en isolant le terrorisme de ses différentes justifications idéologiques et en révélant sa véritable nature, totalitaire puisqu’elle confisque la parole au propre comme au figuré. }}Lise Haddad Philosophe Membre du CA du MPCT