L’annonce par les Talibans pakistanais (Tehrik Taliban Pakistan, TTP) de la décapitation de l’otage polonais Piotr Stanczak devrait susciter l’indignation générale !Ce jeune ingénieur avait été enlevé le 28 septembre dernier alors qu’il visitait un chantier dans la région d’Islamabad. Son chauffeur, son interprète et son garde du corps avaient été abattus sur le champ. Les talibans ont diffusé la vidéo barbare de la décapitation, vidéo hélas authentifiée par les autorités polonaises. Il s’agit du premier assassinat d’un occidental enlevé au Pakistan depuis celui de Daniel Pearl il y a sept ans. Il se produit dans un climat où attentats et enlèvements se multiplient.La violence des talibans a largement débordé des zones frontalières avec l’Afghanistan. Cible favorite : les écoles de filles. Décrétées interdites depuis le 15 janvier, elles sont brûlées ou bombardées si elles ne ferment pas.Il faut le dire avec force : les talibans sont les seuls coupables de l’enlèvement et de l’assassinat du malheureux otage, de son calvaire et de la douleur de sa famille.On ne peut accepter d’imputer la moindre parcelle de responsabilité dans la mort de la victime au gouvernement polonais pour n’avoir pas versé de rançon ou au gouvernement pakistanais pour n’avoir pas élargi les talibans prisonniers dont les ravisseurs exigeaient la libération. Au contraire d’un prisonnier, qui mérite jugement équitable et s’il est condamné, des conditions de détention humaines, un otage est toujours un innocent qui doit être libéré sans conditions.La confusion s’insinue pourtant dangereusement qui seule peut expliquer le peu, voire l’absence, de réaction à une telle nouvelle.Une confusion qui s’illustre jusque dans la sémantique utiisée par des organes d’information. Que des dépêches de presse qualifient les meurtriers talibans de« militants » en est un signe. Qu’elles annoncent, non l’assassinat de l’otage mais son « exécution », en est un autre. Une exécution est présumée légale, même si l’on rejette la peine de mort.Parler de l’exécution d’un otage, c’est conférer une insupportable légalité à son assassinat. Huguette Chomski Magnis