Après une longue détention qui tenait plutôt de la prise d’otages, six soignants sont enfin libres. Le grotesque de l’accusation le disputait au tragique de la menace de mort qui pesait sur eux. Pour avoir une idée du calvaire qu’ils ont enduré, on lira ci-dessous le témoignage du médecin.Chacun se réjouit donc pour ces personnes et leurs familles. Pour le reste on s’interrogera sur la précipitation d’accords conclus dans la foulée entre la France et la Libye, sur la caution apparemment apportée à un régime qui n’a pas soldé ses dettes morales. Comme le rappelle SOS Attentats, les familles des victimes de l’attentat contre le DC 10 d’UTA attendent toujours que justice soit rendue. Elles attendent plus précisément que les six auteurs libyens de cet attentat purgent la peine à laquelle la justice française les a condamnés. Nul doute que la cérémonie que SOS attentats organise chaque 19 septembre, date anniversaire de l’attentat du DC 10 qui fit 170 morts en 1989, prendra cette année un relief tout particulier. Le Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme y apportera tout son soutien. ___________________________________________________________« Nous avons été traités comme des animaux ». C’est ce qu’a affirmé, jeudi, le médecin bulgare d’origine palestinienne Achraf Joumaa Hajouj, libéré mardi avec cinq infirmières bulgares après huit ans passés dans les prisons libyennes.Trois jours après l’arrivée des praticiens en Bulgarie, pays dont il a acquis la nationalité récemment, le médecin a pour la première fois révélé des détails des tortures subies lors des interrogatoires de police en 1999, après une conférence la veille.« Nous avons été longuement torturés, avec des électrochocs, battus, privés de sommeil, drogués. Pendant dix mois, ma famille ne savait pas si j’étais vivant ou mort », a-t-il raconté à Sofia à des journalistes. « On nous gardait dans un centre de dressage pour chiens, chacun de nous en cellule séparée », a-t-il ajouté.Les tortures et mauvais traitements visaient à faire avouer aux praticiens qu’ils avaient inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants de l’hôpital qui les employait à Benghazi, dans le nord de la Libye.Pendant un an, le médecin a dû dormir à genoux, les bras menottés dans son dos. Et si sa tête retombait, il recevait un coup de pied au visage. « J’ai écrit sur le mur de ma cellule : “L’espoir demeure jusqu’au bout. Je serai un os dans votre gorge jusqu’à la fin de ma vie” », a-t-il raconté.En guise de signature, ses empreintes digitales ont été apposées de force sur une feuille blanche alors qu’il avait les mains menottées.« Dès le début, nous étions des boucs émissaires pour quelque chose que nous ignorions », a-t-il souligné. Insistant sur leur innocence, il a rappelé les témoignages d’experts internationaux, dont le co-découvreur du virus du sida Luc Montagnier, qui ont témoigné en leur faveur.Ils ont affirmé que l’épidémie de sida dans l’hôpital était due à une mauvaise hygiène dans l’établissement, « où tout était sale et inorganisé », a-t-il conclu. (Reuters)