Déclaration du 13 janvier 2005Le 8 novembre 2004, aboutissement d’une campagne engagée le 11 septembre 2004, ce Manifeste était lancé par des responsables associatifs (1) et soutenu par des personnalités du monde de la culture, de l’humanitaire, de la politique, de la défense des droits de l’homme de tous horizons rassemblés pour dire leur condamnation inconditionnelle du terrorisme, des attentats suicides, des prises d’otages. Le bilan, deux mois plus tard, est d’environ 500 signataires. C’est à la fois peu et beaucoup. Ce Manifeste a-t-il perdu de son actualité et de sa pertinence ? Nous ne le pensons pas, même si le drame de l’Asie du Sud a un temps relativisé ce combat et mobilisé nos forces pour le secours d’urgence aux populations si horriblement frappées. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Beaucoup de questions sont restées en suspens après la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Outre les interrogations sur la face cachée de l’affaire, nous avons ressenti un malaise, associé au soulagement de voir Chesnot et Malbrunot bien vivants, devant le triomphalisme à la française, l’auto-congratulation sur la « petite musique libératrice » de la diplomatie française et de ses bienfaits protecteurs mettant nos concitoyens à l’abri, sinon de l’enlèvement du moins de l’assassinat. Nos otages à nous, à la différence donc des civils américains, italiens, britanniques ou népalais, étaient victimes d’une erreur parce qu’ « innocents » pour reprendre le mot d’un des ex-otages, la France n’ayant ni troupes ni entreprises présentes en Irak. Nous ne pouvons accepter une liberté surveillée, ni plier au diktat des baassistes et des islamistes coalisés. Nous ne pouvons nommer ces derniers « résistants » alors qu’ils font quotidiennement subir aux Irakiens des attentats suicides meurtriers qui visent à terroriser la population, à empêcher la tenue d’un scrutin démocratique et la reconstruction du pays. Aujourd’hui la journaliste Florence Aubenas et son interprète irakien ont à leur tour disparu. N’en déplaise à ceux qui ne veulent pas prononcer le mot « enlèvement », il faut agir pour leur libération. Mais comment faut-il agir? {{En exigeant leur libération inconditionnelle !}}La méthode de Reporter sans Frontières qui conduit son Secrétaire Général à participer à une réunion de solidarité avec la chaîne du Hezbollah Al Manar et à demander en même temps, en liant les deux démarches au nom de la liberté de la presse, la solidarité avec Florence Aubenas ne peut être la nôtre ! Elle est étrangère aux valeurs et aux principes qui sont les nôtres : universalité des droits de l’homme et condamnation du terrorisme. Pour nous la vie d’un Daniel Pearl avait la même valeur que celle d’un journaliste français. Et la vie d’un journaliste français a la même valeur que celle d’un travailleur népalais, d’une humanitaire irlandaise ou d’un employé irakien. {{Alors oui, au moment où le procès Beghal se poursuit discrètement, au moment où les attentats, les enlèvements et les assassinats meurtrissent l’Irak mais où un espoir de paix renaît timidement au Proche-Orient, au moment où les millions de réfugiés d’Asie comme d’Afrique ont besoin que toutes les énergies se rassemblent pour les secourir, il est nécessaire de réaffirmer le message de Camus ! Nécessaire de rappeler que les civils doivent être protégés quelle que soit leur nationalité. Nécessaire de dire qu’aucune cause ne justifie le recours à l’attentat suicide. Nécessaire de dire que Florence Aubenas et son interprète doivent être libérés, non en fonction de considérations diplomatico-politiques, mais tout simplement parce qu’ils sont des êtres humains.Nous appelons tous les citoyens épris de justice et attachés aux valeurs démocratiques à nous rejoindre autour de cet appel , et à le signer sur www.mpctasso.org}}