Après le tumulte de la visite de Kadhafi à Paris, on lira avec profit ce document de SOS attentats (1) qui prend du recul et traite le sujet au fond, avec dignité, du point de vue du droit des victimes et de la défense des droits humains en général. Il dénonçe “l’indignation sélective”, la compréhension dont des “bien-pensants” font preuve vis-à-vis du terrorisme et questionne la politique d’accommodement menée au nom du réalisme. Indemnisation élément de la justice ou indemnisation contre la justice ? Telle est la question que l’on peut se poser à propos du versement par la Libye d’un million de dollars en 2004 “en contrepartie d’un renoncement à toute nouvelle action judiciaire”. On saisit l’importance de la question de l’exécution des mandats d’arrêt internationaux. Dans onze ans ils auront expiré. Or c’est à ce jour la seule décision de justice sur laquelle les victimes puissent s’appuyer.Pour le reste SOS attentats souligne l’insupportable paradoxe -d’une justice internationale qui exclut le terrorisme du champ de compétence de la Cour Pénale Internationale-d’une Cour Européenne des Droits de l’Homme qui refuse d’examiner sa plainte au prétexte que les victimes ont été indemnisées.-d’une justice française qui a refusé en 2001 de recevoir la plainte contre Kadhafi déposée par SOS Attentats. {” Les victimes en Algérie, à Karachi, au Maroc, à Djerba, à Bali, aux États-Unis, en Israël, au Liban, en Turquie, en Inde, en Irlande, en Amérique du Sud, en Russie, en Afghanistan, à Djibouti, en Espagne, de nombreux Français victimes en France ou à l’étranger et bien d’autres sont oubliés par la justice”.} Nous ne considérons pas, nous, que la justice puisse constituer le seul rempart contre le terrorisme. C’est dans la mobilisation d’une société civile qui se solidarisera avec les victimes d’attentats que nous fondons nos espoirs. La visite de Kadhafi a montré à quel point on en est loin ! Refuser toute instrumentalisation politicienne est une condition absolue de ce combat. SOS attentats rappelle à juste titre que, bien avant Nicolas Sarkozy, Roland Dumas invitait dès 1990 les victimes “à tourner la page”. Et après Sarkozy, c’est Zapatero qui a reçu Kadhafi, soulevant moins de protestations. Il reste que la France aura été le premier pays d’Europe à recevoir officiellement ce toujours défenseur de “l’arme des faibles”. Laquelle aura frappé entre-temps beaucoup de nouveaux civils de par le monde. Des forts sans aucun doute. Huguette Chomski Magnis (1) http://www.sos-attentats.org