{{{Une réponse d’Huguette Chomski Magnis , Présidente du MPCT (Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme ) aux interrogations exprimées sur le site mpctasso.org au sujet de la visite à Paris du Hezbollah}}} Dans le sillage de la visite annoncée du Hezbollah, un dialogue s’est amorcé après notre communiqué du 8 juillet. De tous les doutes, espoirs, commentaires exprimés par nos amis internautes, le plus significatif est cette question posée sans détour : {{ “Existe-t-il d’autres solutions ?”}} Question légitime, question capitale.Entre logique de guerre et désir de paix, existe-t-il une voie qui ne passe pas par le compromis avec le Hezbollah ?En d’autres termes et plus généralement existe-t-il face au terrorisme une alternative, non militaire mais politique, à l’accommodement ? Si nous ne le pensions pas, nous aurions gardé le silence. C’est parce que nous le pensons que nous avons fondé le Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme. Cette autre voie porteuse d’espoir mais encore inexplorée est celle d’une mobilisation de l’opinion, française, européenne, internationale pour, partant de l’universalité des droits humains, condamner toute pratique terroriste. {{Oser dire ce que l’on sait}} Cela implique d’oser dire par exemple ce que nous savons du Hezbollah. Force est de constater que l’on cache au contraire les faits. On ne publie pas les sermons incendiaires de Nasrallah. On ne montre ni les photos des défilés des milices du Hezbolllah, bras levé à l’hitlérienne, ni celles des bambins embrigadés. On ne rappelle pas les assassinats de Français commis par ce même Hezbollah dans un passé encore douloureusement proche. On s’abstient de citer le contenu violemment antisémite des émissions d’Al Manar qui lui a pourtant valu d’être interdit de diffusion en France. On omet même le rôle, pourtant reconnu par l’ONU, du Hezbollah dans le déclenchement de la guerre de l’été dernier. Pour preuve ce titre du journal de 8h le 12 juillet sur France Inter “Un an après l’agression israélienne, le Liban peine à se relever.” Le Liban peine à se relever, Israël aussi d’ailleurs. Mais pas le Hezbollah et le voilà assez fort pour être convié à La Celle Saint Cloud ? La participation du Hezbollah, dont les valeureux combattants ont une fâcheuse propension à se “planquer” derrière les civils, a été jugée incontournable. {{ Quelle réaction ?}} Certes un rassemblement aura lieu ce dimanche à l’initiative de l’UEJF (Unions des étudiants juifs de France ), initiative à laquelle nous avons aussitôt apporté notre soutien.S’il faut la saluer, on ne peut que s’étonner de la faiblesse de la représentation citoyenne dans l’organisation de la riposte. Protester contre la venue du Hezbollah ne concerne-t-il que les seules familles des victimes du Hezbollah ? Ou les Juifs de France, présumés seuls sensibles à la question des soldats israéliens détenus au secret depuis un an ?Pourquoi l’appel de Human Rights Watch à la libération inconditionnelle de ces soldats n’est-il pas relayé par tous ceux qui se réclament des droits de l’homme ? Réagir à la venue du Hezbollah ne concerne-t-il pas l’ensemble du mouvement démocratique ? {{ Real politik}} Cette indifférence entretenue de l’opinion nourrit à son tour l’échafaudage de plans diplomatiques empreints de real politik : il faut “faire avec” le Hezbollah, comme le font les Libanais eux-mêmes. Nous ne les aidons pas à faire sans ! Certes la France est l’amie du Liban mais les amis ne sont pas toujours bons conseillers. Nous n’aidons pas plus les Libanais à faire sans le Hezbollah que nous ne les avons aidés à faire sans la Syrie. Ce n’est pas la France qui a brisé le tabou de l’occupation syrienne du Liban mais les Libanais eux-mêmes en engageant la “révolution du cèdre” et le mouvement du 14 mars. {{Quelle est la position française vis-à-vis du Hezbollah ?}} On reste perplexe devant les déclarations contradictoires de nos autorités politiques.L’examen attentif de ces déclarations successives conduit à ces interrogations : – Comment peut-on qualifier une organisation de terroriste mais ne pas souhaiter son inscription sur la liste européenne des organisations terroristes ? – Comment une organisation à laquelle on demande d e « renoncer à l’action terroriste » pourrait-elle ne pas être terroriste ? – Comment peut-on avoir pour objectif que le Hezbollah redevienne un « parti libanais qui joue le jeu de la démocratie parlementaire libanaise » qu’il n’ a jamais été ? {{Un choix grave}} Nous avons demandé, mais en vain, à M. le Président de la République et à M. le Ministre des Affaires étrangères et européennes de revoir la liste des invités de la Celle Saint-Cloud. En l’état le choix d’inclure Hezbollah et Amal nous semble grave à plusieurs titres : -Cela décrédibilise encore un peu plus l’ONU puisque preuve est faite qu’on peut rester un interlocuteur, invité par la France, tout en refusant de se plier aux conditions fixées par une résolution du Conseil de Sécurité.-Cela entérine une forme de déréglementation politique où droit international et droit humanitaire sont bafoués en toute impunité. -Cela envoie implicitement un message dangereux à toutes les organisations terroristes : le terrorisme paie. – Au niveau régional cela freine les Libanais qui voudraient se libérer de l’étreinte terrible du Hezbollah et cela conforte objectivement un ferment de guerre entre le Liban et Israël. On aurait à la rigueur pu admettre que la diplomatie française utilise l’invitation comme une “carotte” (“si vous libérez les deux soldats”, ou même “si vous laissez la Croix-Rouge leur rendre visite, alors …”) car tenter de sauver des vies peut justifier bien des compromis. Il n’en a rien été. Le Hezbollah a été invité sans avoir à répondre à la moindre exigence. Le trouble demeure. Et monte le sentiment d’une régression par rapport à tout ce que l’on a tenté de bâtir depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Une régression qu’il faudra stopper avant qu’il ne soit trop tard. {{Huguette Chomski Magnis © mpctasso.org}}