Il est réconfortant de trouver une femme qui parle aussi vrai que Taslima Nasreen, en dépit de l’épée suspendue au-dessus de sa tête. L’entretien publié par le journal l’Humanité (1) le souligne d’autant plus que ses réponses claires et nettes tranchent avec les questions prudemment aseptisées qui lui sont posées. Interrogée sur son combat contre le fondamentalisme qui « ne s’arrête pas à l’islamisme » mais dénonce « également les intégrismes chrétien, juif, hindou. », Taslima Nasreen met les points sur les i de son combat féministe et laïque : {« Lorsque je critique les fondamentalismes, mais aussi les religions en tant que telles, qu’il s’agisse de l’hindouisme, du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, parce qu’elles oppressent les femmes, personne ne me menace de mort. Mais lorsque je parle de l’islam, alors les fondamentalistes musulmans profèrent des fatwas demandant mon exécution, ma pendaison. »}Quand on lui pose la question rituelle sur la « prétendue guerre contre le terrorisme conduite ces dernières années par les États-Unis » qui aurait « renforcé les fondamentalistes musulmans en leur offrant des arguments », elle rappelle que {« Les fondamentalistes ne sont jamais à court d’arguments. Lorsque l’URSS existait, leur croisade était dirigée contre les communistes, accusés d’être les ennemis de la religion . »}Et de préciser :{« La guerre américaine relève d’un autre débat. On peut la contester, s’y opposer. Mais l’activisme des fondamentalistes serait une réalité même sans les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Ils n’ont pas attendu ces guerres pour combattre les droits des femmes, les frapper, les torturer, les flageller, les lapider à mort au nom de l’islam. »}{{Elle insiste sur le rôle primordial de l’éducation.}}{« Que l’on négocie avec les talibans ou qu’on les traque revient au même, si ce système reste en place. Il faut saisir le problème à la racine… Lorsque vous envoyez des jeunes garçons dès l’âge de deux ans dans des madrasa où ils apprennent le maniement des armes, avec pour seul horizon éducatif la récitation du Coran, les prêches exhortant à l’instauration d’un État islamique ou au meurtre des femmes et des non-musulmans, il n’est pas étonnant qu’ils deviennent des extrémistes…Il faut cesser d’abandonner l’éducation des enfants à des imams radicaux qui les endoctrinent. Les États doivent assumer leur mission, en créant des écoles où les enfants entendent parler d’égalité, de démocratie, de liberté d’expression. Si personne ne leur transmet ces valeurs, comment pourraient-ils un jour s’en réclamer ? L’éducation laïque est la seule arme efficace contre les fondamentalismes ».}V.W.(1) Article paru le 9 avril 2009