«Nous avons été traités comme des animaux». C’est ce qu’a affirmé, jeudi, le médecin bulgare d’origine palestinienne Achraf Joumaa Hajouj, libéré mardi avec cinq infirmières bulgares après huit ans passés dans les prisons libyennes.Trois jours après l’arrivée des praticiens en Bulgarie, pays dont il a acquis la nationalité récemment, le médecin a pour la première fois révélé des détails des tortures subies lors des interrogatoires de police en 1999, après une conférence la veille.«Nous avons été longuement torturés, avec des électrochocs, battus, privés de sommeil, drogués. Pendant dix mois, ma famille ne savait pas si j’étais vivant ou mort», a-t-il raconté à Sofia à des journalistes.«On nous gardait dans un centre de dressage pour chiens, chacun de nous en cellule séparée», a-t-il ajouté.Les tortures et mauvais traitements visaient à faire avouer aux praticiens qu’ils avaient inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants de l’hôpital qui les employait à Benghazi, dans le nord de la Libye.Pendant un an, le médecin a dû dormir à genoux, les bras menottés dans son dos. Et si sa tête retombait, il recevait un coup de pied au visage. «J’ai écrit sur le mur de ma cellule: “L’espoir demeure jusqu’au bout. Je serai un os dans votre gorge jusqu’à la fin de ma vie”», a-t-il raconté.En guise de signature, ses empreintes digitales ont été apposées de force sur une feuille blanche alors qu’il avait les mains menottées.«Dès le début, nous étions des boucs émissaires pour quelque chose que nous ignorions», a-t-il souligné.Insistant sur leur innocence, il a rappelé les témoignages d’experts internationaux, dont le co-découvreur du virus du sida Luc Montagnier, qui ont témoigné en leur faveur. Ils ont affirmé que l’épidémie de sida dans l’hôpital était due à une mauvaise hygiène dans l’établissement, «où tout était sale et inorganisé», a-t-il conclu. Reuters ¦ Le médecin bulgare d’origine palestinienne Achraf Joumaa Hajouj, réconforté par sa mère, le 26 juillet 2007. Il a été libéré mardi avec cinq infirmières bulgares après huit ans passés dans les prisons libyennes.